Ces dernières heures ont été capitales dans la gestion de cette crise sans précédent. Alors que l’eau et la nourriture manquent crucialement sur l’île, les premiers ravitaillements ont été opérés et le calendrier des renforts humains et matériels à venir est titanesque. Reste à savoir, combien de temps la population tiendra, notamment dans les zones éloignées des axes de transit de ces convois.
1500 personnels civils et militaires
Plus d’un millier de renforts humains civiles et militaires sont attendus à Mayotte. Alors que le chef de l’État, Emmanuel Macron, est attendu ce jour sur le 101ème département français, près de 800 personnels de la sécurité civile arriveront également sur l’île. Face à l’ampleur de la catastrophe, près de 400 gendarmes, dont deux escadrons de gendarmerie mobile et une compagnie de marche, 35 policiers du RAID et de la compagnie de sécurisation et d’intervention, et sept experts en gestion de crise, seront déployés en fin de semaine sur l’archipel.
Les autorités démentent toute épidémie de choléra
Ce contexte particulièrement chaotique est propice aux fake news et la rapidité des réseaux sociaux nuit parfois à la qualité et à la fiabilité des informations reçues et communiquées. Depuis le cyclone, la distribution de l’eau potable a été interrompue sur l’ensemble de l’île. Les agents de la mahoraise des eaux ont confié réaliser un travail extrêmement conséquent pour répondre à l’urgence. Depuis hier, le rétablissement de l’eau potable sur le territoire a été estimé à 48h, pour la moitié du territoire et à 75% dans les sept prochains jours. Cette interruption de la distribution de l’eau a alimenté des rumeurs sur la circulation éventuelle du choléra sur l’île Mayotte après le passage du cyclone. Si aucun cas n’a été recensé par les autorités sanitaires, eu égard aux moyens très limités dont disposent les professionnels pour assurer cette veille sanitaire et leurs investigations depuis le cyclone, son retour reste « une inquiétude » d’après la ministre démissionnaire de la Santé, Geneviève Darrieussecq. « Il n’y a pas aujourd’hui de raison de penser que le choléra serait présent, mais bien sûr que c’est une inquiétude puisqu’il y avait du choléra le printemps dernier, jusqu’au mois de juillet », avait-elle confié. « Nous faisons bien sûr des réserves de vaccin (…) afin de pouvoir les déployer si nécessaire », avait-elle précisé. Geneviève Darrieussecq avait également mentionné la possibilité de distribuer des pastilles de chlore, contre la majorité des bactéries et des virus présents dans la ressource, permettant de rendre l’eau certaine à boire. La ministre démissionnaire a également tenu à rassurer la population à propos du stock de médicaments disponibles sur l’île. La ministre démissionnaire de la Santé a déclaré que les stocks étaient globalement suffisants : « Le grossiste répartiteur sur l’île a des stocks qui n’ont pas été abîmés, et nous avons envoyé d’autres médicaments. »
« On est de tout coeur avec vous, on s’organise pour vous aider »
Pour permettre à l’ARS Mayotte d’accueillir du personnel soignant en renfort, l’heure est notamment aussi à la crise du logement, comme l’a indiqué le Dr. Belec, de l’ARS de La Réunion : « On essaye de trouver des adresses de maisons en dur qui ont pu garder leur toit à Mayotte! Cela permettra à l’ARS d’envoyer du personnel soignant sur place. » Dans ce contexte, l’ARS réunionnaise propose à toute personne qui aurait un logement disponible ou de la place à l’intérieur du sien, de se rapprocher de l’autorité sanitaire, pour permettre aux renforts sanitaires d’avoir un toit le temps de leur mission de renfort. « On est de tout coeur avec vous, on s’organise pour vous aider », conclue la praticienne après son appel à la solidarité.
Les barges, bientôt à nouveau opérationnelles ?
Après le passage du cyclone, la gare maritime de Mamoudzou a été extrêmement endommagée, de même que les bateaux amarrés au ponton et les barges reliant les deux îles de Petite-Terre et Grande-Terre. À ce stade, seules deux barges circulent. Elles sont réservées au transport de malades et à l’acheminement des renforts humains et matériels. D’après nos informations, le Conseil départemental de Mayotte aurait autorisé l’utilisation de ces barges pour assurer les liaisons entre Mamoudzou et Dzaoudzi, pendant les laps de temps sans nécessité de transporter des ambulances et des professionnels de santé.
La rentrée scolaire REPORTEE
Réquisitionnés en centres d’accueil d’urgence, de nombreux établissements scolaires du territoire ont été coupés de toute communication pendant plusieurs jours après le cyclone, rendant difficile l’estimation des dégâts sur ces structures. Près de 10.000 personnes avaient trouvé refuge au sein de ces écoles. Désormais, ces lieux-repères en contexte de crise sont devenus de véritables théâtres du manque d’eau et de nourriture. « On attend, on n’a pas d’eau, pas à manger, pas d’électricité, ma maison est détruite, j’ai très peur », confie un jeune adolescent en traduisant le propos de sa mère. Le Rectorat a indiqué que la reprise scolaire ne pourra pas avoir lieu comme prévu le 13 janvier 2025. De nombreuses actions de collecte de dons se sont multipliées, organisées majoritairement par des professeurs d’éducation physique et sportive, signe d’une énergie sidérante de la part de la population, pourtant dans le besoin.
Mathilde Hangard