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Journée Nationale de l’Archéologie : 40 ans de découvertes majeures à Mayotte

Les perles ornementales et les colliers retrouvés lors des fouilles
Les perles ornementales et les colliers retrouvés lors des fouilles

La 8ème édition des Journées Nationales de l’Archéologie (JNA) se déroulera du vendredi 16 au dimanche 18 juin 2017 à Mayotte. Pilotées par l’Inrap (L’Institut national de recherches archéologiques préventives) sous l’égide du ministère de la Culture et de la Communication, ces journées mobilisent l’ensemble de la communauté archéologique en France métropolitaine et outre-mer.

A Mayotte, les trois journées dédiées à l’archéologie se dérouleront les 15, 16 et 17 juin au MuMa (Musée de Mayotte – Conseil départemental) et à la Mairie d’Acoua.
Pour la 4ème année consécutive cet événement est coordonné localement par la Direction des Affaires Culturelles (DAC) de Mayotte. Le MuMa est un partenaire essentiel de ces Journées et contribue chaque année à leur succès. Cette année la Ville d’Acoua s’intègre dans la dynamique en proposant à la population une conférence et une exposition.

Les JNA sont un rendez-vous incontournable pour découvrir les différentes facettes de l’archéologie. Ces journées sensibilisent le public à la diversité du patrimoine archéologique et présentent les dernières avancées de la recherche.

Dans toute la France, les acteurs de l’archéologie s’associent pour faire découvrir au plus grand nombre les richesses et les coulisses de la discipline. Musées et sites archéologiques, laboratoires, centres d’archives, organismes de recherche, universités, associations, collectivités territoriales, offices de tourisme et bibliothèques organisent des activités originales et familiales qui contribuent au rayonnement de l’archéologie.

Compréhension de l’Histoire géopolitique de Mayotte

Le programme des 3 jours de JNA
Le programme des 3 jours de JNA

N’hésitez pas à « fouiller » vous aussi dans le programme (en photo ci-contre) pour sélectionner l’activité qui vous correspond. C’est un choix qu’il faudra faire samedi 17 juin à 10h puisqu’au même moment, se tiendront 2 conférences à des endroits opposés : à la Mairie d’Acoua, l’archéologue et anthropologue Marine Ferrandis* interviendra lors d’une conférence, sur les résultats des dernières fouilles réalisées à Mayotte sur les sites Antsiraka Boira à Acoua et M’tsanga Miangani à Kangani.

Et au MuMa, l’archéologue Mickaël Rakotozonia** interviendra lors d’une conférence, sur les enjeux de l’archéologie sur l’île : « Mayotte est un territoire en transition qui cherche à affirmer son identité et à préparer son avenir face aux nouveaux défis qu’engendre son entrée récente dans la mondialisation. Or, il est impossible de se projeter sereinement dans l’avenir sans comprendre son passé. L’archéologie apportera probablement des réponses à de nombreux questionnements et permettra une meilleure compréhension des rapports entre l’île et ses voisins ainsi que la place des Comores dans le système monde. »

Les squelettes étaient enterrés dans des cercueils en bois
Découvertes sur le syncrétisme religieux grâce aux fouilles à Antsiraka Boira

Pour mener à bien ses missions de contrôle scientifique et technique et veiller à l’application de la réglementation dans le domaine de l’archéologie, la DAC Mayotte bénéficie de l’intervention de la conservatrice régionale de l’archéologie de la DAC Océan Indien, dans le cadre d’une convention de mise à disposition des services de la DAC-OI auprès de la DAC Mayotte.

L’implantation dans la zone Océan Indien, en 2017, d’une antenne de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) contribue également à poser les bases d’une politique structurée de l’archéologie à Mayotte. En effet, l’Inrap est aujourd’hui, à Mayotte et à la Réunion, le seul opérateur habilité à conduire les opérations de diagnostic d’archéologie préventive. Cette politique doit se construire dans un dialogue régulier avec les collectivités, afin de contribuer au développement du territoire et à l’enrichissement des connaissances historiques.

Archéologies préventive et programmée

Vestige de l'usine sucrière d'Hajangua
Vestige de l’usine sucrière d’Hajangua

Il y a deux types de fouilles. Le service public de l’archéologie préventive se développe progressivement à Mayotte, dans un contexte d’importantes mutations urbaines. La première fouille préventive a été réalisée sur le projet de la station d’épuration STEP Centre, Carrefour de Chiconi à Ouangani. Cette opération tient largement à la volonté du SIEAM, l’aménageur, qui avait spontanément identifié comme patrimoniaux les vestiges de l’usine sucrière visibles dans le paysage. La fouille a été réalisée en juin 2014 par l’Inrap.

