Les opérations Facebook ne sont visiblement pas encore entrées dans les mœurs mahoraises. L’appel «sacs à dos vides» lancé sur le réseau social pour un rassemblement Place de la République n’a pas attiré grand monde ce samedi matin.
«C’est un mouvement symbolique qui se présente comme une réponse à la grève des professeurs, explique Yas l’instigateur de la démarche. Pour nous, il y a des raisons beaucoup plus légitimes pour lesquelles toute la population devrait se retrouver dans la rue. C’est pour la réussite éducative des élèves qu’on devrait manifester !»
Yas avait lancé cette semaine un appel au rassemblement baptisé « Sacs à dos vides » en référence « aux manques de moyens et de résultats de l’éducation nationale » à Mayotte. Une réaction aussi à la manifestation de l’intersyndicale dans la semaine en direction de l’aéroport.
«Beaucoup de Mahorais ont un sentiment d’humiliation avec cette grève. On nous dit que les fonctionnaires véhiculent des valeurs républicaines d’égalité, pour une société plus juste, alors qu’ils n’y croient pas. On a l’impression qu’ils ne viennent que pour l’argent.»
Une mère de famille mahoraise en colère se retrouve face à un professeur de Sada, venu pour échanger :
– On nous a donné des leçons, à nous Mahorais, quand on a fait grève parce qu’on a organisé des blocages. Et vous, vous faites la même chose. Vous avez fermé les écoles et reconduit les élèves dans les bus.
– Quand il n’y aura plus d’enseignants à Mayotte, est-ce que ça sera mieux ? interroge le gréviste qui tente de développer l’argumentaire de la rupture du contrat moral par l’Etat.
– Vous voulez partir ? Eh bien, partez ! Il y en aura toujours d’autres qui vous remplaceront !
– Des vacataires, sans diplômes et sans formation…
«Ce qui me met en colère, conclut la mère de famille, c’est qu’ils ont donné des tracts à nos enfants pour leur dire que s’ils partent, il n’y aura pas d’éducation de qualité à Mayotte. Mais on passe notre temps à nous dire que nos enfants n’ont pas le niveau. Qui est-ce qui n’a pas le niveau : les Mahorais ou les profs qui ne savent pas enseigner à nos enfants ?»
Après ce premier rendez-vous manqué, les organisateurs de l’opération «sacs à dos vides» promettent de s’organiser pour jeudi, jour de la nouvelle manifestation de l’intersyndicale.
RR