En devenant Région Ultra Périphérique européenne le 1er janvier 2014, Mayotte est tombée dans le grand bain des réglementations. Et pour certaines, l’Europe ne rigole pas. L’assainissement en fait partie.
C’est de ses yeux que le commissaire Johannes Hahn avait constaté le fossé séparant le territoire des normes communautaires dans ce domaine, puisqu’il était venu en octobre 2013. L’accès à l’eau potable et l’assainissement avait été évalué à 700 millions d’euros. On sait depuis, et le vice-président du Département Sidi Mohamed l’a rappelé récemment, que cette somme correspond aux besoins du seul secteur de l’assainissement. Qu’il prévoit d’inscrire dans la prochaine enveloppe européenne, 2020-2026.
Or, les dérogations accordées par l’Europe à Mayotte dans une directive de décembre 2013 viennent d’être figées par le décret 2010-1497, pris par le premier ministre Edouard Philippe le 26 octobre dernier. Il impose aux communes de définir les zones d’assainissement collectif « où elles sont tenues d’assurer la collecte des eaux usées domestiques » et leur rejet ou réutilisation, les zones d’assainissement non collectif où elles « sont tenues d’assurer le contrôle de ces installations », au plus tard le 31 décembre 2020 pour les grosses communes*, et le 31 décembre 2027, pour les autres*.
Une station sans matière à traiter
Mais depuis 2014, les investissements ont peu avancé. Trois ans se sont écoulés, et le même laps de temps nous sépare du terme.
Des assainissement non collectifs sont programmés à Bandrélé, des micro stations d’épuration (STEP) sont sorties de terre comme à Longoni, et l’on attend avec impatience celle du Centre, un investissement de prés de 19 millions d’euros dont la première pierre a été posée en février dernier, et annoncée pour mars 2018 par Moussa Mouhamadi Bavi, président du Syndicat de l’Eau et de l’Assainissement de Mayotte (Sieam). La STEP est conçue pour traiter les eaux usées de 45.000 habitants, dont 15.000 lors de la 1ère tranche de travaux.
Mais continue à se poser un problème central : le raccordement de ses habitants. Inaugurée en 2011, la STEP de Dembéni ne traite les eaux usées de 10% des foyers. Qui paient pourtant la taxe sur l’assainissement. Le coût du raccordement est notamment en cause, qui impose un accompagnement financier sous peine de ne pas parvenir à répondre aux exigences européennes.
Pour y arriver, le Sieam avait mis en place un programme de réhabilitation et de développement du système d’assainissement de l’île sur la période 2015-2020. Ce Plan Pluriannuel d’Investissement (PPI) était estimé à 220 millions d’euros, et un prêt AFD de 2,25 millions d’euros avait été débloqué pour permettre de raccorder les habitants au réseau. En espérant que le Sieam parvienne à assainir la situation.
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com