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Mamoudzou

Le collectif de Mayotte joue carte sur table face au Préfet

Depuis plusieurs jours, le collectif de Mayotte et des citoyens sont mobilisés en protestation contre le camp de réfugiés installé autour du stade de Cavani et l’insécurité omniprésente sur l’île.

Plusieurs réunions de travail regroupant des services de l’État, la commune de Mamoudzou, le Conseil départemental et des membres du collectif de citoyens se sont tenues régulièrement, dans le but de procéder au démantèlement de ce camp.

le camp de cavani démantelé dès jeudi par les forces de l’ORDRE ? 

Mardi 23 janvier au matin, conformément aux déclarations du Ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, le Préfet de Mayotte a annoncé que le camp des migrants de Cavani sera démantelé « dans les plus brefs délais » par les forces de l’ordre, « dès jeudi », d’après Zaidou Bamana, journaliste-chroniqueur observateur de la vie politique à Mayotte.

Il s’agissait d’un des moments « décisifs » de la semaine, pour reprendre les termes de Safina Soula, porte-parole du collectif des citoyens de Mayotte, que nous avions interrogée lundi 22 février.

Lors de cette entrevue avec le Préfet, d’après Zaidou Bamana, contre toute-attente, une des premières choses à avoir été mise « sur la table » a été de demander au Préfet s’il mènerait sa mission pour Mayotte jusqu’à son terme, par « crainte », pour reprendre les mots du collectif, « que la situation s’envenime » et que le départ du Préfet se fasse sans décision pour l’avenir de Mayotte face à ce camp de réfugiés ». Interrogation à laquelle Thierry Suquet aurait répondu qu’il poursuivrait sa mission « durant encore une année« .

« UN PROCESSUS À GRADUER » 

Le Préfet a ensuite annoncé que le camp de réfugiés de Cavani sera démantelé « dès cette semaine« , en précisant qu’au moins dix-sept tentes seraient détruites. Face à cette déclaration, les représentants du collectif auraient répondu que malgré leur « satisfaction » de savoir que le camp allait être détruit, la démolition de « dix-sept tentes sur la cinquantaine de tentes existantes » ne serait néanmoins pas suffisante, ce à quoi le Préfet de Mayotte, aurait déclaré que « le démantèlement du camp de réfugiés de Cavani est un processus à graduer« . Le collectif de Mayotte a aussitôt demandé une « date butoir » sur la démolition de ce camp, le représentant de l’Etat ayant répondu qu’il se donnait « deux mois, à compter de jeudi 25 janvier 2024, pour que les occupants soient évacués du stade et que le stade retrouve ses fonctions d’origine. »

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Deux femmes somaliennes, réfugiées, abritées sous une tente, dans le camp du stade de Cavani (archives)

Quant à l’avenir des personnes présentes sur le camp, plusieurs actions ont été arbitrées, d’autres sont aussi restées sans réponse à ce stade. D’après les représentants du collectif de citoyens, le Préfet a déclaré que « quarante personnes, recensées au sein du camp de réfugiés de Cavani, disposaient désormais d’une protection judiciaire, puisqu’elles avaient « obtenu le statut de réfugiés » et qu’elles « seront acheminées vers la métropole dès que possible« .

Face aux conditions extrêmement difficiles vécues sur le camp, d’après le Préfet de Mayotte, « un certain nombre de personnes présentes dans le camp auraient manifesté le désir de repartir dans leur pays d’origine ». A cela, Thierry Suquet a déclaré que toutes les personnes originaires de la République démocratique du Congo, du Rwanda et du Burundi, qui souhaiteraient retourner volontairement dans leur pays d’origine, quelque-soit le stade de leur procédure de demande d’asile, pourront être accompagnées par les services de l’État pour regagner leur pays.

Aussi, les représentants du collectif de citoyens de Mayotte ont fait savoir leur inquiétude et ont partagé leurs interrogations sur l’avenir des autres personnes présentes dans ce camp, qui ne seront pas acheminées vers la métropole. « Sur les près de 700 personnes recensées à Cavani, si 40 personnes vont partir à Paris, que vont devenir les 660 autres personnes, le préfet a dit que 200 places d’hébergement d’urgence étaient disponibles, que vont devenir les personnes qui ne seront pas relogées ? » s’est exclamé Zaidou Bamana

LA PAIX SOCIALE, TRIBUTAIRE DE l’instauration d’un etat d’urgence ? 

Mardi matin, face au Préfet, le collectif des citoyens de Mayotte a également réitéré son soutien de la demande du Conseil départemental, transmise au Gouvernement, de supprimer le titre de séjour territorialisé à Mayotte.

A notre question de savoir si la déclaration du Préfet sur le démantèlement du camp de Cavani pourrait laisser présumer un retour à la normale sur les routes à Mayotte,  Zaidou Bamana l’espère : « Il est certain que ce démantèlement va permettre à la population de respirer. » Néanmoins, pour le journaliste, « la seule chose qui pourrait rétablir la paix sociale serait l’abrogation du titre de séjour territorialisé et la déclaration d’un état d’urgence à Mayotte, avec des dispositifs judiciaires, militaires et policiers, importants pour « sécuriser l’île une bonne fois pour toutes ! »

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Barrage érigé à Coconi, en protestation contre le camp de réfugiés de Cavani et l’insécurité à Mayotte, mardi 23 janvier 2024

A ce sujet, si le collectif s’est déchargé de toute responsabilité sur la tenue de ces barrages, qui sont « des initiatives individuelles de groupes présents dans les communes de l’île », le Préfet a accepté une rencontre avec les habitants à l’initiative de ces barrages, protestant contre « l’insécurité omniprésente sur l’île« , pour lesquels le camp de réfugiés de Cavani est la « goutte d’eau qui fait déborder le vase« .

Lors de son entrevue avec le collectif des citoyens de Mayotte, le Préfet a fait savoir que « la volonté de l’Etat était de travailler main dans la main avec les habitants pour aboutir à un consensus » et qu' »en aucune manière, les forces de l’ordre seront envoyées pour débloquer des sites fermés par le collectif de citoyens ou faire lever des barrages, qui ne feraient d’empirer la situation, déjà tendue. »

Vendredi 26 janvier après-midi, le Préfet recevra à nouveau les représentants du collectif de citoyens de Mayotte pour faire un point sur la situation, qui ont déjà fait savoir au représentant de l’Etat, qu’ils attendraient une réponse sur la date de départ des 40 réfugiés de l’île.

Mathilde Hangard 

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