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Mamoudzou

«Rien ne se perd, tout se transforme», les balbutiements d’une nouvelle économie

Un appareil électroménager jeté 100 mètres plus bas
Un appareil électroménager récupéré lors d’une opération de nettoyage

C’est le président de la Chambre de commerce et d’Industrie, « la nouvelle CCI », aime-t-il d’ailleurs à préciser pour évoquer ce Phoenix, qui l’a cité en introduction de la matinale : « On ne fait que reprendre ce qu’avait avancé Lavoisier, ‘Rien ne se perd, rien ne se créée, tout se transforme’. »

Si le génial chimiste, qui finit guillotiné, parlait de la conservation de la masse lors d’une transformation chimique, il s’agit ici de reprendre les déchets et de leur donner une seconde vie. Nous ne sommes pas dans la réparation, mais bien dans la renaissance.

Un réfrigérateur est ainsi récupéré à 99% de ses composants à Paris, « seuls 1% est inutilisé », rapportait Alexia Hachet, représentante d’Eco-système à Mayotte, Eco-organisme à but non lucratif. Oui, mais c’est à Paris.

Ce qui pose un double problème : on ne créée pas de valeur ajoutée sur place, donc pas d’emplois, et on se heurte aux difficultés d’exportation, « de grosses difficultés même », témoigne-t-elle. Les bateaux chargés de nos déchets, les acheminent vers la métropole, en transitant par 11 ports successifs : « Or, certains sont de plus en plus réticents à accepter ce passage de produits dangereux. »

Un démantèlement à Mayotte

Mohamed Ali Hamid invite à faite du "lavoisier"
Mohamed Ali Hamid invite à faire du « Lavoisier »

Des exportations clandestines se font malgré tout vers Madagascar sur de l’électroménager récupérable, une vraie filière même, « ils le font passer comme produit d’occasion », explique le représentant d’Enzo Technique recyclage.

C’est d’ailleurs Enzo qui doit évacuer les encombrants à Mayotte. Ils s’accumulent donc sur son terrain, incitant les acteurs à trouver des solutions : « pourquoi pas une plate-forme de stockage ? », lance Chrystelle Turet, Ademe, « ou une usine locale de recyclage ? », interpelle le représentant de la société de BTP GTA, fatigué d’une avancée trop lente dans ce concept d’économie circulaire, « nous en sommes à la 3ème réunion ! » « Enzo a un deuxième terrain », répond Alexia Hachet qui préconise un stockage en attendant qu’une piste soit trouvée. »

Une discussion est en cours entre Ecosystème et Enzo, « pour mettre en œuvre un démantèlement sur place. »

« Un coup de chiffon, et c’est prêt ! »

Big réparations donne une deuxième vie à l'électroménager
Big réparations donne une deuxième vie à l’électroménager

Deux frères n’ont pas attendu la signature de conventions ou l’arrivée de subventions pour s’atteler au problème : Chouanybou et Raouffou Hazali ont créé Big Réparations* à Acoua, pour lequel ils ont été lauréats du concours Talents en 2012. Il recycle les appareil électroniques et informatiques : « Je récupère les encombrants sur le bord des routes, et je vois ce qui est récupérable, le moteur, les charbons. Avec 2 ou 3 machines, j’en fabrique une autre, qui peut encore durer jusqu’à 5 ans. Un coup de chiffon, et c’est prêt ! »

Le même problème va se poser pour ce qu’il ne peut récupérer. Déposées sur son aire de stockage, les pièces inutilisables sont en attente d’une deuxième vie ou d’une mort assurée. Mais où ? « Une convention va être signée avec Eco-systèmes », rassure Alexia Hachet.

Une deuxième vie pour les pneus

Déchets mélangés aux encombrants
Les encombrants la semaine dernière dans la commune de Mamoudzou

Il faudrait également réorienter la collecte, qui bénéficie d’un point par commune, indique Eco-système. Beaucoup de particuliers laissent encore leurs encombrants au bord des routes, peu les rapportent en magasin lors de l’achat d’un produit neuf comparable, « ce 1 pour 1 ne marche pas à Mayotte ». Ils peuvent aussi contacter directement Big réparations*.

Enfin, autre corde à l’arc de l’économie circulaire, le procédé de pyrolyse, qu’était venu présenter Olivier Lepez, directeur du bureau d’ingénierie ETIA : « Il s’agit de modifier la structure moléculaire des déchets par une conversion thermochimique. » Vu comme ça, et même après avoir été attentif à ses schémas et diapo, cela parle peu. Il faut dire qu’on attend impatiemment que la CCI se dote d’un écran plus valorisant que son mur saumon.

On est davantage captivé lorsqu’il évoque une application qui semble adaptée à Mayotte : la transformation de pneus. « En valorisant ce qui est solide pour en récupérer un autre solide, un liquide ou un gaz, en fonction de la chaleur employée, on peut obtenir du réutilisable. » De l’huile avec les pneus, ou de l’électricité avec le gaz récupéré.

Peu de participants à cette matinale de la CCI pour un secteur pourtant à fort potentiel, qui, et c’est le gros plus, a un impact positif sur l’environnement. Sans doute parce qu’ils attendent de le voir éclore…

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

* 0639 04 06 27

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