Ils ont entre 21 et 23 ans et seront les premiers jeunes ambassadeurs des droits de l’enfant (JADE). A l’occasion de la journée internationale des droits de l’enfant, l’association des Ceméa et le Défenseur des droits déclinent le programme à Mayotte.
Zaïna, Faidati, Hassani et Nazdati vont être ambassadeurs. Ces jeunes adultes sont les premiers Mahorais à intégrer le club des Jeunes Ambassadeurs des Droits de l’Enfant (JADE). Ce dispositif qui a déjà formé 8 promotions en métropole est transposé pour la 2e fois en outre-mer, après l’expérience réussie de La Réunion. A Mayotte, comme ailleurs, il est destiné à promouvoir les droits directement auprès des enfants.
«Les JADE sont les représentants du défenseur des droits, explique Didier Lefèvre, conseiller technique territorial dans l’Océan indien. Ils sensibilisent et ils rapportent aussi d’éventuelles paroles inquiétantes que peuvent leur confier des enfants pour qu’elles puissent être traitées.»
Quatre jeunes volontaires
Les jeunes mahorais sont quatre volontaires du service civique recrutés pour l’opération. Depuis le début de la semaine, ils suivent une formation assurée par deux délégués du défenseur des droits venus spécialement de La réunion. «A Mayotte, beaucoup d’enfants ne savent absolument rien sur leurs droits, relève Nazdati. On apprend à leur expliquer pour qu’ils puissent ensuite transmettre les messages.»
Cette formation est d’abord théorique. «On passe en revue les droits fondamentaux énoncés par la Convention internationale des droits de l’enfant (ratifiée par La France en 1990), détaille Michel Chane San, délégué du défenseur des droits. On le fait avec des thématiques : droit aux loisirs, à l’éducation, à s’exprimer… Dans cette formation, il n’y a pas un droit qui prime sur les autres. Tous sont liés. Ce sont ensuite les JADE, sur le terrain, qui choisiront d’en privilégier un plutôt qu’un autre.»
Une deuxième phase de la formation consistera à leur donner des outils d’animation pour s’adresser aux jeunes de façon appropriée en fonction des âges.
«Je suis titulaire d’un BAFA et je suis animatrice, explique Zaïna. Moi, ce qui me touche, c’est la violence qu’on trouve chez les jeunes à Mayotte. Entre eux, dès qu’il y a un malentendu, ils peuvent passer à l’acte. Je trouve que c’est notre rôle, avec des animations, de leur expliquer leurs droits mais aussi leurs devoirs.»
Des droits et des devoirs pour les parents aussi
Les JADE ont en effet un rôle de responsabilisation de tous. «Dans les écoles primaires, les collèges ou les lycées, les JADE doivent permettre aux jeunes de jouer pleinement leur citoyenneté, complète Archimède Saïd, le directeur de l’association des CEMEA*. Ils doivent vraiment agir en complémentarité avec le travail mené auprès des parents.»
Les CEMEA tentent de sortir les parents mahorais de la logique «des enfants du juge» où la crainte de se retrouver au tribunal a déresponsabilisé beaucoup d’adultes, oubliant la mission d’autorité qu’ils devraient exercer auprès des jeunes. Et Archimède Saïd prévient : «Les JADE vont heurter beaucoup de choses : les adolescents, qui vont avoir en face d’eux d’autres jeunes porteurs d’une parole de responsabilité. Les adultes aussi, qui vont devoir accepter de jouer à nouveau un rôle primordial dans l’éducation. »
Les JADE vont commencer leur travail de terrain dès le mois de décembre pour un an. Chacun d’eux se sent déjà particulièrement concerné par certaines questions. Pour Faïdati, c’est le droit à la famille. «Je vois qu’il y a beaucoup de jeunes dehors qui n’ont pas de vie, pas à manger. Ils mendient. On peut essayer d’apporter des solutions à tout ça.»
RR
*CEMEA : Centres d’Entrainement aux Méthodes d’Education Active