En 2016, un premier diagnostic archéologique a été prescrit à Mayotte, sur la mosquée de Tsingoni. Cette opération a été conduite par l’Inrap, sur trois semaines entre septembre et octobre 2016, avec pour objectif principal de caractériser l’évolution de la construction. Le rapport de cette opération sera prochainement examiné par la CTRA (commission territoriale de la recherche archéologique). Ces recherches ont abouti à une découverte archéologique majeure : alors que le bâtiment de la mosquée était jusqu’alors daté du début du 16e siècle, ces investigations ont permis de mesurer une occupation du site dès le 13e siècle, et de reconnaître les vestiges d’un édifice cultuel antérieur, construit au 14e siècle, plus petit et encerclé d’un habitat, de même que d’appréhender les agrandissements et embellissements de la mosquée au fil des siècles.

Martial Pauly, Toumbou Mohamadi, Florence Gendrier (DAC)
Discusions entre Martial Pauly, Toumbou Mohamadi (mairie d’Acoua) et Florence Gendrier (DAC)

Se pratique aussi l’archéologie programmée, une recherche fondamentale qui concourt à la connaissance du passé, à travers des travaux de terrain et la découverte d’un patrimoine matériel qui vient équilibrer le déjà riche patrimoine immatériel de Mayotte. Le potentiel de l’île est immense et en péril, notamment par l’érosion marine sur le littoral. Il est donc important de poursuivre les programmes en cours, en particulier sur les sites funéraires d’Acoua, Antsiraka Boira, de Kangani Miangani à Koungou, et de Bagamoyo à Dzaoudzi-Labattoir, sites qui renseignent sur l’origine anthropologique et culturelle des habitants de Mayotte, et qui ont livré les plus extraordinaires découvertes de ce siècle dans l’île : des parures funéraires qui apportent au patrimoine de Mayotte une reconnaissance internationale.

En effet, quarante ans de recherches à Mayotte ont permis de réunir des collections archéologiques importantes. La DAC a accompli un important travail de récolement, qui est venu s’inscrire dans le cadre du projet du MuMa (Musée de Mayotte).
En 2017, deux grandes expositions présentent pour la première fois en métropole des découvertes archéologiques de Mayotte, respectivement à l’Institut du monde arabe à Paris, et au Mucem à Marseille, dans le cadre de l’exposition « Trésors de l’islam en Afrique – De Tombouctou à Zanzibar ».

La bobine de fusaïole
Une bobine de fusaïole découverte dans une sépulture cette année

Les pièces prêtées sont :
• Des parures funéraires provenant de la nécropole d’Antsiraka Boira
• Une conque musicale traversière (tutufa bubo) provenant de la nécropole d’Antsiraka Boira
• Des perles de pagne.

*Après ses débuts en 2011 à La Réunion en tant que bénévole avec l’association Archéologies, puis avec l’INRAP, c’est à Mayotte que débarque Marie Ferrandis en 2013, date à laquelle fut découverte la nécropole médiévale d’Acoua. Elle travaillera notamment avec Martial Pauly sur les fouilles d’Antsiraka Boira à Acoua
Actuellement, elle œuvre à Kangani, sur le site M’Tsanga Miangani pour une campagne de 2 semaines, afin d’approfondir les découvertes sur le cimetière et peut-être des habitats…

** Spécialiste en art gréco-bouddhique du Gandhara, Michael Rakotozonia commença comme membre de la mission Bâmiyân (Afghanistan) à partir de 2003 et participa, en parallèle, à la plupart des travaux encadrés par la Délégation d’Archéologie Française en Afghanistan (DAFA), notamment sur l’antique ville de Bactres. Il soutient sa thèse en 2009 à l’université Marc Bloch de Strasbourg sur la période turcohephtalite (4e – 8e siècle de notre ère) en Asie Centrale et dans le Nord-Ouest de l’Inde.
Michael Rakotozonia a effectué deux campagnes de fouilles sur le site de Koungou, connu comme étant le plus ancien des Comores, et enseigne l’Archéologie au Centre Universitaire de Mayotte, dans le cadre du DU intitulé Société, Langue et Culture de Mayotte.

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