21.8 C
Mamoudzou

Élisabeth Borne : « Je connais vos difficultés, vous n’êtes pas seuls, la République est là ! »

C’est maintenant officiel, la Première ministre, Élisabeth Borne, et le président du Conseil départemental, Ben Issa Ousseni, ont signé vendredi la convention d’engagement entre l’État et le Département. Ce sont ainsi 450 millions d’euros qui vont être versés jusqu’en 2027 pour équilibrer le budget du 101e Département français.

Même si la visite de la Première ministre sur notre territoire a suscité de la joie et de la fierté de la part des élus, Ben Issa Ousseni n’a pas manqué dans son discours d’ouverture et de bienvenu à Élisabeth Borne de faire part de son inquiétude concernant la sécurité dans notre île. « Nous sommes fiers de vous avoir parmi nous, mais c’est avec le cœur lourd que nous vous accueillons avec cette actualité délétère. Les voyous franchissent des limites chaque jour, ce ne sont pas de petits délinquants mais des bandits organisés. Nous voulons Wuambushu 2 sans délai mais aussi que vous décrétiez l’état d’urgence sécuritaire sur l’île. C’est le seul moyen de retrouver une vie normale », a ainsi insisté le Président du Conseil départemental. « Nous attendons des actes forts et que la République nous protège ».

Passé ce petit laïus, Ben Issa Ousseni a remercié la Première ministre pour avoir tenu sa parole à ce que le Département retrouve un équilibre budgétaire à travers la signature de cette convention d’engagement qui va permettre de financer l’aide sociale à l’enfance, la protection maternelle infantile (ASE/PMI) et le transport scolaire. Toutefois, il est vite revenu sur les énormes défis auxquels est confrontée l’île au lagon comme le problème de l’eau, l’immigration, la justice sociale, l’habitat indigne, la démographie ou encore le système éducatif.

Faire de Mayotte un territoire d’industrie

« Nous voulons créer des entreprises durables, être un territoire de production et plus seulement de consommation. Nous souhaitons nous engager dans les énergies renouvelables avec l’hydrogène vert, l’économie circulaire et l’économie bleue. Nous ambitionnons de devenir un bassin économique dans le canal du Mozambique et d’être le pont de la France vers l’Afrique de l’Est en participant notamment au projet gazier. Pour cela, nous avons besoin de développer le réseau routier, la fibre optique afin de lutter contre la fracture numérique et le désenclavement, mais aussi la construction d’un second aéroport », a détaillé sous forme de doléances le président du Département. « Nous avons de nombreux projets qui nécessitent une politique de croissance », a-t-il réaffirmé.

La Première ministre est allée sur le terrain pour se rendre compte des difficultés rencontrées par les Mahorais.

La Première ministre a ensuite pris la parole et a expliqué qu’elle était parfaitement consciente des difficultés du territoire et de l’immense attente de la population mahoraise concernant l’eau, la sécurité, le logement, la santé et l’éducation. « Vos attentes sont légitimes… Aussi le devoir de mon gouvernement c’est de se mobiliser et de vous aider, c’est le sens de ma visite. Je connais vos difficultés, vous n’êtes pas seuls, la République est là. Je suis convaincue que Mayotte est une terre d’avenir ». Élisabeth Borne a ainsi rappelé que 50 millions d’euros allaient être versés ce mois-ci pour équilibrer le budget 2023 du Conseil départemental et que dès 2024, 100 millions d’euros seraient affectés chaque année jusqu’en 2027. « Le Président de la République et le Gouvernement ont décidé d’augmenter les investissements afin que Mayotte puisse bénéficier d’équipements publics pour améliorer la vie quotidienne des Mahorais ». Ainsi selon elle, le contrat de convergence et de transformation 2024-2027 qui s’élève à plus de 830 millions d’euros devraient permettre de pallier certaines carences. « Ce sont 500 millions d’euros qui seront consacrés aux collèges et aux lycées et 70 millions d’euros pour les routes. J’ai conscience que c’est un financement nécessaire mais pas suffisant », concède-t-elle.

A chaque problème sa solution ?

