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Retour sur scène pour le Baobab Festival qui frappe ses trois coups pour Kazyadance et Marivaux

Alors que la métropole vit un printemps culturel sans pareil à la suite d’une longue hibernation, à Mayotte en cette fin d’année scolaire, les lycéens de l’option théâtre, leurs professeurs et le recteur savouraient le retour sur les planches ce samedi de comédiens privés trop longtemps de représentations.

Ce retour du Baobab Festival après un an et demi de restrictions sanitaires, élèves et enseignants le goûtaient comme en métropole à la lueur du manque, « on se retrouve enfin pour partager nos émotions grâce au théâtre qui nous fait voyager ailleurs et dans le temps », soulignait le recteur Gilles Halbout pour lancer la journée, en citant la metteuse en scène Ariane Mnouchkine, « Le théâtre a charge de représenter les mouvements de l’âme, de l’esprit, du monde, de l’histoire ».

Une citation illustrée dans toutes ses facettes par le programme du Festival cette année. Il accueillait les Terminales en option théâtre des lycées de Sada, de Kahani, de Chirongui et donc du lycée des Lumières qui avaient chacune reçu un Tee-shirt à effigie du Festival.

Planches et projecteurs en service pour une journée de théâtre au lycée des Lumières

Avec la compagnie Kazyadance, on ne coupe pas à la recherche identitaire. « Murmures des décasés » de Djodjo Kazadi, chorégraphe et danseur congolais, qui dirige la Compagnie ainsi que « Le Royaume des Fleurs » en Petite Terre, est en bouclage de création. Les quatre danseurs-comédiens retracent plus que l’histoire des habitants du quartier des décasés à Pamandzi, ils recherchent l’authenticité de la démarche de la population de Mayotte : « Qui sommes-nous, où on est, c’est quoi notre place ? », résume l’auteur. Un peu sur le mode, « c’était mieux avant », l’humour ajoute cette fois de la légèreté tout en nourrissant le propos. Un exemple d’une actualité crue : les pages des programmes et plans de développement de Mayotte, « les constructions d’hôpitaux, de pistes longues, d’écoles, de retenues collinaires… », dessinent un long chemin d’assimilation sur la scène, « on les colle pour ne pas se perdre ». Induisant une chute peu optimiste, « l’âme est issue de l’union entre le corps et l’esprit. Tu es morcelé, tu n’a pas d’âme », sans oublier les hommes politiques et la critique de leurs recettes de cuisine.

Qui de l’homme ou de la femme…

Des tables rondes sur les métiers du comédien et les métiers du spectacle ont été animées au cours de la journée, et proposées notamment par la Chargée de mission Théâtre de l’académie, Anouk Martaud-Robert, et l’enseignante de la spécialité Laetitia Pau.

Une belle prestation des comédiens en herbe pour la Dispute de Marivaux

Si « Murmures des décasés » a été suivie dans le silence par les élèves éveillés à l’exercice, la pièce de Marivaux déclenchait l’hilarité générale. « La Dispute » reprend en prose et en un acte le thème chéri de l’auteur du XVIIIème sur l’inconstance amoureuse. Deux hommes et deux femmes sont lâchés dans le monde après avoir été élevés au fin fond d’une forêt, il s’agit autant de savoir s’ils seront fidèles dans leur amour que débusquer qui de l’homme ou de la femme varie le plus. Sur un thème voisin du bon sauvage et de l’homme bon corrompu par la société de Rousseau, les baises-main s’enchainaient pour le plus grand bonheur de l’auditoire. Une production quasiment sans faute, de la part de comédiens déjà aguerris pour certains, on pense notamment à celle qui endosse le personnage de Carise dominant son espace scénique.

La journée s’est poursuivie avec la projection du film « Au-delà des mers, rêves de théâtre », et l’œuvre « Tous des oiseaux » sous titrée par son auteur Wajdi Mouawad « Un chagrin ça attend patiemment son heure. Nous y sommes », mise en lumière par les Terminales des Lumières et de Sada.

Anne Perzo-Lafond

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