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jeudi 9 janvier 2025

Saïd Omar Oili demande une « commission d’enquête parlementaire » pour la gestion du cyclone

Le sénateur RDPI (Renaissance) Saïd Omar Oili entend faire toute la lumière sur la gestion de la crise après le passage de Chido.

Près d’un mois après le passage meurtrier du cyclone Chido sur le territoire de Mayotte, le sénateur RDPI (Renaissance) Saïd Omar Oili a exprimé son incompréhension au sujet de la gestion de la crise Chido par les services de l’Etat.

« J’ai posé des questions régulièrement aux services de l’Etat et je n’ai jamais eu de réponse »

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Beaucoup d’habitants s’interrogent sur le faible nombre de personnes visibles dans les rues plus de trois semaines après le passage du cyclone

Interrogé par notre rédaction, le sénateur a demandé l’ouverture d’une commission d’enquête sur la gestion de la crise. L’élu avait également écrit un courrier adressé au Ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, et au Ministre des Outre-mer, Manuel Valls, pour connaître le bilan des victimes de la catastrophe naturelle. À ce jour, ses questions sont restées sans réponse. « J’ai posé des questions régulièrement aux services de l’Etat et je n’ai jamais eu de réponse », a déclaré le sénateur. À date, le dernier bilan officiel de cette catastrophe fait état de 39 morts, 124 blessés graves, 4.232 blessés légers. « Je ne peux pas, au nom des victimes et de ceux qui souffrent, laisser tomber ce sujet-là », a-t-il exprimé avec émotion. Sur place, le sénateur a été frappé par le « silence de mort » dont nous parlions deux semaines plus tôt, qui règne sur l’archipel depuis le passage du cyclone. « On n’a pas cherché (ndlr : les disparus). Je suis élu local depuis vingt-cinq ans. Il y a des gens, quand on va dans les quartiers, je ne les vois pas. Ils sont où ? », a-t-il demandé inquiet face à un manque de communication des services de l’Etat à ce sujet. « Je n’accuse personne mais (…) il n’y a pas de transparence, on dit tout et son contraire. » En effet, alors que l’on peut lire sur le site du ministère de l’Intérieur que « presque 100 % de la population est raccordée à l’eau courante » et que « 72,5 % des clients sont alimentés » en électricité », de nombreuses zones sont toujours dépourvues d’eau et d’électricité. C’est notamment le cas en banlieue sud de Mamoudzou, où des habitants sont toujours privés d’eau, d’électricité et de réseau. « Non y’a pas d’eau, pas d’électricité, pas de réseau, il faut aller tout en haut, là-bas… pour capter », nous confie un habitant de Doujani, avant de préciser que pour se procurer de l’eau, « je suis obligée d’acheter ».

 « Il y a des gens qui sont peut-être ensevelis sous les décombres et que l’on n’a jamais retrouvés »

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Jeune marchant dans les décombres du cyclone à Mamoudzou (photographie/JDM)

Indigné face aux écarts persistants entre les annonces réalisées et la réalité du terrain, Saïd Omar Oili a demandé au Président de son groupe la constitution d’une commission d’enquête sur la gestion de crise. « Il y a des gens qui sont peut-être ensevelis sous les décombres et que l’on n’a jamais retrouvés », s’est exclamé le sénateur, avant d’affirmer : « J’espère qu’au nom de ces victimes, on ira jusqu’au bout de cette commission parlementaire, pour qu’enfin ce genre de choses ne se passe plus dans nos territoires vulnérables. » Alors que de nombreux autres territoires ultramarins sont confrontés à d’importants phénomènes météorologiques, comme les cyclones, l’élu souhaite surtout comprendre les raisons de ce manque d’anticipation d’un tel événement, grâce à cette commission d’enquête. « Pourquoi, alors que depuis le 8 décembre nous savions tous que le cyclone allait taper Mayotte et qu’il serait très violent, n’a-t-on pas prépositionné des gens sur place pour aller chercher les victimes ? », a-t-il demandé. « On le voit dans le monde entier, lorsqu’un événement pareil arrive, on prend les mesures de précaution, ça n’a pas été fait cette fois-ci. »

Le projet de loi d’urgence, un texte « plein de mesures mélangées »?

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« Sa philosophie est simple : permettre la mise en œuvre très rapide de mesures urgentes pour faciliter l’hébergement et l’accompagnement de la population, ainsi que la reconstruction ou réparation des infrastructures », a expliqué le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, au sujet du projet de loi, à l’issue du Conseil des ministres, mercredi 8 janvier 2025

Pour reconstruire le 101ème département français, le projet de loi d’urgence a été présenté ce mercredi matin en Conseil des ministres. D’après le sénateur, ce texte serait un vrai fourre-tout, « plein de mesures mélangées ». En effet, les enjeux sont majeurs et laissent penser que l’Etat se serait intéressé trop tardivement à la problématique de l’archipel. Pourtant, à quelques jours de la rentrée scolaire, les défis sont colossaux pour redonner un avenir aux 117.226 élèves du département. « Dans l’étude d’impact de la loi d’urgence, on parle de 47 % des établissements publics détruits. Comment peut-on imaginer faire une rentrée de 117.000 élèves ? Ce n’est pas possible », estime le sénateur. Bien avant le passage du cyclone, les établissements scolaires étaient déjà surchargés d’élèves. Un chef d’établissement du nord de l’île nous avait confié devoir « réfléchir à faire classe le samedi », ou encore « à installer des tables dans d’autres pièces que les classes » pour faire face à la masse d’élèves, en ajoutant que la cour de récréation était peu à peu invisible, tant les murs de l’établissement scolaire semblaient étroits par rapport au nombre d’élèves.

Pour le sénateur, pas de durcissement du droit du sol pour la lutte contre l’immigration

Au sujet de l’immigration, le sénateur a été formel. « Nous avons un problème avec l’immigration. Il n’y a jamais eu autant de barques arrivées chez nous que depuis qu’il y a eu le cyclone, car tous les bateaux militaires qui devaient contrôler les frontières se sont échoués », a-t-il déclaré. D’après l’élu, un durcissement du droit du sol ne serait pas nécessaire mais plutôt une augmentation des moyens de contrôle. « Il y a de l’hypocrisie dans tout ce que nous faisons : nous avons demandé depuis longtemps la fin des cartes de séjour territorialisées. Aux Antilles, ils ont des patrouilleurs partout, c’est un problème de moyens. » Bien avant le passage du cyclone, l’archipel souffrait d’un manque d’investissements en matière d’infrastructures et de services publics, accentuant chaque année les crises. Après Chido, se pose la question de la réelle volonté de l’État français, de faire de Mayotte un véritable département français.

Mathilde Hangard

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