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Mamoudzou

Sortie de convalescence pour la Chambre des Métiers et de l’Artisanat

Après les fortes turbulences d’années de gestion chaotique, il a fallu que la maison mère et l’État se portent au chevet de la Chambre des Métiers et de l’Artisanat et lui prescrivent les remontant appropriés. Après des mois de salaires non payés, les choses rentrent dans l’ordre grâce à une Commission provisoire nommée en octobre 2023. Son président nous parle d’avenir.

La Chambre des Métiers et de l’Artisanat Régionale (CMAR) de Mayotte est de nouveau ouverte au public. Une information sans trop de rapport avec la levée des blocages de l’île, mais avec la fin – on l’espère – d’une période de gros temps qui a duré plusieurs années et qui s’est soldée par une dissolution du bureau par le préfet en novembre 2023. Une Commission provisoire chargée d’administrer la Chambre était alors nommée, composée de quatre chefs d’entreprise artisanale, dans les secteurs de la plomberie, de l’électricité, bijouterie ou styliste… bref, ils savent ce que c’est que gérer.

Inauguration d’un Salon de l’artisanat en 2016

Car ce ne fut pas toujours le cas par le passé. Le Contrôle général économique et financier (CGEFI), révélait une mauvaise gestion, son rapport rendu le 23 juin 2022 soulignait un fort déséquilibre financier et émettait 45 recommandations. Un montant de 2,5 millions d’euros de dette a été évoqué, mais l’absence de comptabilité rendait l’évaluation du trou plutôt compliqué. La préfecture dans un communiqué, déplorait alors l’absence de « présentation d’un état détaillé et fiable de la dette ». Aucun compte n’était déposé depuis 2018, donc sous la présidence de Salime Soumaila, dit « Raïs » d’avant les élections 2021, pas plus que par la suivante de Radhia Oumari.

Des centaines de milliers d’euros sont perçus par la CMA Mayotte, dont étaient pourvoyeurs l’Europe et le conseil départemental, sans justificatifs de concrétisation des actions.

La trésorerie sort du rouge

Mise en place de la formation boucherie en 2014

La préfecture est appelée à la rescousse comme pour la CCI sur laquelle elle avait exercé une tutelle renforcée pendant plusieurs mois, le temps de la redresser. Mais les textes de la CMA ne le permettent pas. Pour s’assurer que les 45 recommandations soient suivies, un comité de pilotage est mis en place, composé de la présidente de la CMA, Radhia Oumari, du SGAR de la préfecture, de la DEETS, des Finances publiques, de CMA France, etc. Si le recadrage opère un temps, de nouveaux dérapages sont constatés, les budgets ne sont pas présentés, et la présidente fait voter les comptes 2021 le 31 juillet 2023… alors qu’ils ne sont pas certifiés.

Amateurisme ou détournement, c’est le tribunal qui devra en juger, sous réserve que quelqu’un ait déposé plainte. Un chargé de mission est notamment visé. Le préfet dissout alors le bureau, reste à gérer la CMA par une commission provisoire, c’est-à-dire gérer la dette et la trésorerie négative. Ce qui était le cas ces derniers mois, sur lesquels revient son président, le discret Fouad Abdou, à la tête d’une entreprise de plomberie, Air Fluide OI.

« Notre priorité en octobre 2023, ça a été de payer les salaires de la quinzaine de salariés de la structure qui n’avait rien perçu depuis plusieurs mois. Nous avons pu le faire grâce à un accompagnement de 156.000 euros de CMA France qui nous accompagne sans faille. » Si la dette demeure et doit toujours être évaluée, « la trésorerie commence à sortir du rouge grâce à l’accompagnement de l’Etat et de CMA France. »

Des employés fidèles bien que pas payés

Coqs en feuille de bananier présentés au Salon de 2017

Un Séminaire stratégique s’est tenu pendant trois jours, non sans difficulté au regard des blocages, pour travailler sur une réorganisation des services et un plan d’action concret. « Nous avons acté deux plans de relance, le premier, administratif, porte sur la montée en compétence des agents de la CMA, il faut les valoriser, ils sont venus chaque jour pendant la crise. Le second est financier, et va consister à rassurer nos partenaires, notamment nos fournisseurs, et les entreprises adhérentes, ainsi que les porteurs de projets. Nous allons avoir besoin d’eux ! »

Une convention pluriannuelle 2024-2027 est en cours de signature avec le conseil départemental, « je ne préfère pas donner le montant tant que tout n’est pas finalisé », et les partenaires contactés, « ça fait plaisir parce qu’on a l’impression que la confiance est revenue ».

Reste à aller chercher des recettes, et pour cela, à mettre en place des missions, « nous allons en premier lieu relancer, l’école régionale de la mode, la formation en boucherie, il faut redonner vie au CFA. » Des actions qui avaient été lancées en 2014 et 2020 par l’équipe de Jean-Denis Larroze, ex-SG de la CMA Mayotte.

Fouad Abdou est résolument optimiste, « j’ai hérité d’une maison malade, mais là, nous réactivons tout, et dès cette semaine, ça refonctionne ».

Les artisans sont de nouveau accueillis cette semaine à la Chambre des Métiers dans le grand hôtel consulaire de Mamoudzou, du lundi au jeudi de 8h à 16h et le vendredi de 8h à 11h.

Anne Perzo-Lafond

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