« Nous avons subi de nombreux actes barbares la nuit dernière, l’insécurité a franchi un cap supplémentaire », lâche Moudjibou Saïd, maire de Dembéni. Les commerces qui longent la nationale en ont fait les frais : le garage Services Plus et la quincaillerie sont partis en fumée, et avec eux, plusieurs véhicules. « C’est toujours dans le cadre des guerres de délinquants de Dembéni contre ceux de Tsararano ».
Le maire va réitérer ce qu’il avait mis en place il y a quelques semaines, « un comité des sages de la commune va se réunir avec les populations de Dembéni et Tsararano. Tous les villages seront représentés », mais on sent que la motivation s’épuise. Un conseil municipal d’urgence est convoqué pour le 3 février, « on va voir comment débloquer des aides au secteur économique sinistré ».
Moudjibou Saïd a instauré plusieurs couvre-feux pour les mineurs, « six, pour les cinq villages Iloni, Dembéni, Ongoujou, Hajangua, Tsararano et un à Ironi Be », du 1er au 29 février de 19h à 5 h du matin. Avec toujours la même question, qui pour les faire respecter ? « La gendarmerie et la police municipale », répond l’édile. En réalité, peu de chance que les premiers interpellent des jeunes pour avoir enfreins un couvre-feu quand ils font bien pire, quant aux seconds, le danger est tel qu’ils se mettent rarement en première ligne.
Moudjibou Saïd veut actionner un autre levier, nous explique-t-il : « Nous avons demandé au préfet qu’il ne renouvelle pas les titres de séjour aux parents de délinquants, voire qu’il les retire. Nous l’avons testé à Ongoujou, deux mamans risquent de ne pas voir leur séjour renouvelé. La préfecture nous a répondu que le ‘dossier est en bonne voie’ ».
Anne Perzo-Lafond