C’est avec un certain satisfecit que le recteur Jacques Mikulovic et le directeur de l’ARS de Mayotte, Olivier Brahic, ont annoncé, lors d’une séance de vaccinations au collège de Pamandzi, le bon déroulement de la campagne de rattrapage vaccinal pour les collégiens de l’île. « L’étude de Santé publique France avait révélé que près d’un quart des collégiens n’avait pas eu de dose de rappel concernant le vaccin contre la diphtérie-tétanos-poliomyélite-coqueluche (DTPc), indique le directeur de l’ARS. Aussi nous avons décidé de mener une grande opération de rattrapage pour le DTPc et le ROR (rougeole-oreillons-rubéole) afin d’augmenter la couverture vaccinale ».
Le moins que l’on puisse dire c’est que cette campagne porte ses fruits puisqu’Olivier Brahic annonce des chiffres plus que satisfaisants. « Pour la première session qui s’est déroulée de janvier à mars 2023, nous sommes passés pour le DTPc chez les collégiens d’un taux de vaccination de 27% à 68% », se félicite le directeur de l’ARS. De plus, une fois n’est pas coutume, Mayotte fait figure de précurseur en ce qui concerne le vaccin contre le papillomavirus (HPV). « Le Président de la République a annoncé il y a quelques semaines la vaccination contre l’infection à papillomavirus (HPV) pour les collégiens. A Mayotte, dès le mois de janvier dernier nous avons pris les devants en proposant en plus la vaccination contre le papillomavirus, qui protège notamment contre le cancer de l’utérus, et 46% des collégiens, filles et garçons, ont reçu la première dose alors qu’au niveau national il n’est que de 30% », complète le directeur de l’ARS.
Concernant les cas de poliomyélite qui pourraient augmenter du fait des problèmes d’approvisionnement en eau potable, Olivier Brahic se veut rassurant et confiant. « Nous sommes extrêmement vigilants concernant les maladies hydriques… Mais à ce jour nous n’avons pas noté de recrudescence des cas de poliomyélite et autres maladies de ce type », assure-t-il. Quant au recteur Jacques Mikulovic, il est plutôt satisfait et content du bon déroulement de cette campagne de vaccination. « C’est une campagne de prévention mais aussi d’éducation à la santé. C’est un investissement fait pour la jeunesse de ce territoire », a-t-il commenté.
Une organisation et une logistique quasi militaires
Pour assurer le bon déroulement de cette campagne de rattrapage, la Réserve Sanitaire de Santé publique France a été appelée en renfort. Ce sont ainsi plusieurs dizaines de professionnels de santé (médecins, pharmaciens, infirmières, …) qui sont présents dans l’île depuis une quinzaine de jours. « Nous vaccinons entre 200 et 300 jeunes chaque jour, raconte Nicole Gatineau-Saillant, référente au sein de la Réserve Sanitaire de Santé publique France. L’objectif est de faire deux collèges par semaine. Depuis lundi dernier une équipe d’une douzaine de personnes est présente au collège de Pamandzi et une autre à Labbatoir ».
Et pour le coup tout est réglé comme du papier à musique puisqu’une chargée de mission de santé auprès du cabinet du recteur, Barbara Massez, est passée dans les établissements scolaires au préalable. « Je me suis assurée que la logistique puisse fonctionner le moment venu dans les établissements. J’ai également fait de la sensibilisation, de la distribution de documents ainsi que les attestations autorisant les enfants à se faire vacciner. Les parents sont libres de choisir de faire vacciner ou non leurs enfants, mais il faut savoir que la vaccination contre certaines maladies est obligatoire pour aller à l’école », explique-t-elle. A priori les familles jouent le jeu car en un peu moins de trois semaines c’est plus de 3.200 collégiens qui ont reçu une dose.
En ce qui concerne l’organisation au sein même des établissements scolaires tout est parfaitement bien huilé. « Les enfants arrivent avec leur professeur devant la salle de vaccination en fonction d’un planning définit à l’avance. Ils passent ensuite devant un personnel administratif qui contrôle l’attestation remplie par les parents, puis rencontrent un médecin qui vérifie le carnet de vaccination et prescrit en fonction les vaccins. Le pharmacien prépare les différents vaccins prescrits et ensuite les enfants se font vacciner par des infirmiers(ères) avant de se faire enregistrer », étaye Nicole Gatineau-Saillant.
Durant les vacances scolaires qui commencent demain, la campagne de vaccination ne va pas s’arrêter en si bon chemin puisque l’ARS compte vacciner les enfants qui ne sont pas scolarisés en allant dans certains quartiers mais aussi et surtout en s’appuyant sur les partenariats établis avec des associations qui ont identifié certains mineurs. L’immunité collective des Mahorais passe par la vaccination de la jeunesse assurant ainsi une bonne santé sur notre territoire.
B.J.