« L’hôpital c’est un sanctuaire », voici les mots prononcés par Jean-Mathieu Defour lors de l’ouverture de cette cérémonie de voeux pour l’année 2024. Il faut dire que l’année 2023 a été « extrême », comme l’a rappelé le directeur du CHM.
Ces mots se réfèrent à l’insécurité vécue sur le territoire de Mayotte, première cause du chaos qui a régné sur l’île et jusqu’au sein du CHM. En effet, cette insécurité a été telle qu’elle a mis en péril le fonctionnement de l’hôpital, où de nombreux soignants ont été victimes de violences dans le cadre de leurs fonctions. Pourtant, en référence à son ancien statut de soignant, Jean-Mathieu Defour, a défendu qu’ « un soignant, c’est quelqu’un qui est configuré pour soigner, pour aider les gens (…) il est absolument intolérable que ceux qui font du bien puissent être eux-mêmes agressés et empêchés de soigner. »
Pourtant, comme l’avait constaté l’ancien Ministre de la Santé et de la Prévention, Aurélien Rousseau, lors de sa visite du CHM le 8 décembre dernier, il règne au Centre hospitalier un calme ambiant, qui dénote avec l’activité extrêmement intense à laquelle est confronté chaque jour le personnel hospitalier, signe d’une grande résilience !
« Malgré le contexte, le CHM n’a jamais cessé de fonctionner »
Comme l’a déclaré Jean-Mathieu Defour, « malgré le contexte, le CHM n’a jamais cessé de fonctionner, souvent dans des conditions difficiles, mais les services tournent, même parfois en mode dégradé, les patients sont pris en charge, la continuité des soins est assurée. »
Fier de l’engagement de son personnel, le directeur du CHM a affirmé que le temps moyen d’attente aux urgences du Centre hospitalier de Mayotte était de 4 heures : « Si cela peut paraitre long, citez-moi un autre hôpital aujourd’hui en France où ce temps est nettement plus court »
Jean-Mathieu Defour a chaleureusement remercié l’ensemble de la communauté hospitalière pour sa mobilisation constante, mais aussi « ce qui entoure le CHM », à savoir l’Agence régionale de santé (ARS) de Mayotte et l’ensemble des ARS du territoire national pour leur soutien avec des renforts ; la Préfecture de Mayotte pour avoir protégé du mieux que possible avec les forces de l’ordre le CHM et notamment les équipages SMUR, « qui sont obligés de se projeter partout sur le territoire de Mayotte », et « qui aussi invraisemblable que cela puisse paraître », ont été les cibles d’une grande violence.
« Le CHM fait énormément de choses et nous allons le valoriser ! »
« Le CHM fait énormément de choses et nous allons le valoriser ! » clin d’oeil aux journalistes, le directeur du CHM, dresse la liste de toutes les choses positives qui se sont passées au CHM cette année, révélatrices de l’implication sans faille du personnel hospitalier et des talents, ces hommes et ces femmes, qui chaque jour, pour certains « se lèvent à 3 heures du matin pour venir travailler (…) les soignants du corps médical, paramédical, les ASH, les secrétaires, les ambulanciers, les agents biomédical, les agents qui travaillent à la blanchisserie, tout le monde du CHM », comme l’a commenté le Dr Abasse.
Comme ces évènements majeurs, lors de cette année 2023 écoulée, avec notamment la création du premier service de cardiologie de Mayotte, qui malgré des difficultés de recrutement, a eu le mérite d’être créé . Aussi, avec une coopération avec l’Hôpital Cochin de Paris, une fédération inter-hospitalière d’ophtalmologie a été mise en place, entre l’hôpital Cochin et le CHM, pour permettre au CHM de disposer « enfin » pour reprendre les termes de Jean-Mathieu Defour, « d’un service d’ophtalmologie ici à Mayotte ». Grâce aux efforts du Dr Chamouine et de son équipe, une Unité de Recherche Clinique a été mise en place au CHM, pour permettre au CHM de valoriser ses activités de Recherche. Le service d’odontologie du CHM a également été référencé comme « Centre de Compétences Maladies Rares » (CCMR). L’Institut des Etudes en Santé (IES) de Mayotte a obtenu la certification Qualiopi comme signe de ses enseignements de grande qualité dispensés. En 2023, le laboratoire du CHM a obtenu une accréditation COFRAC (Comité Français d’Accréditation). La pharmacie du CHM s’est dotée d’une centrale de stérilisation neuve. En outre, de nouvelles ambulances sont arrivées, permettant de renouveler le parc des ambulances de l’hôpital. De plus, la zone d’atterrissage pour des hélicoptères, « hélisurface », de Petite-Terre a été finalisée, et pourra être utilisée pour le transport des patients urgents, dès réception de l’autorisation d’exploitation. Enfin, le projet médico-soignant du CHM a été validé, il s’agit d’une véritable feuille de route permettant au CHM de se mettre en ordre de marche à court, moyen et long terme, durant la restructuration du site du CHM et la création du deuxième site hospitalier à Combani. Le directeur du CHM a remercié le Président de La République, Emmanuel Macron, et son ancienne Première Ministre, Élisabeth Borne, pour les investissements de l’État à hauteur de 242 millions d’euros, pour la modernisation, l’extension du CHM et la création d’un deuxième hôpital à Combani.
Aussi, de nombreux soignants mahorais ont été reçus à de prestigieux concours : « Il y a actuellement une diaspora mahoraise à l’École des hautes études en santé publique de Rennes, c’est formidable, car ce sont des professionnels qui vont avoir des fonctions de direction et qui, peut-être, reviendront à Mayotte! » s’est enthousiasmé le Directeur du CHM.
« L’année 2024 sera charnière ! »
Aux prémices de 2024, le directeur du CHM l’a affirmé haut et fort face à la communauté hospitalière, « l’année 2024 sera charnière, nous allons poursuivre nos travaux, pour améliorer le quotidien des soignants et la prise en charge des patients (…) notamment en mettant en place un projet de cardiologie interventionnelle avec l’acquisition d’une table des coronarographie, mais aussi la mise en place d’un hélisurface à Dzoumogné. »
En ce qui concerne les travaux de restructuration du CHM, ces derniers ne seront pas sans impact sur la qualité de travail des soignants, mais Jean-Mathieu Defour a « confiance » en son personnel qui est « endurant » et « résiliant ». « Les travaux sont toujours des moments inconfortables, avec du bruit et de la poussière, mais c’est une étape indispensable, pour aller vers du mieux, pour mieux accueillir les patients et que vous puissiez travailler dans de meilleures conditions. »
Mathilde Hangard