16h30: Les tirs continuent à Koungou. Le lieutenant-colonel Capelle qui commande la gendarmerie de Mayotte, nous explique cette réaction massive des bandes de jeunes: « Dans le cadre de l’opération à venir de destruction du quartier insalubre Jamaïque, les gendarmes mobiles ont dû procéder au contrôle de la situation administrative des familles, ce qui a provoqué le soulèvement d’une petite centaine de jeunes sur les hauteurs. Nous tentons depuis ce matin d’éviter qu’ils ne viennent perturber la circulation de la RN1 et qu’ils ne dégradent des logements ou la mairie ». L’hélicoptère était toujours sollicité à 16h30, ainsi que les VAB, nous sommes en train de procéder à des interpellations. Mais je répète que compter sur le tout sécuritaire ne fonctionnera pas, il faut aussi encadrer ces jeunes en amont. » Du côté des forces de l’ordre, il rapporte quatre blessés légers, « des contusions ».
11h30: C’est plus d’une trentaine de tirs de grenades qui sont tirés par les gendarmes à Koungou depuis le milieu de matinée. Ce n’est plus la route nationale qui est bloquée par les jeunes cette fois, mais les hauteurs derrière le lotissement du Hameau du Récif. « Des jeunes ont mis le feu devant la résidence Makala pour protester contre un arrêté de décasage que vient de prendre le préfet », nous explique-t-on à la mairie de Koungou.
C’est le quartier Jamaïque qui est visé par un nouvel arrêté préfectoral, « il est prévu de détruire 200 cases illégalement installées. Nous les avons identifiées une par une, beaucoup de jeunes délinquants y vivent avec leurs parents. L’enquête sociale a été menée. Mais, ils défient l’autorité préfectorale là, impliquant l’action de la gendarmerie. »
L’arrêté se base sur de nombreux points pour ordonner ces destructions: des habitations « sans droit ni titre », érigées sur des pentes de 15 à 60%, des « désordres constatés », l’absence de réseau d’eau potable, de collecte des eaux usées, de compteurs électriques, de bennes à ordures ménagères, logements en situation de sur-occupation, etc. Le quartier est en outre considéré comme « sensible en matière de sécurité publique du fait de la présence majoritaire de famille d’immigrés clandestins ».
A l’heure où nous écrivons ces lignes, les tirs continuent, donnant depuis le village un sentiment de guerre civile. La circulation est coupée par intermittence sur l’axe principal Kawéni-Longoni.
A.P-L.