20.8 C
Mamoudzou

Tribunal judiciaire : Six mois de prison ferme pour avoir volé une paire de sandales !

Ce vendredi 19 janvier étaient jugés en comparution immédiate deux jeunes hommes de 18 ans ayant brutalisé et volé un agent de recensement venu faire son travail à Cavani. Si le butin des voleurs était maigre (une paire de sandales et un téléphone qui n’a jamais été retrouvé), l’un d’entre eux a néanmoins été condamné à 6 mois de prison ferme en raison d’un casier judiciaire bien rempli en tant que mineur.

Deux jeunes hommes comparaissaient ce vendredi après-midi devant le tribunal de grande instance de Mamoudzou pour « vol en réunion ». « Cueillis » le jour même des faits par les policiers au supermarché Baobab, ils comparaissaient dans la même tenue vestimentaire qu’ils avaient le jour du vol, très précisément décrite par la victime, que nous nommerons monsieur M. Ce dernier, agent de recensement, a été pris à partie mercredi 17 janvier à 11 heures à Cavani par un groupe de 5-6 jeunes qui l’a apostrophé violemment en le sommant de dire d’où il venait. Monsieur M., pris de panique, a menti en déclarant habiter Cavani. Mais cela n’a pas dissuadé le groupe de jeunes de lui faire les poches, dérobant son téléphone et le dépossédant de sa paire de sandales. Pieds nus, la victime a été récupérée en voiture par un ami lorsqu’il a revu le même groupe de jeunes en train d’entrer dans le supermarché Baobab. Ni une ni deux il a appelé la police, décrivant précisément les vêtements de deux de ses agresseurs qui ont alors été arrêtés et placés en garde à vue. L’un des jeunes était bien en possession de la paire de sandales de la victime. Le téléphone, en revanche, n’a jamais été retrouvé.

Les réquisitions de Tarik Belamiri, substitut du procureur, ont été suivies au-delà de ses espérances.

Interrogés par le juge, les deux prévenus ont eu bien du mal à justifier leur comportement. Le premier, Attoumane Dani dit « Masto », a prétendu d’une manière particulièrement cocasse, avoir juste « emprunté » les chaussures de la victime. « J’avais besoin de chaussures pour aller faire une course à Baobab, je lui ai donc demandé de me prêter les siennes. Il m’a dit « tiens, prends, mon frère ! », a affirmé Masto tout en prétendant ne jamais avoir volé de téléphone. Une version qui va évidemment totalement à l’encontre de celle de la victime qui affirme avoir eu extrêmement peur lors de ce vol en réunion et d’en avoir gardé « un traumatisme ». Quant au deuxième prévenu, Nassim Chakiri dit « Bolo », il nie carrément les faits, prétendant qu’il n’était pas là lors de l’évènement, alors même que sa tenue vestimentaire était exactement celle décrite par la victime et qu’il se trouvait bien en compagnie de « Masto » lors de son arrestation. « L’être humain peut se tromper », a-t-il dit au juge, dont ce dernier soulignait la « troublante coïncidence ».

« Une explication ubuesque » selon le substitut du procureur

Tarik Belamiri, le substitut du procureur, a souligné le caractère « ubuesque » de l’explication de Masto et fustigé le déni total de Bolo, alors même que toutes les preuves étaient contre lui. Les deux jeunes hommes de 18 ans tous les deux étaient jugés pour la première fois en tant qu’adulte, mais leur casier en tant que mineur est déjà bien rempli. Masto a déjà été condamné 6 fois par le tribunal pour enfant dont 5 fois pour vol en réunion. « Vous commencez à avoir un certain CV » a ironisé le procureur. En outre, le jeune homme a déclaré comme une fleur « avoir eu une enfance heureuse sans maltraitance ». « Pourquoi voler alors ?, lui a demandé Tarik Belamiri. – Pour avoir ce que je voulais ou alors j’étais entraîné par les autres, a répondu tranquillement le jeune homme devant un procureur sidéré qui a requis 6 mois de prison ferme contre lui. – Même si le butin est modeste, la victime a passé un très mauvais moment. Beaucoup de choses ont déjà été essayées par le tribunal pour enfant afin de faire rentrer ce jeune homme dans le droit chemin, je pense donc que maintenant il lui faut un choc carcéral », a-t-il déclaré.

Fatih Rahmani, avocat commis d’office, a tenté de démontrer que « les preuves étaient minces dans cette affaire »…en vain !

Bolo est également déjà connu de la justice. « Une enquête est en cours contre vous pour violences aggravées, qu’avez-vous à dire de cela ?, lui a demandé le procureur. – Je ne me rappelle pas », a déclaré Bolo qui est resté dans la dénégation jusqu’au bout. Ce qui n’a pas empêché au procureur de requérir 4 mois de prison avec sursis contre lui. Maître Rahmani, l’avocat commis d’office pour les deux jeunes hommes, a eu beau essayer de démontrer que les preuves étaient minces dans cette affaire (« nous n’avons que les déclarations de la victime et rien d’autre »), le tribunal a finalement condamné Masto à 6 mois de prison ferme et Bolo à 6 mois avec sursis, allant même au-delà de la réquisition du procureur. Preuve que les actes de délinquance commis en étant mineur finissent par se payer un jour ou l’autre !

Nora Godeau

 

Partagez l'article:

Les plus lus

Articles similaires
Similaire

L’ADIM a inauguré la 2ème édition de « la Semaine de l’innovation »

L’Agence de Développement et d’Innovation de Mayotte (ADIM) a inauguré ce mardi la 2ème édition de « la semaine de l’innovation », qui vise à stimuler la créativité et l’innovation sur le territoire mahorais.

Lycée de Tsararano, entre droit de retrait et droit d’étudier

Les violences qui ont éclaté jeudi entre deux bandes rivales au lycée polyvalent de Tsararano, ont incité une petite partie d’enseignants à exiger des améliorations techniques du cadre de leur prise en charge. Le rectorat indique avoir déjà activé des mesures, et invite à la reprise des cours.

Tribunal judiciaire : les agressions sexuelles, fléau toujours aussi présent à la barre du tribunal

Plusieurs affaires d’agressions sexuelles étaient au rôle de ce mardi à l’occasion de l’audience correctionnelle au tribunal judiciaire de Mamoudzou. La première affaire impliquait une victime mineure, âgée de 15 ans au moment des faits, et une autre agression sexuelle a été faite sous la menace d’une arme, une machette en l'occurence.

Mayotte Nature Environnement poursuit le dispositif « Sentinelles de la Nature »

Coordonnée depuis juin 2023 sur notre île par l’association Mayotte Nature Environnement (MNE), la plateforme numérique Sentinelles de la Nature permet de signaler les atteintes et les initiatives favorables à l’environnement.
WP Twitter Auto Publish Powered By : XYZScripts.com