Le dernier bulletin épidémiologique de Santé publique France, publié le 14 mai 2025, révèle une baisse significative de l’activité liée au chikungunya à La Réunion du 5 au 11 mai 2025. Toutefois, bien que les chiffres montrent une diminution des consultations et des passages aux urgences, l’épidémie reste préoccupante, notamment avec la persistance de cas importés et le risque de transmission locale en France hexagonale.
Une baisse des indicateurs dans les services de santé réunionnais

Depuis deux semaines, une diminution des consultations pour chikungunya a été observée en médecine de ville ainsi que dans les services d’urgences. La semaine dernière, l’activité liée au chikungunya dans les cabinets de médecins sentinelles a chuté de 20 % à 10 % par rapport au début du mois de mai, soit une baisse de 44 % par rapport à la dernière semaine d’avril 2025. Cela représente environ 8.000 consultations pour des symptômes évocateurs de chikungunya.
De même, les passages aux urgences, bien que toujours significatifs, ont diminué de 37 %, passant de 254 au début du mois de mai à 161 la semaine dernière. Cette tendance semble confirmer un ralentissement de l’épidémie, bien que les chiffres doivent être interprétés avec prudence en raison des jours fériés et des vacances scolaires qui ont pu influencer les habitudes de consultation.
Le profil des cas graves et les risques pour les populations vulnérables

Cependant, les données récentes autour des cas graves, principalement observés chez les personnes âgées de plus de 65 ans et les nourrissons de moins de trois mois, continuent d’inquiéter les autorités sanitaires. En effet, 68 cas graves de chikungunya, ayant entraîné des défaillances d’organes, ont été signalés. Ces défaillances touchent en majorité les adultes comorbides et les nourrissons, des groupes particulièrement vulnérables. Le nombre d’hospitalisations après un passage aux urgences continue de diminuer, mais des cas graves sont toujours à déplorer, notamment parmi les personnes âgées porteuses de pathologies chroniques.
Une transmission du virus en Hexagone sous haute surveillance
Bien que la situation semble s’améliorer à La Réunion, le risque de propagation du chikungunya reste élevé en raison de la forte pression d’exportation. Depuis plusieurs semaines, des cas de chikungunya ont été recensés en Hexagone après que des voyageurs en provenance de La Réunion ont été infectés. Les autorités sanitaires françaises restent particulièrement vigilantes face à la période propice à l’activité du moustique vecteur, rendant possible une transmission locale dans l’Hexagone. La surveillance épidémiologique a été renforcée, et les autorités ont également suspendu la vaccination contre le chikungunya pour les plus de 65 ans, après la survenue d’événements indésirables graves liés au vaccin.
Mathilde Hangard