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Captages illégaux en rivière : Les contrôles et la lutte vont s’intensifier

Une nouvelle opération de contrôle contre le captage illégal d’eau en rivière, dans le cadre de la Mission Inter-Service de l’Eau et de la Nature (MISEN), a eu lieu hier sur un affluent de l’Ourovéni. Après Combani et Bouyouni, c’est la troisième opération de ce type depuis le mois de septembre. L’enjeu est de récupérer de l’eau goutte que goutte !

La chasse aux captages illégaux en rivière est belle et bien lancée sur le territoire de Mayotte. Différents services de l’État étaient présents hier matin aux côtés du Conseil départemental: l’Office français de la biodiversité, la Direction de l’Environnement, de l’Aménagement, du Logement, la Police de l’environnement… pour détruire un ouvrage qui captait et détournait de l’eau illégalement. « Nous intervenons sur le captage en rivière sur des ouvrages qui détournent ou retiennent l’eau et assèchent certains endroits. Nous effectuons au préalable des repérages afin de procéder à des contrôles et de recenser les captages connus et ceux qui ne le sont pas, donc illégaux. Pour cela, nous avons des équipes sur le terrain qui suivent les tuyaux et remontent les cours d’eau », explique Jean-François Leroux, chef du service environnement et prévention des risques à la DEAL.

Jean-François Leroux est chef du service environnement et prévention des risques à la DEAL.

Selon ce dernier ce ne sont pas moins de 13 captages illégaux qui ont été détruits en trois opérations depuis le mois de septembre, notamment 6 en rivière de Bouyouni et un en amont de la retenue de Combani. Dans le cas de l’affluent de l’Ourovéni l’enjeu est majeur puisqu’une usine de potabilisation se trouve non loin de là. « Notre objectif est d’intervenir sur les bassins versants. Ici l’enjeu est crucial puisque l’eau captée était détournée et ne pouvait donc pas être acheminée dans l’usine de potabilisation, au grand détriment de la population, ajoute-t-il. Notre but est donc d’aller chercher la moindre goutte d’eau pour la réintroduire dans le circuit d’eau potable ». Hier ce sont cinq captages illégaux qui ont été détruits par les agents de la Police de l’eau et de l’Office français de la biodiversité. Tous les captages ne sont pas détruits, certains sont autorisés et nécessitent d’être régularisés afin de « maintenir un équilibre, un écosystème permettant aux animaux de vivre », insiste Jean-François Leroux.

Un Schéma d’entretien et de restauration des rivières dans les tuyaux…

La semaine dernière le Conseil départemental a adopté le principe de la mise en place d’un Schéma d’entretien et de restauration des cours d’eau de Mayotte. « Il ne manque plus qu’à faire le plan de financement », se réjouit Ronan Le Goaster, chef du bureau de la gestion de l’eau à la Direction de l’environnement au sein du Conseil départemental. Si l’adoption de ce Schéma revêt un caractère particulier c’est que Mayotte est en soit un département particulier. En effet, c’est le seul territoire de France où le Conseil départemental est propriétaire des ressources en eau, y compris des nappes phréatiques ainsi que des ouvrages.

Ronan Le Goaster est chef du bureau de la gestion de l’eau à la Direction de l’environnement au sein du Conseil départemental.

« Tous les cours d’eau, les affluents, les retenues collinaires appartiennent au Conseil départemental, affirme Ronan Le Goaster. C’est pour cela que nous devons travailler avec l’ensemble des services de l’État afin d’unir nos forces pour lutter contre les captages illégaux et les prélèvements sauvages qui portent préjudice à la potabilisation de l’eau et, in fine, à la population ». Mayotte dispose de deux usines de potabilisation qui produisent chacune 10.000 m3 d’eau potable chaque jour, selon le chef du bureau de la gestion de l’eau à la Direction de l’environnement. L’enjeu de protéger et de préserver les ressources en eau est donc majeur. Aussi, le plan de financement du Schéma entretien et restauration des rivières devrait permettre d’investir près de 20 millions d’euros sur trois ans. « Nous avons recensé près de 400 interventions à réaliser dans les rivières, fait remarquer Ronan Le Goaster. Cela consistera, entre autres, aux renforcements des berges et à des replantations. Notre but affirmé est de reconquérir la rivière et de remettre en état le milieu naturel ».

Malheureusement, pour l’instant, les agents de l’État n’ont que peu de moyens pour sanctionner les infractions. « Nous sommes en lien avec le Procureur afin de procéder à des mises en demeure et dresser des amendes. Mais surtout nous souhaitons pouvoir donner des suites judiciaires quand il y a de grosses infractions ou simplement faire des régularisations », complète Jean-François Leroux.

La création prochaine d’un Office de l’eau

De nombreux coups de masse ont été nécessaires ainsi que l’utilisation d’une disqueuse pour venir à bout de l’ouvrage illégal de captation d’eau.

La crise de l’eau que connait notre territoire depuis maintenant plusieurs mois a entrainé une prise de conscience de la population sur la nécessité de bien gérer cette ressource, a fortiori pour les agriculteurs de l’île qui ne peuvent plus cultiver faute d’eau. Aussi, plusieurs réflexions sont menées pour mettre en place des actions, développer des alternatives afin de baisser la consommation en eau. « La crise de l’eau a montré qu’il était temps d’agir et de reconquérir ce milieu qui a été trop longtemps délaissé », constate Ronan Le Goaster. C’est peut-être un mal pour un bien ?!

Toutefois l’ensemble des parties prenantes au problème de l’eau sont favorables à la création d’un Office de l’eau que viennent d’adopter les conseillers départementaux  afin de pouvoir coordonner l’ensemble des acteurs (organismes, associations, services étatiques ,…) et proposer des solutions. « La création d’un Office de l’eau adapté au contexte mahorais sest une très bonne chose. C’est le chaînon manquant à Mayotte ! C’est le seul département d’Outre-mer qui n’en possédait pas. Cela permet d’avoir un organe de gouvernance de l’eau et de financer les projets liés à la problématique de l’eau, de proposer des missions en mettant en place une feuille de route », d’après Jean-François Leroux.

La police de l’environnement était là pour s’assurer du bon déroulement des opérations.

En attendant l’installation de l’Office de l’eau, d’autres repérages d’ouvrages illégaux sur des cours d’eau ont lieu ces prochains jours et des opérations de lutte contre le détournement et le captage d’eau continueront dans les prochaines semaines.

B.J.

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