Ce lundi 25 août 2025, le Premier ministre François Bayrou a annoncé qu’il engagerait la responsabilité de son gouvernement devant l’Assemblée nationale le 8 septembre prochain, dans le cadre d’un vote de confiance autour de son projet budgétaire jugé sévère par ses opposants. Cette décision, issue d’un contexte de fragilité parlementaire et d’urgence financière, pourrait bien précipiter sa démission si le soutien attendu ne se matérialise pas.
Bayrou face à une Assemblée divisée

François Bayrou, en poste depuis le 13 décembre 2024, dirige un gouvernement minoritaire dans une Assemblée fragmentée et instable. Déjà confronté à de fortes tensions lors de l’adoption du budget 2025 — validé partiellement par l’usage de l’article 49.3 de la Constitution — le Premier ministre est maintenant empêtré dans un défi budgétaire pour 2026 : un plan de coupes d’environ 44 milliards d’euros, incluant entre autres la suppression de deux jours fériés.
Lors de sa conférence de presse du 25 août, Bayrou a justifié son choix comme un moyen de « clarification » de la situation, malgré l’opposition farouche de la gauche, des écologistes, des communistes et du Rassemblement national. Interrogé sur un possible recours à la dissolution, il a reconnu que « la dissolution reste une hypothèse », même si le président Macron ne la souhaite pas.
Enjeux, réactions politiques et implications pour Mayotte

Le vote de confiance du 8 septembre est un coup de poker politique. Pour Bayrou, c’est « l’heure du choix », une ultime tentative pour imposer sa vision budgétaire alors que « nous n’avons aucune chance de faire passer le budget aujourd’hui », a-t-il soutenu. La situation inquiète les marchés financiers : les taux obligataires français ont grimpé, signalant la nervosité des investisseurs.
Politiquement, les Républicains ont décidé de voter la confiance, estimant que « voter pour la chute du gouvernement, ce serait voter contre les intérêts de la France ». Mais l’opposition reste unie contre, notamment auprès de LFI, le PS, les écologistes et le RN. Si l’échec se confirme, Bayrou devra démissionner, ouvrant la voie à la nomination d’un nouveau Premier ministre ou, potentiellement, à une dissolution anticipée de l’Assemblée.
Pour Mayotte, le plan « Mayotte debout », présenté par Bayrou le 30 décembre 2024 après le cyclone Chido, avait posé les bases de la reconstruction et de la refondation de l’île. La loi de programmation a été définitivement adoptée par le Parlement le 10 juillet 2025. Cependant, l’instabilité gouvernementale et le vote de confiance pourraient ralentir certains projets.

À Mayotte, Kassandrah Chanfi, présidente du MoDem sur le département, se dit inquiète des répercussions de l’instabilité politique nationale sur l’île. Elle en appelle particulièrement à la responsabilité des deux députées mahoraises, rappelant que leur décision pourrait avoir des conséquences pour le pays comme pour le territoire : « Les parlementaires, représentants légitimes du peuple et des Mahorais, et nous pensons ici à nos députées Anchya Bamana et Estelle Youssouffa, porteront une décision qui engagera l’avenir du pays comme celui de notre territoire. Ils devront choisir en responsabilité. » Elle souligne enfin : « Notre territoire ne peut être freiné par des calculs politiciens : Mayotte doit continuer à avancer. »
François Bayrou mise tout sur ce vote. Face à une Assemblée sans majorité et sous la pression des finances publiques, il prend un pari politique risqué. Son avenir — et celui de Mayotte dans l’agenda national — dépend de quelques voix. Si la confiance lui est refusée, la République pourrait renouer avec l’instabilité gouvernementale.
Mathilde Hangard