« L’idée c’est de valoriser les travaux réalisés par les personnes détenues et montrer le travail qui est fait », explique Sylvie Boichot, coordinatrice du service de prévention de la récidive en milieu carcéral à l’association Mlézi Maore. Cette structure résulte de la fusion des associations Toioussi et Tama. Tama qui intervient depuis 2003 à la maison d’arrêt. « Nous avions déjà organisé des expositions au sein de l’établissement, mais c’est la première fois qu’on le fait à l’extérieur. »
Les œuvres exposées peuvent être des tableaux, des réalisations en 3 dimensions ou des textes comme des poèmes. Ici, une représentation de Voulé à la plage. Là, une maquette de village. Les détenus expriment dans leurs réalisations des pensées parfois engagées, comme ces personnages qui pleurent en regardant brûler la forêt, ou d’autres appelant à protéger le lagon.
L’écriture comme psychothérapie
« L’écriture et l’art plastique sont des moyens pour les détenus de faire un travail sur eux-même, reprend la coordinatrice. Ils jouent avec les mots, la langue, les rimes. Ils retravaillent l’estime d’eux-même. C’est ainsi qu’on arrive parfois à prévenir la récidive. C’est important comme moyen de se reconstruire et de retrouver qui ils sont, et surtout ce qu’ils veulent devenir. »
Ces ateliers menés en détention sont d’ailleurs parfois suivis après la sortie. « J’ai revu en atelier des personnes après leur sortie de prison, c’est pour eux une aide importante, car ils prennent conscience de ce qu’ils ont fait, de ce qu’ils ont envie de faire, et surtout de ce qu’ils n’ont plus envie de faire. L’un d’eux me disait que l’atelier d’écriture était comme un psychologue. »
En tout, ce sont pas moins de 190 détenus qui participent aux différents ateliers de l’association Mlézi Maore, pour la plupart avec succès. « Certains vont par exemple s’inscrire en musique pour sortir de leur cellule, mais ça ne leur convient pas et ils arrêtent. Mais la plupart de ceux que je vois en arts plastiques restent jusqu’à ce qu’ils soient libérés. »
Parmi eux, deux détenus vont faire voyager leur travail jusqu’en métropole. Ils participeront au concours Passe-Muraille, qui met en lumière les bandes dessinées réalisées en milieu carcéral.
Yohann Deleu