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mercredi 29 janvier 2025

Laver son linge sale familial devant le tribunal

Un homme comparaissait hier pour harcèlement d’une personne étant ou ayant été conjoint, concubin ou partenaire lié par un pacte civil de solidarité sans incapacité et ayant entrainé une dégradation des conditions de vie entrainant une altération de la santé.

L’amour dure trois ans selon un livre de Frédéric Beigbeder. Celui du couple qui était devant le tribunal hier aura duré un peu plus, près d’une vingtaine d’années avant que tout dégénère. La femme aurait en effet subi durant de nombreuses années des violences verbales, des dénigrements en public, des insultes, des rabaissements de la part de son époux, ainsi que l’impossibilité d’avoir accès à son compte bancaire. Face à une telle détresse psychologique elle a donc décidé de porter plainte pour violences conjugales. L’expertise psychologique a montré que la victime était instable, fragile émotionnellement, triste et qu’elle était atteinte, en outre, de souffrances psychiques importantes depuis plusieurs années à force d’être humiliée et manipulée.

Le tribunal, dernier recours pour régler les litiges familiaux

Lors des audiences on entre parfois dans l’intimité des gens…

« Oui c’est vrai, je l’ai déjà insultée mais ce n’est arrivé que deux fois en 20 ans de mariage, avoue le prévenu. Je ne l’ai en aucun cas dénigrée. De plus elle a toujours joui de son compte bancaire, elle avait un libre accès à son argent », poursuit-il. A la lecture des auditions on apprend en fait qu’il l’insultait plutôt deux fois par mois en la traitant de « conne », « bête », « stupide », qu’elle n’était « bonne à rien ». La victime avait un libre accès à son compte bancaire mais elle n’avait pas ses codes d’accès internet, et son mari faisait semble-t-il des virements à son insu. « Oui c’est vrai aussi que je faisais des virements de son compte vers notre compte commun sans pour autant la prévenir car je considérais qu’il valait mieux que l’argent soit sur un compte qui rapporte comme le livret A, c’est plus rentable, plutôt que sur un compte courant… Mais je ne l’ai en aucun cas empêchée d’accéder à son compte. Concernant ses codes internet, si elle avait vraiment voulu les avoir, elle aurait pu les demander à son conseiller financier. J’estime qu’à 50 ans passé elle était assez grande pour faire cette demande toute seule ! ».

A la barre, la plaignante est un peu confuse et peine à convaincre le tribunal sur le fait que son époux avait entièrement la main mise sur son compte bancaire. « C’est lui qui gérait le compte commun, je n’avais pas mes codes d’accès internet, il faisait des virements depuis mon compte à mon insu et fliquait mes dépenses », indique-t-elle. L’avocate de la plaignante, maître Trouvé, a ainsi demandé 7.000 euros de dédommagement pour le préjudice moral.

Le code pénal n’est jamais loin des magistrats…

Le substitut du procureur reconnaissant que la victime avait sans doute subi des dénigrements moraux n’a cependant pas reconnu les faits de violences conjugales à proprement parler et a donc requis la relaxe. Quant à l’avocat de la défense, maître Andjilani, il a reconnu qu’il y avait eu des insultes, certes, mais pas de violences physiques, qu’il y avait d’opacité concernant les comptes bancaires et que les codes d’accès internet étaient « accessoires ». « En allant à un simple distributeur automatique de billets on peut voir l’historique de son compte sans être obligé de passer par internet. De plus, elle n’était pas sous la domination de mon client puisqu’elle pouvait faire ce qu’elle voulait, bouger quand elle le souhaitait ou encore s’habiller à sa guise et même ouvrir une agence sans son consentement… ».

Après avoir délibéré, le tribunal considérant qu’il n’y avait pas assez de charges convaincantes à l’encontre du prévenu a décidé de le relaxer et a ainsi débouté la plaignante.

B.J.

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