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Mamoudzou

Attaque de la gendarmerie de Sada : le verdict de la chambre d’appel est tombé ce jeudi

Le verdict du procès en appel de Madou et Alger, les deux Sadois soupçonnés d’être à l’origine de l’attaque de la gendarmerie de Sada de fin janvier dernier, est tombé ce jeudi matin. Pas de relaxe, mais une requalification des faits en « complicité » s’accompagnant d’une réduction de peine de 2 ans.

C’est une véritable déception pour « Alger », le Sadois soupçonné d’avoir incité les délinquants à s’en prendre à la gendarmerie de Sada dans la nuit du 28 au 29 janvier dernier. Condamné en comparution immédiate le 16 février 2024 par le tribunal de Mamoudzou à 4 ans de prison ferme avec mandat de dépôt, tout comme Madou, le deuxième prévenu jugé dans cette affaire pour des faits similaires, il a toujours clamé son innocence avec constance. Madou avait quant à lui reconnu partiellement les faits, en effet il avait demandé aux délinquants de « les aider à maintenir le barrage face aux gendarmes ». Ces faits se sont déroulés le jour où l’ancien préfet Thierry Suquet avait décrété « vouloir faire lever les barrages de force afin de mettre fin au blocage de l’île ».

Attaque de la brigade de gendarmerie de Sada, Forces Vives, Collectif des citoyens 2018
Me Tesoka a représenté Alger lors des 2 procès

S’il a reconnu en première instance que sa colère vis-à-vis de cette décision l’a bien incité à demander aux délinquants de « se tenir prêt à accueillir les gendarmes s’ils venaient nous embêter », il a cependant nié farouchement leur avoir demandé d’attaquer la gendarmerie ou de leur avoir versé une quelconque somme d’argent. Le tribunal l’avait d’ailleurs blanchi de cette accusation en comparution immédiate, faute de preuves, mais avait retenu « une instrumentalisation des délinquants ». Ne croyant pas à l’innocence d’Alger dans cette affaire, le tribunal l’avait condamné à la même peine que son comparse Madou et que les délinquants « exécutants » de l’attaque, à savoir 4 ans de prison ferme avec mandat de dépôt.

Scandalisés par cette peine, les deux prévenus ont fait appel. Un nouveau procès s’est donc tenu à la chambre d’appel détachée le 9 juin dernier, au cours duquel les avocats des prévenus ont, une fois de plus, consciencieusement tenté de prouver l’implication seulement partielle de Madou, selon ses propres aveux, et l’innocence d’Alger. Reconnaissant que l’ordre d’attaquer la gendarmerie de Sada n’avait pas été directement donné par Madou, l’avocat général avait cependant estimé que « quand on lance une meute on doit bien se douter de ce qui est susceptible d’arriver ». Il avait donc demandé le maintien du jugement de première instance. Idem pour Alger que ni le déni, ni la démonstration de son avocat, Me Tesoka, n’a convaincu. La cour a pris son temps pour délibérer puisque le verdict n’est tombé que ce jeudi 4 juillet.

Requalification en « complicité » et réduction de peine

En première instance, les deux prévenus avaient été déclaré « auteurs » de l’attaque de la brigade de gendarmerie de Sada, l’instrumentalisation équivalant à être aussi coupable que les « instrumentalisés ». La cour de la chambre d’appel a requalifié les faits en « complicité » uniquement. Aucune explication n’a accompagné ce verdict, mais on peut légitimement déduire que c’est la demande de Madou « d’accueillir les gendarmes » sur le barrage qui est à l’origine de cette décision, la Cour estimant qu’il a en quelque sorte « mis le feu aux poudres », provoquant in fine l’attaque de la gendarmerie. Ce verdict est toutefois moins facile à comprendre pour Alger dont l’implication dans cette affaire n’a jamais été démontrée d’une manière claire et indiscutable et qui, depuis le début, clame son innocence. Le seul élément le reliant au crime était la cagoule décrite par les délinquants et que sa famille a apporté d’elle-même aux gendarmes au lendemain de son  arrestation du 14 février dernier. Un élément que Me Tesoka, l’avocat du prévenu, balaie d’un revers de main : « Tout le monde à Sada savait qu’Alger portait cette cagoule sur le barrage, ça ne prouve rien du tout ! ».

Attaque de la brigade de gendarmerie de Sada, chambre d'appel détachée à Mayotte
Venu en soutien, le frère d’Alger nous a confié « ne pas comprendre ce verdict de la chambre d’appel

Me Tesoka s’est d’ailleurs vivement indigné de ce verdict, pointant notamment du doigt le fait que Madou et Alger, dont il a été démontré au cours de 2 procès différents qu’ils n’avaient pas le même degré d’implication, aient écopé de la même peine. « C’est un véritable amalgame, la Cour met les deux prévenus dans le même sac ! », nous a-t-il lancé à la sortie de la chambre d’appel, visiblement en colère. « Il n’y a pourtant aucun élément de preuve concrète dans ce dossier ! », a-t-il ajouté. À la demande de son client, il a donc déposé un pourvoi en cassation le jour même . La famille de la victime ainsi que les soutiens d’Alger, en tout une vingtaine de personnes, nous ont également fait part de leur déception à la sortie de la chambre. « Je ne comprends pas ce verdict, mon frère est innocent ! Au contraire, il lutte activement contre la délinquance à Sada, comment aurait-il pu instrumentaliser les délinquants ? », a-t-il déploré, visiblement abattu. La morosité et le dégoût, plus que la colère, étaient les émotions dominantes chez les soutiens d’Alger après l’énoncé de ce verdict.

Nora Godeau

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