La Première ministre a répondu point par point aux problèmes évoqués par le président Ben Issa Ousseni. Ainsi concernant le problème de l’eau, les investissements seront maintenus pour les mesures d’urgence, puis elle a ajouté qu’il fallait définir une nouvelle gouvernance de l’eau… Au sujet de la lutte contre l’immigration clandestine (LIC), Élisabeth Borne a répété que l’opération Shikandra 2 serait lancée en 2024, comme elle nous l’avait annoncé en exclusivité. « C’est un sujet préoccupant et un combat de tous les jours. Depuis le début de l’année ce sont plus de 22.000 clandestins qui ont été expulsés de Mayotte. Aussi nous allons investir pour la protection de nos frontières, mettre en place des outils de détection et d’interception, augmenter nos capacités de rétention et lutter contre le travail illégal et l’économie souterraine ». Sur la lutte contre l’insécurité, la Première ministre s’est félicitée que l’opération Wuambushu ait permis d’arrêter, selon elle, 90% des chefs de bandes. Puis elle a confirmé la création de deux nouvelles brigades de gendarmerie à Mayotte, à Bandraboua et à Tsingoni dès l’année prochaine, l’envoi d’un 6e escadron.

Élisabeth Borne entourée des élus du Département, du préfet et des ministres de la Santé et des Outre-mer.

En ce qui concerne la Santé, la cheffe du Gouvernement a annoncé la création de nouvelles filières en cardiologie et en neurologie, ainsi qu’une deuxième école pour former les infirmiers. « 240 millions d’euros vont servir à moderniser le CHM, et je vous confirme la création d’un nouvel hôpital à Combani. Par ailleurs, 22 millions d’euros vont être débloqués dans le cadre du plan de rattrapage pour les personnes handicapées. Ce sont ainsi 500 millions d’euros qui vont être investis dans la santé et le médico-social dans le Département ». Elle a également rappelé que dès 2024 la complémentaire santé solidaire serait mise en place à Mayotte et que plus de 130.000 personnes en bénéficieraient. De plus, elle confirmé le changement de statut du CUFR de Dembéni en « université de plein exercice en janvier 2024 ». Enfin concernant le projet de loi Mayotte, elle a rassuré les élus : « Nous la construirons avec vous, avec la société civile et avec les partenaires sociaux afin d’améliorer la vie des Mahorais. Les défis sont immenses et l’État est à vos côtés. Mayotte est une terre d’opportunités, de progrès et d’espérance, c’est le destin de la République, on doit être au rendez-vous », a-t-elle conclu.

Même si nous n’étions que le 8 décembre vendredi, peut-être était-ce Noël avant l’heure pour les Mahorais. De nombreuses annonces ont été faites et plusieurs engagements ont été pris pour le 101e Département français. Reste à savoir si toutes ces promesses seront bel et bien tenues et surtout en temps et en heure car les difficultés, elles, n’attendent pas.

B.J.

Partagez l'article:

Les plus lus

Articles similaires
Similaire

Violences à Koungou : faute d’accompagnement, le découragement guette

Dans la commune, chacun met en place sa solution pour endiguer les violences. Des associations de proximité se sont créées, mais elles se sentent délaissées. Elles ont provoqué une rencontre ce dimanche soir au foyer des jeunes de Koungou, entre les représentants de la mairie, de la gendarmerie, de la police municipale et une trentaine d’habitants. Une « réunion entre victimes », déplorait l’un d’entre eux.

Environnement : Le Sidevam 976 a inauguré la première déchèterie fixe de Mayotte

Elle était attendue depuis quelques mois déjà, mais en raison du mouvement social et des barrages en début d’année sa livraison avait dû être décalée. Maintenant c’est chose faite, Mayotte possède enfin une déchèterie fixe située à Malamani, la première d’une longue série.

La première pierre de la ZAC Tsararano-Dembeni est posée !

Comme annoncée en août dernier, la pose de la première pierre de la Zone d’Aménagement Concertée (ZAC) Eco-quartier Tsararano-Dembeni a eu lieu vendredi dernier dans une ambiance festive au plateau de Tsararano.

Quand un maillot de foot peut faire perdre la rencontre…

Les demi-finales de la Coupe régionale de foot qui se sont tenues ce samedi, auraient dû l'être sous une autre configuration, réclame le Trévani SC. Le club reproche à la Ligue de foot de n’avoir pas tenu compte d’une décision nationale.
WP Twitter Auto Publish Powered By : XYZScripts.com