En janvier dernier, le club de football de la commune de Cossé-le-Vivien, l’US Méral-Cossé, en Mayenne, avait collecté plusieurs tonnes de denrées alimentaires, couvertures, vêtements et ballons de football, destinés à être livrés aux clubs sportifs de Koungou village, pour leur venir en aide suite au passage du cyclone Chido. En tout, ce sont 11 palettes de dons qui ont été envoyées.

Un élan de solidarité qui avait touché de nombreux habitants de la petite ville, située à l’Est de Rennes. La municipalité avait même décidé d’allouer une subvention supplémentaire exceptionnelle au club de football afin de pouvoir envoyer davantage d’équipements sportifs à Mayotte, selon un article publié par le journal Ouest-France.
Sept mois plus tard, la situation laisse un goût amer pour les membres de l’US Méral-Cossé et les habitants de Cossé-le-Vivien. Parmi eux, Étienne Pottier et Anaïs Treton, anciens résidents de Koungou pendant 5 ans, qui continuent à créer des liens entre leur commune et Mayotte, depuis leur retour en Mayenne en 2022. Ils ont notamment organisé plusieurs échanges entre les deux clubs, et tentent d’aider les étudiants mahorais à venir poursuivre leurs études dans la région.
« Nous n’avons reçu aucune nouvelle, pas même la moindre indication sur un éventuel départ du conteneur », déplore Étienne Pottier, précisant qu’il n’avait pas eu la possibilité de choisir un transporteur. En effet, les dons ont été pris en charge par l’État, qui s’occupait lui-même de l’acheminement des conteneurs vers Mayotte après Chido. « Ballons, chaussures, gants, vêtements mais aussi alimentation, fournitures scolaires on a récolté tout un ensemble pour aider le plus de monde possible ».
Les saisons sportives débutent avec un manque d’équipements

« On ne sait pas ce qui bloque, on a aucun retour, on ne sait même pas si on doit payer quelque chose ou non », regrette Djamil Abdallah, secrétaire de l’Athlétic club des jeunes de Koungou (ACJK), mercredi 10 septembre.
Au total ce sont des centaines de jeunes, inscrits aux deux clubs de football, au club d’athlétisme et au club de handball de Koungou, qui sont dans l’attente du conteneur. Une attente d’autant plus pressante puisque la saison de football 2025-2026 a déjà commencé, tout comme celle d’athlétisme. « Après Chido beaucoup de nos jeunes ont perdu leurs chaussures, leurs vêtements et les équipements sportifs des clubs ont été endommagés », souligne Djamil Abdallah, « on attendait beaucoup de cette aide ».
« C’est désolant pour les entreprises qui nous ont aidés en ramenant et en collectant les dons », continue Étienne Pottier. « Le but était vraiment d’aider les clubs pour la nouvelle saison, pour préparer la rentrée, là c’est déjà trop tard. Mayotte c’est ma deuxième famille, désormais je ne peux que leur souhaiter bon courage pour la suite », confie Étienne Pottier, un brin déçu.
L’espoir de voir le conteneur parvenir jusqu’à Koungou n’est pas pour autant totalement perdu. « On nous a demandé de transmettre notre numéro de conteneur au port afin qu’il puisse être identifié », explique Étienne Pottier. « Sans les messages publiés par Djamil Abdallah sur les réseaux sociaux, la situation de flou aurait certainement perduré« .
Le secrétaire de l’ACJK cherche désormais des partenaires privés pour obtenir des subventions afin d’organiser deux courses majeures à venir, le 16 novembre et en avril prochain. « Sans aides, difficile de se projeter sur les compétitions, il faut organiser les journées, rassembler les bénévoles, préparer la restauration, commander des tee-shirts, c’est un coût important ».
Une situation qui se répète

La situation n’est pas nouvelle, le 27 février dernier, l’association Solidarité Saint-Martin et sont président Arnaud Gufflet, avait alerté dans un mail adressé au sénateur Saïd Omar Oili, que des conteneurs de dons humanitaires destinés à des associations de Mayotte étaient bloqués au Port de Longoni en raison des sommes « colossales qui sont demandées aux associations pour pouvoir en prendre possession ». Autrement dit en raison des frais de stationnement des conteneurs dans le port qui, selon un transitaire du port contacté en février dernier, « continuent à grimper » après leur arrivée.
Au total plus de 5. 000 conteneurs encombraient les quais, entre rotations de grue insuffisantes, retards administratifs et frais de stationnement exorbitants, transformant le port en un véritable goulot d’étranglement. Le sénateur Saïd Omar Oili, avait demandé au préfet de réquisitionner l’ensemble des conteneurs de dons humanitaires arrivant à Mayotte pour acheminer les denrées à la population, mais la situation ne s’est pas améliorée.
Autre exemple, les élèves du lycée polyvalent de Dembéni n’ont reçu le premier des trois colis de fournitures scolaires, envoyés par le collège de Courçon en Charente-Maritime, qu’à la mi-juin 2025.
Victor Diwisch