Faire le point sur la reprise de l’enseignement après le cyclone Chido, c’était l’objectif de la visite officielle d’Elisabeth Borne à Mayotte, jeudi 30 et vendredi 31 janvier. Après avoir visité plusieurs établissements, rencontré élèves, professeurs, parents d’élèves, syndicats…, la ministre a donné, lors d’un point presse au rectorat, ses lignes directrices pour les prochaines semaines.
« Je pense que évidemment la rentrée ne s’est pas faite dans des conditions optimales, mais le point positif c’est qu’elle puisse avoir lieu et on a pu renouer le contact avec tous les élèves », a tout d’abord constaté Elisabeth Borne, dans une petite salle du rectorat de Mayotte à Mamoudzou. Alors que 50 à 55% des élèves dans le premier degré sont retournés sur le banc de l’école, 70 à 75% dans le second, Elisabeth Borne souhaite « monter en puissance » dans les jours qui viennent, « au fur et à mesure qu’on sera assuré des conditions de sécurité satisfaisantes sur les établissements qui ne sont pas encore en mesure d’accueillir ».
Faire que les établissements scolaires redeviennent un « havre de paix »
Selon le recteur de l’académie, Jacques Mikulovic, 30% des établissements scolaires seraient encore totalement inexploitables, dont trois dans le second degré : le lycée de la Cité du Nord, le collège de Kwalé et le collège de Chiconi, que la ministre a visité vendredi matin en compagnie de Manuel Valls. Pour cet établissement, Elisabeth Borne souhaite la mise en place de tentes climatisées en attendant un plan de reconstruction. Pour le collège de Kwalé, qui accueille des centaines d’exilés dans ces locaux depuis le 20 janvier, la ministre a indiqué que « les conditions ne sont pas réunies pour accueillir les collégiens, mais qu’elles le seront prochainement quand le préfet aura trouvé une autre solution pour les personnes accueillies. L’objectif est que tous les établissements scolaires et les écoles reprennent leur vocation ».
« Il faut que nos écoles, lycées et collèges retrouvent leurs côtés « havre de paix » pour que les élèves puissent souffler », a poursuivi la ministre qui souhaite un renforcement de la sécurité autour des établissements qui ont fait leur rentrée le 27 janvier dernier. Pour cela, Elisabeth Borne a annoncé qu’entre 250 millions et 300 millions d’euros sont dédiés pour la reconstruction des écoles des collèges et des lycées.
Modalités particulières d’examen et suivi médical renforcé
Au-delà de l’aspect financier et sécuritaire, la ministre a présagé des mesures pour les élèves et les professeurs pour qu’ils puissent se projeter sur les semaines et les mois à venir. Pour les élèves, en plus de la distribution de 80 tonnes de fournitures scolaires, Elisabeth Born a déclaré que des modalités particulières relatives aux examens seront mises en place. Le brevet sera « vraisemblablement en contrôle continu », il y aura une réduction du nombre de textes à étudier pour l’épreuve anticipée du bac, et des mesures pour les élèves des filières professionnelles qui ne peuvent pas réaliser de stage. Du côté de l’inscription sur la plateforme Parcoursup, la période sera « un peu prolongée », notamment car les élèves ont manqué une semaine en raison des difficultés d’accès à internet.
La ministre veut également renforcer l’accompagnement psychologique et le suivi médical des élèves et des professeurs. « J’ai échangé avec l’ARS et le ministre de la Santé, qui aura l’occasion de venir ici à Mayotte, pour organiser des visites médicales dans tous les établissements du premier et du second degré pour vérifier l’état de santé des élèves, faire le point sur les vaccins. Le but est d’avoir un soutien et suivi psychologique mais aussi un accompagnement quand c’est nécessaire en matière de santé« , a précisé Elisabeth Borne.
« Prendre à bras le corps ce problème de l’attractivité »
Après avoir rencontré quelques heures plus tôt les syndicats qui ont annoncé la suspension de leur grève jusqu’en mars prochain, Elisabeth Borne a indiqué prendre le problème de l’attractivité du métier à Mayotte « à bras-le-corps » et se dit confiante que d’ici mars, « des solutions seront trouvées ».
Reconnaissance financière avec des bonus sur les rémunérations, mais aussi déroulement de carrière…, pour améliorer l’attractivité de Mayotte auprès des professeurs, la ministre a fait savoir qu’elle travaille sur tous les sujets. Elle a aussi évoqué se pencher sur la situation des professeurs contractuels, en indiquant sa volonté d’améliorer leur situation, que ce soit sur les retraites complémentaires ou leur logement à leur arrivée à Mayotte.
En attendant, juste après Chido, la ministre a prévu une simplification du formulaire de l’aide d’urgence, « pour que tous ceux qui en ont besoin puissent en bénéficier ». Une aide exceptionnelle de 2.000 euros qui jusqu’à présent était versée à ceux en dessous d’un certain indice de rémunération. Autre mesure, une semaine de vacances supplémentaires sera mise en place en février prochain. « Ils ont fait un travail formidable, ils sont sur le pont pour beaucoup d’entre eux depuis le 14 décembre, ils ont besoin de souffler », a relevé la ministre. Reste à savoir quel sera l’impact de cette semaine de vacances sur le suivi du programme par les élèves qui ont déjà au minimum deux semaines de retard.
Victor Diwisch