C’est un territoire « qui a changé de visage », que parcourt Yaël Braun-Pivet. Non pas un euphémisme pour décrire les paysages ravagés de l’après Chido pour la présidente de l’Assemble nationale mais aussi des habitants qui sont dans un autre état d’esprit que lors de son dernier passage en janvier 2024 : « Je vois des citoyens qui sont avec beaucoup d’inquiétudes, beaucoup de colère aussi, et inquiets sur l’avenir. Il faut qu’on réfléchisse à la façon dont il faut continuer à gérer cette crise pour permettre à chacun d’avoir accès aux biens essentiels, et à l’eau et l’électricité », nous expliquait-elle ce vendredi alors qu’elle se préparait à rencontrer d’autres habitants à Acoua et Bandraboua.
Venue pour intégrer les réalités de terrain avant l’examen du projet de loi urgence pour Mayotte à l’Assemblée nationale nous l’avons interpellée sur plusieurs points, dont celui qu’ambitionnaient de régler les pouvoirs publics, l’interdiction de reconstruction de cases en tôle. Un défi quasiment insurmontable en absence d’alternative de logement mais qui met de nouveau en danger la population alors que débute la saison cyclonique et que, ce vendredi, Mayotte était placée en pré-alerte cyclonique pour Dikeledi.
« On ira plus loin »
Alors que les cases en tôle réapparaissent peu à peu sous les coups de marteau, la présidente de l’Assemblée rappelle qu’un arrêté a été pris par le préfet pour contrôler depuis le 4 janvier 2025 la vente de tôles qui se font désormais sous condition de présentation de justificatifs d’identité et de domicile, « un outil extrêmement intéressant », souligne l’élue, rajoutant « on va voir ce qu’on peut mettre dans la loi d’Urgence pour Mayotte pour traiter cette question-là ». Rappelons que l’ordre du jour de l’Assemblée nationale se fixe avec le gouvernement.
Elle l’assurer, la loi Urgence pour Mayotte va être examinée dans l’hémicycle « dans les jours qui viennent », avec un vote possible « avant la fin du mois ou le début de mois de février ». Yaël Braun-Pivet estime que la représentation nationale répond présente « quand il faut manifester son unité ». « Je ne suis pas très inquiète sur le vote de la loi », ajoute-t-elle.
Pour autant, beaucoup, et notamment les représentants du secteur privé dont les structures ont été touchées ce qui a ébranlé la capacité de production du territoire, en attendent mieux que la première mouture du texte présenté en conseil des ministres ce 8 janvier. « Les acteurs économiques ont raison d’être en attente car on a besoin d’eux pour reconstruire, et on ira plus loin sur certains sujets », rassure-t-elle.
Des représentants du monde économique avec lesquels Yaël Braun-Pivet va pouvoir échanger dans la soirée.
Anne Perzo-Lafond