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Séismes à Mayotte : la Terre chuchote toujours !

L’actualité récente du Japon nous a malheureusement rappelé que nul n’est jamais suffisamment préparé contre les colères de Gaïa ! Et à Mayotte qu’en est-il de l’actualité sismo-volcanique en ce début d’année 2024 ?

Des campagnes May’obs sont régulièrement menées pour surveiller la zone sismo-volcanique sous-marine (illustration/DR)

En 2018, l’essaim de séismes qui avait fait irruption (sans mauvais jeu de mot !) dans le quotidien sismo-confortable des habitants de l’île au lagon avait déclenché des tsunamis de panique (sans mauvais jeu de mots non plus !). Interloqués, les scientifiques se sont penchés sur la question et cela a été le début d’une série d’études et de campagnes en mer pour définir les raisons de ce réveil soudain de la Terre. En 2019, un volcan sous-marin de 800 mètres de hauteur a été découvert, mais les scientifiques nous ont répété qu’il ne constituait pas la cause en soi des tremblements de terre ressentis par la population. Il serait donc juste un artefact de l’activité tectonique au même titre que l’essaim ou plutôt les essaims puisque d’autres ont ensuite suivi. La population s’est bientôt habituée à subir ces séismes à répétition en appliquant (ou pas !) les consignes « que faire en cas de séismes ? » communiquées par la préfecture. Le volcan sous-marin, bientôt baptisé Fani Maoré, est devenu une partie intégrante de l’île au lagon et a fait l’objet de toute l’attention des scientifiques qui ont ensuite mené 17 campagnes d’études May’obs jusqu’en 2022.

Ludivine Sadeski, directrice du BRGM de Mayotte (Bureau d’études géologiques et minières) (®MLG)

Entre avril 2020 et le début de l’année 2022, le REVOSIMA (Réseau de Surveillance Volcanologique et Sismologique de Mayotte) a constaté une lente décroissance de la sismicité jusqu’à stabilisation. En réalité, plusieurs centaines de séismes par mois sont encore enregistrés, mais leur magnitude est trop faible pour que la population puisse les ressentir. Sauf exception, comme cela a été le cas le 23 août 2023. Le déplacement vers l’est (de 21 à 25 cm selon les sites) et l’affaissement de Mayotte (de 10 à 19 cm) ont également été stoppés. « L’affaissement était dû à la vidange de la chambre magmatique du volcan qui, en se rétractant, emportait l’île vers les profondeurs », explique Ludivine Sadeski, la directrice du BRGM. « Or nous n’avons pas enregistré de nouvelle coulée depuis janvier 2021 », ajoute-elle. Les bulletins du REVOSIMA précisent que « depuis 2021, l’éruption est probablement arrêtée, mais aucune hypothèse n’est pour l’instant écartée quant à l’évolution de la situation à venir (arrêt définitif, reprise de l’activité éruptive sur le même site, reprise de l’activité éruptive sur un autre site) ».

Un faible risque de séisme violent, mais rien n’est totalement exclu !

La naissance du volcan, étape par étape (DR/illustration)

« Il est scientifiquement impossible de prévoir un séisme », rappelle Ludivine Sadeski. « En consultant l’historique des séismes dans la région depuis le 19ème siècle, on constate que la plus forte magnitude a été jusqu’à présent de 6 sur l’échelle de Richter, mais rien n’est à exclure en sismologie ! », tempère-t-elle. La prudence reste donc de mise et les Mahorais doivent bien garder en tête les consignes quant à la conduite à tenir en cas de séisme. La panique est le pire ennemi de la population dans ce genre de situation ! Si les séismes sont de faible magnitude depuis quelques années, la zone reste sismiquement et volcanologiquement active. Des gaz, principalement constitués de CO2, continuent d’ailleurs d’être émis dans la zone du Fer à Cheval. Des études sont encore menées à ce jour pour déterminer si cela aura un impact sur la biodiversité de la région.

La première sirène d’alerte tsunami a été inaugurée en octobre 2022 à Dembéni.

Ce qui est sûr, c’est que la configuration tectonique de Mayotte n’a strictement rien à voir avec celle du Japon. « Le Japon est une zone de subduction avec une friction de la lithosphère océanique passant sous la lithosphère continentale. Une configuration qui génère automatiquement un risque de séismes violents », explique la directrice du BRGM. « A Mayotte, on a longtemps cru qu’on était sur un point chaud (volcan stable et plaque qui se déplace), mais finalement ce n’est pas le cas. Les dernières études ont montré qu’on était dans une zone de plaques pas encore bien définies et c’est ce qui produit l’activité sismo-volcanique. Cette limite de plaque semble être en prolongement du rift est-africain qui est en train de se créer en Ethiopie. Ce dernier finira par générer un nouvel océan dans quelques millions d’années », poursuit-elle. Une configuration générant une activité, certes, mais beaucoup moins risquée qu’au sein de celle du Soleil Levant. La prudence reste toutefois de mise d’autant que le risque de tsunami n’est pas non plus à exclure. « Un tsunami pourrait se produire en cas de séisme fort (au moins 7 sur l’échelle de Richter), mais c’est peu probable, ou en cas d’effondrement d’une partie du lagon, scénario plus probable », explique la scientifique. Un programme d’évacuation a été mis au point par les autorités au cas où. Il est consultable sur le site EVACTSUMAYOTTE. Par ailleurs, les bulletins du REVOSIMA, avec toutes les explications détaillées sur l’activité sismo-volcanique de la zone par mois, est consultable sur https://www.ipgn.fr/actualites-du-revosima.fr/

N.G

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