Après l’horreur, encore vive, vécue la semaine dernière par la famille et les proches de Nadine Séon, l’heure était au recueillement ce dimanche. Bien que ce ne soit pas une messe dédiée à sa mémoire, mais l’office dominical habituel, la jeune femme, catholique, était logiquement partout. Une photo d’elle trônait devant l’autel, et le père Bienvenu Kasongo, curé de la paroisse Notre-Dame-de-Fatima, saluait sa mémoire à différentes reprises et sous différentes formes. Au premier rang, ses parents et ses deux frères arrivés en milieu de semaine dernière.
« Comment peut-on tuer l’être qu’on a aimé, comment la chosifier au point de la jeter dans une poubelle ?! », entamait-il, en évoquant « un cœur en besoin de conversion » chez le meurtrier présumé. « Ce n’est pas l’amour, l’amour, c’est la rencontre de deux libertés, si ce n’est pas le cas, la relation est toxique, il fallait l’arrêter. A plusieurs reprises, le prêtre rappelait que « l’âme de Nadine n’a pas été tuée, elle, c’est la vie éternelle qui l’attend ».
Une messe dominicale dont les textes sont prévus à l’avance, tournaient autour de l’accueil, la porte ouverte aux grands comme aux petits qui équivaut à accueillir Dieu, « celui qui donnera à boire, même un simple verre d’eau fraîche à l’un de ces petits en sa qualité de disciple, amen, je vous le dis: non, il ne perdra pas sa récompense » (Mt 10, 37-42). Mais dont un des passages est « exigeant », selon le qualificatif du prêtre lisant l’Evangile du jour. « En ce temps-là, Jésus disait à ses Apôtres : ‘Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi; celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas n’est pas digne de moi’. » Une citation peu abordable, que le père décryptait : « Dieu appelle à L’aimer tellement que, pour le croyant, cet amour rejaillit sur son père et sa mère, sur son fils ou sa fille ».
« Stop aux féminicides »
Autour de la photo de Nadine Séon, le cierge Pascal était allumé pour l’occasion, « signe de la résurrection de Jésus, le passage de Nadine de la Terre au royaume de Dieu ».
La communauté était invitée à prier pour ses parents et ses frères, et le temps de trois « Je vous salue Marie », ce sont les amies et amis de Nadine qui ont entouré les parents devant l’autel. Un moment fort de communion.
A l’issue de la cérémonie, les proches et moins proches ont entamé la marche blanche silencieuse, de l’église à la pointe Mahabou. S’y étaient glissés les maires de Mamoudzou et de Dembéni, la conseillère départementale de Dembéni. Le parcours était sécurisé par la police municipale. A l’arrivée, c’est un cortège de plus de 300 personnes qui s’est dirigé vers la plage, un lieu où aimait se rendre la jeune femme, pour que la famille dépose un bouquet de fleurs dans la mer.
De nombreuses pancartes de témoignage et de soutien étaient brandies, dont une grande, en rouge, pour que cessent les féminicides.
Bien que le corps n’ait à ce jour pas été retrouvé selon le procureur, des obsèques peuvent toujours se tenir indiquait le père Bienvenu Kasongo, avec une messe entièrement dédiée à Nadine Séon.
Anne Perzo-Lafond