Un engagement moral pour un meilleur vivre-ensemble
En grattant derrière le vernis de ce vaste sujet d’urbanisme, c’est bien de santé dont il est directement question à travers ce projet de renouvellement urbain de Kawéni (NPRU). Plus qu’un accord au sens administratif du terme, cette convention ressemble davantage à un engagement moral entre trois parties, la Ville de Mamoudzou, impliquée sur la question de l’urbanisme, l’ARS, en charge de la santé des habitants de Mayotte, et la Préfecture, sur le volet de la « cohésion sociale » au sein du quartier, pour que la santé des habitants figure comme ambition prioritaire du projet de restructuration du quartier.
Et dans ce domaine, il y a à faire. À travers la transformation du quartier de Kawéni, l’ARS et ses partenaires veulent être particulièrement vigilants aux effets de l’environnement du village sur la santé de ses habitants. Ainsi si l’agence sanitaire ne semblait pas directement concernée par ces considérations urbanistiques, elle s’est retrouvée au coeur de ce vaste projet, pour encourager des choix qui minimisent l’exposition des habitants à des facteurs de risque tels que les pollutions de l’air, des eaux, des sols, les nuisances sonores, la chaleur urbaine et ses conséquences, en favorisant entre autres, la création d’habitations résiliantes, la mise en place d’ « espaces verts », de nouveaux lieux spécifiques à la collecte des déchets, de zones piétonnes ou encore, la mise en place d’actions sanitaires et sociales, pour l’accès aux soins. En somme, un ensemble d’actions permettant de parvenir à des bénéfices communs entre la Santé, l’Environnement et le Climat.
Des relais moteurs au sein du quartier
Pour y parvenir, Kawéni compte sur le travail épineux de structures associatives, souvent modestes, mais résiliantes, dont le rôle est de mobiliser les citoyens du quartier autour d’une thématique commune. Ces associations organisent régulièrement des actions de sensibilisation aux gîtes larvaires pour prévenir la survenue d’épidémies, mais aussi sur la gestion de l’eau au sein des foyers pendant les périodes de tension hydrique. Elles réalisent également des journées de nettoyage du quartier et participent à la mise en place de systèmes de collecte de déchets dans des zones plus éloignées. C’est notamment le cas de l’association « Génération future » (AGS) qui intervient sur la santé-environnementale en créant de nouveaux lieux de collecte de déchets, en lien avec la mairie, pour favoriser la préservation d’un quartier « propre » et « sain », et ainsi lutter contre certaines maladies vectorielles, telles que la leptospirose.
Et les exemples de succès sont nombreux. Soutenues par l’ARS, c’est grâce au fonds d’appui aux initiatives citoyennes, animé par la Chambre Régionale de l’Economie Sociale et Solidaire (CRESS), que les structures peuvent intervenir, en explicitant leur projet de solidarité à l’agence sanitaire, pour mener à bien leurs actions, sans solliciter de demande de subvention.
Depuis, l’ARS est formelle. Ces relais fonctionnent et ont contribué à un apaisement du quartier de Kawéni sur le volet social, sanitaire et environnemental. Au fil du temps, de nombreuses associations du quartier ont vu le jour et les habitants ont gagné en qualité de vie, chaque fois plus convaincus que le déchet le plus facile à éliminer est toujours celui que l’on n’a pas produit.
Mathilde HANGARD