Arrivant à la fin de son mandat de président du conseil de la Sécurité Sociale de Mayotte, Salim Nahouda a dressé un bilan des travaux réalisés ou engagés pendant cette période. Certes il y a eu les grèves. Certes beaucoup reste à faire. Mais il ne peut être nié que du chemin a été parcouru, et que la CSSM s’est considérablement modernisée depuis 2012.
Le plus visible des changements concerne l’accueil des usagers. « Au début, il se faisait dans des tentes Place-Mariage, se rappelle le président. Des conditions indignes des valeurs que la CSSM entendait véhiculer. « En 2014, l’accueil a été transféré dans des locaux de meilleure qualité. On s’est inspiré d’un repérage que l’on a fait dans une caisse à Bobigny. »
Entre 2014 et 2015, le nombre de personnes accueillies a doublé, passant de 165 000 à 301 000 en un an. Une explosion qui s’explique par le rattachement de la branche santé à la branche famille (CAF) rapatriée de la Réunion. En 2016, le chiffre chute à 220 000. Cette baisse s’explique par le développement de l’accueil téléphonique et de l’ouverture en 2014 de la première permanence de proximité à Hamjago puis à Sada en 2016. Le 27 novembre dernier, un autre partenariat a été signé avec Kani-Keli et La Poste pour une nouvelle permanence dans la commune. Se développent aussi les accueils de premier niveau par les CCAS, un dispositif qui allège la CSSM dans environ un tiers des communes de Mayotte.
Les projets immobiliers ne s’arrêtent pas là. La CSSM attend pour le second semestre 2018 la livraison de son nouveau siège à Kawéni. Les travaux ont pris du retard à cause des grèves, tant au port qu’à la Colas. De plus, un litige autour du taux d’octroi de mer sur les matériaux de construction a mis à mal le projet avant qu’une négociation n’aboutisse avec le Conseil Départemental. Le nouveau siège, d’un coût de 26 millions d’euros, a aussi fait l’objet d’une bataille de longue haleine avec les autres caisses nationales pour « les convaincre de l’utilité de ce nouveau siège ». Sur le plan immobilier, la plupart des biens de la CSSM sont en passe d’être vendus. La mairie de Mamoudzou se porterait acquéreur d’une partie des locaux appartenant à la caisse.
Passage au numérique
Fin 2013, l’arrivée de la carte vitale a révolutionné le rapport aux remboursements. « Il a fallu batailler ferme, explique Salim Nahouda qui se rappelle les réticences
de Paris, où l’on était persuadé qu’on n’avait pas à Mayotte « un état civil fiable ». « Je leur ai prouvé qu’il était plus facile de falsifier les documents papiers. Ensuite la progression a été très rapide. Désormais les praticiens sont remboursés en 5 jours, alors qu’avant tout était sur papier. »
En quatre ans, la CSSM a distribué 32 000 cartes vitales. 80 000 restent encore à éditer pour les assurés mahorais.
Le compte Améli, qui dématérialise la plupart des formalités administratives, se développe lui aussi depuis cette année.
Enfin d’autres chantiers ont été engagés, notamment avec la loi Egalité Réelle. L’alignement sur le droit métropolitain des cotisations patronales concernant les accidents de travail et maladies professionnelles, la retraite complémentaire, l’instauration d’une pension minimum basée sur un pourcentage du SMIC, ou la CMU C, sont autant de changements qui devraient être actés en 2018.
« On est sur une pente montante, là où les autres DOM sont dans leur vitesse de croisière, analyse Salim Nahouda. L’arrivée prochaine de nouvelles prestations entraînera des embauches supplémentaires. » La CSSM gère seulement 7 prestations différentes, contre 30 dans les autres DOM.
Y.D.