Ce lundi, le sénateur Saïd Omar Oili critiquait devant les médias locaux l’absence de transparence dont fait preuve le Gouvernement sur les principaux arbitrages au projet de loi de programmation pour la refondation de Mayotte.
Les grandes décisions largement commentées par les ministres et le représentant de l’Etat local ne se baseraient sur rien de concret, en tout cas, il déplore de ne pouvoir consulter les documents y faisant référence. C’est le cas du rapport de la mission inter-inspection sur l’état des lieux post-Chido, et des bilans de consommation du dernier contrat de convergence ou de la lutte contre l’immigration clandestine en 2024.
Mais aussi des conclusions scientifiques qui préconiseraient la localisation de la piste longue en Grande-Terre, en dépit des sollicitations du parlementaire auprès de la DGAC (Direction générale de l’aviation civile). Ce qui l’incite à penser à une manœuvre de diversion pour enterrer le projet. Et alors que l’utilisation de l’actuelle piste est déjà annoncée comme inutilisable vers 2035 quelques semaines par an, lors des grandes marées en raison du risque de submersion. La position de la chambre magmatique ayant donné naissance au volcan doit pourtant inciter à la communication. Alors pourquoi ce blocage des informations ?
« D’où sort ce chiffre ?! »

C’est également l’interpellation de la conseillère de Mamoudzou 3, Hélène Pollozec. Elle s’étonne à son tour de l’estimation du coût du maintien de la piste en Petite-Terre qui comprend les travaux de son allongement, comme rapporté par le préfet : « S’il est légitime de faire preuve de transparence, je m’étonne cependant de l’argument avancé concernant le ‘coût exorbitant’ du maintien de la piste actuelle de l’aéroport Marcel Henry, estimé selon ses propos à 7 milliards d’euros. D’où sort ce chiffre ? » Une impression d’instrumentalisation transparait dans les propos de l’élue qui rapporte avoir eu un autre son de cloche : « Le 3 avril dernier, la Direction Générale de l’Aviation Civile nous a présenté — par la voix de M. Masson — un plan de financement à hauteur de 1,3 milliard d’euros pour la construction d’une piste convergente à Pamandzi. Ce montant, bien que conséquent, n’a rien à voir avec celui avancé publiquement par le Préfet ».
La conseillère départementale demande « une information précise et transparente » : « Les Mahoraises et les Mahorais ne sont pas fermés au débat. Encore faut-il que les arguments avancés soient véridiques, justifiés, et respectueux de l’intelligence collective du territoire ».
Pourquoi ces documents stratégiques sont-ils cachés aux élus ? Un comportement qui laisse le champ libre à toutes les interprétations : de l’accusation d’une « manœuvre de diversion » de Saïd Omar Oili, à la crainte d’un « arbitrage défavorable au profit d’autres territoires de la région », comme le suggère Hélène Pollozec.
D’autant que le dernier avis du Haut Conseil des Finances Publique (HCFP) sur la question n’est pas de nature à les rassurer.
A.P-L.