L’avocat et ex-bâtonnier Emmanuel Pertusa ne sera pas poursuivi. C’est la décision du juge d’instruction au terme de deux ans d’enquête pour agression sexuelle aggravée dont il était accusé.
L’affaire commence début 2010 : un ressortissant de l’Union des Comores d’une quarantaine d’années, client de l’avocat, l’accuse de lui imposer des faveurs sexuelles en échange de ses services. Il se plaint dans un courrier adressé à l’alors bâtonnier de l’ordre des avocats de Mayotte, Thani Mohamed, puis se rétracte dans un second écrit qu’il indiquera ensuite avoir rédigé sous la contrainte, « et annoté par son avocat » indique Me Emilie Briard, avocate mahoraise d’Emmanuel Pertusa.
Début 2011, alors que Me Pertusa vient d’être nommé bâtonnier à son tour, une plainte est déposée pour agression sexuelle aggravée, puisque par personne ayant autorité. Il est mis en examen en juillet 2011 à La Réunion, l’affaire ayant été dépaysée et confiée au procureur de la République Richard Bometon.
Le plaignant bénéficie, au titre de l’aide juridictionnelle, d’avocats commis d’office à Mayotte et à La Réunion, et d’un voyage vers La Réunion pour une confrontation. Mais un an après, et face à un avocat qui a toujours nié les faits, « le plaignant ne se souvenait plus des raisons qui l’avaient poussé à déposer plainte » rapporte Me Emilie Briard.
De plus, « les expertises graphologiques dédouanent Emmanuel Pertusa. C’était parole contre parole » résume Emilie Briard.
Le juge d’instruction réunionnais Niel a statué le 8 novembre 2013 sur réquisition du parquet, en rendant une ordonnance de non-lieu, c’est-à-dire qu’il n’y a pas lieu de donner suite par une action en justice. Le délai d’appel expirait ce jeudi 18 novembre.
Emmanuel Pertusa envisage, sans certitude, de poursuivre son accusateur pour dénonciation calomnieuse. « Ces faits ont brisé sa carrière, il est psychologiquement anéanti et son cabinet est victime d’une perte de crédibilité », conclut l’avocate.
Anne Perzo-Lafond