15 étudiants présents sur 1.105 inscrits! C’est le quota moyen actuel du Centre universitaire de Formation et de recherche de Dembéni. «Beaucoup ne sont pas motorisés et utilisent habituellement les transports Matis», rapporte au JDM Aurélien Siri, Maître de conférence en droit privé au CUFR et Responsable du Département Droit-Economie-Gestion. Le blocage du rond-point de Doujani et en différents points, de la route qui mène à Bandrélé aura eu raison du déplacement de la plupart des étudiants.
S’il reste malgré tout une poignée d’irréductibles, c’est qu’il y a un enjeu: «Si la plupart des enseignants permanents chez nous sont bloqués, deux professeurs de droit viennent de la fac d’Aix-Marseille sur une courte durée et sont logés à proximité du CUFR. Les étudiants essaient donc de profiter de leur présence.»
Toujours pas de fibre optique à Dembéni
Des polycopiés sont en cours de rédaction, mais se pose la question du rattrapage: «Les derniers cours sont dispensés cette semaine, toutes section confondues. Les jours à venir sont consacrés aux révisions, pour passer les examens dans 2 à 3 semaines. Tout temps pris pour rattraper les cours nuira aux révisions.» Repousser les examens s’avère compliqué, «cela remettrait la 2ème session d’examen à août ou septembre, induisant un impact sur la prochaine rentrée.»
Pour poursuivre les cours, la visio-conférence est envisagée, ce qui éviterait tout déplacement de professeurs, «et très utilisée partout en France», mais paradoxe pour un centre de recherche, le CUFR de Dembéni est dans une zone de faible débit: «On nous avait annoncé l’arrivée de la fibre optique pour 2015, puis en janvier 2016, sans plus de nouvelles. On ne peut faire qu’une visio-conférence à la fois.»
L’équipe pédagogique espère que tout sera rentré dans l’ordre rapidement: «Si la grève se poursuit, nous serons obligé de suspendre les examens», craint Aurélien Siri.
« Chacun devra assumer sa responsabilité », pour les étudiants
De leur côté, les étudiants, comme tous le monde depuis deux semaines, font jouer le système D mais qui ne peut se traduire par Définitif: « Chaque matin, nous faisons entre nous un point barrage avec les informations que nous donnent les médias, et nous faisons remonter les impératifs des étudiants à l’administration du CUFR », explique Saïd Mohamadi, président de l’Association des Étudiants du CUFR.
Par exemple, des examens oraux devaient se tenir cette semaine, mais beaucoup étaient bloqués à Chirongui, « certains arrivent à être décalés le samedi, jour de moindre perturbation. »
Ils ne cachent pas leur inquiétude: « C’est la dernière ligne droite pour nous. Les étudiants manquent en ce moment des cours magistraux, ce qui va les empêcher de valider leur année. Ils risquent, comme les futurs bacheliers, de se retrouver en métropole avec des lacunes dans certains matières. Nous ne sommes pas contre la grève, mais ils doivent laisser passer les étudiants. D’autre part, si les entreprises sont touchées, l’arrivée sur le marché du travail va être encore plus difficile pour nous. Si c’est le cas, les responsables devront prendre leurs responsabilités sans reporter la faute sur quelqu’un d’autre »…
Il n’y a plus qu’à espérer qu’on n’ait pas comme en 2011 à lâcher un « tout ça pour ça ».
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte