Ils avaient pris leur valise. Direction l’aéroport. Ce matin, les fonctionnaires en grève, réunis en intersyndicale, ont organisé une manifestation entre la barge de Petite-Terre et l’aéroport de Pamandzi. Une façon d’illustrer le slogan qui s’affiche sur les T-shirts depuis quelques jours : «L’Etat m’a trahi, je m’en vais.»
A 10h30, la marche s’élance avec, en tête de cortège, un groupe de lycéens enjoués et motivés qui scandaient «on est victimes, on est victimes ! » Une présence surprenante qu’une lycéenne nous explique : «On est en terminale et on veut étudier. Mais on se met à leur place. Quand on part avec un contrat, on ne le change pas. C’est pas bien de faire ça.»
Une action symbolique
500 voyageurs virtuels, venus majoritairement de Grande Terre, avaient fait le déplacement vers l’aéroport de Dzaoudzi. «L’action d’aujourd’hui a un caractère symbolique mais extrêmement parlant, explique Frédéric Muller, de la FSU et membre de l’intersyndicale des fonctionnaires en grève. Ce départ n’est pour l’instant qu’une mise en scène. Mais il pourrait devenir effectif si le gouvernement s’en tient aux promesses non tenues.»
«Si la moitié des 7000 fonctionnaires partaient, scandait Kamel Adjemout de l’union syndicale Solidaires, Mayotte perdrait 200 millions d’euros par an, en loyers, dépenses et impôts.»
Le point sur les discussions parisiennes
Après un passage dans les rues de Labattoir puis de Pamandzi, les manifestants écrasés par la chaleur arrivent à l’aéroport. Les représentants de l’intersyndicale font un point sur les démarches. «Une réunion des trois ministères –Outremers, Fonction publique et Economie- s’est tenue vendredi soir, précisait Frédéric Muller. Aucune décision n’a encore été prise et le dossier a été envoyé à Matignon. Les dirigeants nationaux (des syndicats) font une énorme pression pour obtenir une ouverture réelle». «On ne peut pas s’arrêter au milieu du gué» rajoutait Thierry Wuillez, du SNES-FSU. Une façon d’évacuer les craintes de démobilisation alors que le mouvement est entré dans sa deuxième semaine.
La suite
Pour garder des troupes motivées, rien de tel que le programme du reste de la semaine : rassemblement devant la maison d’arrêt de Majicavo demain en soutien aux «copains» de la pénitentiaire, solidaires du mouvement et surtout rendez-vous avec le préfet à l’issu de la nouvelle manifestation prévue jeudi à Mamoudzou. Les grévistes lui remettront une masse de lettres nominatives signées par les grévistes pour lui signifier symboliquement «dans le cadre d’un départ collectif», leur «décision de réintégrer (leur) affectation d’origine».
L’intersyndicale doit se réunir en fin d’après-midi, sans pour autant organiser une assemblée générale, pour examiner d’éventuelles décisions qui auraient été prises par les services du Premier ministre dans la journée.
Sous la chaleur de Petite Terre, les grévistes sont ensuite repartis vers la barge, à pied pour certains, en taxi pour d’autres.
RR