Signant une tribune dans Le Monde, Philippe Gosselin, député de la Manche, Mansour Kamardine, (Mayotte), Marc Le Fur, (Côtes-d’Amor) et Aurélien Pradié, (Lot), martèlent que « La demande principale des Mahorais est d’être traités comme des Français à part entière ».
Ce qui est loin d’être le cas, et ils n’ont que l’embarras du choix pour citer quelques exemples en s’appuyant sur le discours de Gérald Darmanin lors de son arrivée à Mayotte le 11 mars 2024 : « Je suis pour que Mayotte soit un département comme les autres, c’est pour cela que le président de la République et le premier ministre ont annoncé le projet de loi Mayotte, qui va permettre à chaque Mahorais d’avoir les mêmes droits et les mêmes devoirs, bien sûr, que tous les autres départements d’outre-mer. »
Commençons par la retraite complémentaire à Mayotte. Une ordonnance de 2002 prescrit la mise en place de la caisse de retraite complémentaire Ircantec dans le public et de l’Agirc-Arrco dans le privé. La première a été mise en place… mais sans décret d’application, et rappelons que pour ce qui est du privé, les partenaires sociaux s’étaient mis d’accord en 2017 pour une application rétroactive en 2014 en demandant à l’Etat de payer les arriérés. Dix ans après, rien n’a bougé. Pourtant, et pour ne reprendre que les propos du président de l’association des maires de France, LR lui aussi, les sommes ne sont pas élevées sur un si petit territoire, où la masse des actifs est faible.
Un appel d’air fallacieux
Les députés évoquent aussi le SMIC. L’écart entre les montants brut de métropole et de Mayotte est à combler à coup de cotisations patronales et syndicales, et dépend toujours d’un accord entre partenaires sociaux. « Cette discrimination est insupportable quand on sait que, si rien n’est fait, ils devront attendre l’année 2078 pour pouvoir prétendre à la même pension de retraite que les autres Français. »
Autre injustice, le montant du RSA. Un décret pris ce 29 avril 2024 maintient son niveau à la moitié du national, 317 euros au lieu de 635 euros. Un niveau peu incitatif « prétendument pour limiter l’attractivité migratoire », un argument « des plus fallacieux », critiquent les députés, « l’accessibilité des étrangers aux minima sociaux de solidarité est conditionnée à leur présence régulière à Mayotte pendant de nombreuses années. »
Une situation qui incite les Mahorais à aller voir si l’herbe est plus verte ailleurs, « ainsi, l’île se vide de sa jeunesse autochtone, elle s’appauvrit économiquement et intellectuellement ».
Les députés concluent en espérant que les engagements pris sur la construction de la piste longue à l’aéroport, le deuxième hôpital, la cité judiciaire, le deuxième centre de rétention administrative, la deuxième prison, le centre disciplinaire de socialisation des jeunes délinquants, l’hôtel de police, l’université de plein exercice, la modernisation de la voirie nationale et le « mur de fer en mer » annoncé ne seront pas des promesses de Gascons ! »
A.P-L.