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Chikungunya : un premier vaccin bientôt disponible en pharmacie ?

Valneva France a annoncé que son vaccin contre le chikungunya, nommé IXCHIQ, est désormais commercialisé en France. À ce stade, les pharmacies de Mayotte ne l’ont pas encore reçu.

En Makondé, le chikungunya signifie « celui qui marche le dos courbé en avant ». Transmise à l’humain par la piqûre des moustiques Aedes albopictus et Aedes aegypti, cette maladie provoque des symptômes parfois invalidants. Pour lutter contre cette maladie vectorielle, le groupe Valvena France a annoncé le début de la commercialisation du vaccin IXCHIQ dans les pharmacies françaises. Il s’agit d’un vaccin atténué vivant, constitué de virus modifié, afin de perde son pouvoir infectieux, pour induire une protection contre la maladie chez la personne vaccinée.

À Mayotte, 80% de la population n’est pas immunisée

Interrogés, les épidémiologistes de Santé publique France-Mayotte saluent par l’arrivée du vaccin IXCHIQ contre le virus du chikungunya « une avancée majeure en santé publique ». Bien qu’aucun cas n’ait été signalé depuis la dernière épidémie de 2006, Santé publique France préfère prévenir que guérir : « L’île reste vulnérable. Cette situation s’explique par la présence de moustiques vecteurs tels qu’Aedes albopictus et sa proximité avec des zones où le virus circule, comme La Réunion. Le risque d’importation à Mayotte est actuellement faible mais pourrait augmenter avec les flux de voyageurs pendant les vacances scolaires et si la circulation du virus s’amplifie à La Réunion. » Sur le territoire mahorais, les épidémiologistes estiment que près de 80 % de la population n’est pas immunisée. 

75% des personnes infectées garderaient des symptômes persistants

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En 2006, 37% des habitants de Mayotte avaient été infectées par le chikungunya, durant une épidémie majeure.

S’il est rarement mortel, le chikungunya laisse peu de répit à ses cibles. Ses symptômes se caractérisent généralement par une forte fièvre et de fortes douleurs articulaires. Les poignets, les doigts, les chevilles, les pieds, les genoux, parfois les hanches et les épaules peuvent être touchés, invalidant parfois sensiblement le malade. Les formes graves sont généralement neurologiques et méningo-encéphalites. Il arrive que certains patients soient symptomatiques pendant plusieurs semaines, plusieurs mois voire des années. D’après l’Organisation mondiale de la santé, la chronicité de ces symptômes (plus ou moins longue) toucherait près de 43% des personnes symptomatiques, soit 75% des personnes infectées par la maladie.

Les établissements de santé ne peuvent pas encore s’en procurer 

En juillet dernier, une autorisation de mise sur le marché européen était délivrée au vaccin IXCHIQ. Il avait été approuvé en 2023 aux États-Unis et au Canada en début d’année. Mais à ce stade, ce nouveau vaccin ne figure pas sur la liste agréée aux collectivités. Les établissements de santé n’ont donc pas encore l’autorisation de l’acheter. « Nous ne l’avons pas encore et nous n’avons même pas la possibilité de le commander, comme les établissements de santé ne peuvent pas encore l’acheter, je pense que cela va prendre quelques semaines », rapporte une pharmacienne de la pharmacie du Centre. Si la demande d’agrément est en cours, les pharmacies mahoraises se tiennent prêtes. Cependant, le vaccin ne sera pas remboursé par l’Assurance maladie et ne pourra être délivré que sur prescription médicale.

L’Anses juge « élevée » le risque d’une épidémie en France métropolitaine 

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À Mayotte, les maladies vectorielles peuvent d’autant plus fragiliser un système de santé sous-dimensionné. En 2020, alors que Mayotte faisant face au Covid-19, 4 305 cas de dengue étaient également recensés sur le territoire.

Si le chikungunya est une maladie tropicale, elle progresse sur tous les continents du monde. La France hexagonale mais surtout les départements d’outre-mer sont à risque de connaître de prochaines épidémies. L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) estime que la probabilité de survenue d’une épidémie de dengue, zika ou chikungunya dans les cinq prochaines années en France hexagonale est relativement « élevée ». Actuellement, l’île de la Réunion connaît une recrudescence de cas de chikungunya. Lors de la semaine du 11 au 17 novembre 2024, Santé publique France recensé quatre nouveaux cas de chikungunya sur l’île aux volcans, portant à vingt, le nombre total de cas recensés depuis le 23 août dernier, de quoi réveiller de mauvais souvenirs d’une précédente épidémie. 

Un vaccin à dose unique

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« Bien que les risques épidémiques soient actuellement limités à Mayotte, la situation régionale souligne l’importance d’une vigilance accrue et d’une coordination renforcée dans la zone océan Indien pour prévenir la réintroduction et la propagation du chikungunya », rappelle Santé publique France.

Lors d’une étude clinique, l’efficacité du vaccin a été démontrée. Parus dans la revue scientifique The Lancet, les résultats montrent que 98,9 % des participants âgés de 18 ans et plus, avaient des anticorps neutralisants le virus 28 jours après la vaccination et 96,3 % d’entre eux présentaient toujours ces anticorps 6 mois après la vaccination. Préconisé uniquement pour les adultes et contre-indiqué pour les personnes immunodéprimées, le vaccin IXCHIQ pourrait être un nouvel outil de lutte contre cette maladie, associé à l’application de mesures de lutte anti-vectorielle. Santé publique France juge que « son utilisation pourrait protéger les populations les plus vulnérables, réduire la pression sur le système de santé et limiter la probabilité d’une épidémie à grande échelle. » À ce jour, la Haute autorité de santé n’a pas rendu d’avis sur la stratégie vaccinale à opérer.

Reste à savoir si une vaccination de la population adulte de Mayotte serait pertinente et quelle façon pourrait-elle être vaccinée, dans la mesure où un habitant sur deux a moins de 18 ans et 30% des habitants de l’île ne sont pas assurés à la sécurité sociale. « Environ 44 % de la population de Mayotte est âgée de moins de 15 ans, ce qui signifie qu’environ 80 % de la population totale n’est pas immunisé contre le chikungunya, rendant l’île vulnérable à une nouvelle épidémie en cas de réintroduction du virus. »

Mathilde Hangard

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