Le jazz monte en puissance à Mayotte : « Il existe un réservoir important de publics à conquérir »

Le Maoré Jazz Festival fait son grand retour. La troupe de jazz sera en tournée sur l'île du 21 au 27 octobre 2024. 

Depuis 2005, ce festival navigue au sein des communes mahoraises, pour faire entendre une musique aux origines hétéroclites, issue d’un mélange de traditions d’Afrique du seizième au dix-neuvième siècle pratiquées par des esclaves, et de méthodes instrumentales harmoniques inventées en Europe.

Le festival tend à « rompre avec l’uniformisation de la musique »

Si le festival existe depuis 2005, il a notamment connu quelques périodes d’absence, notamment lors de la crise sanitaire Covid-19, pénalisant largement le milieu de la culture.  Depuis, le Maoré Jazz Festival s’est créé un véritable nom dans le paysage culturel mahorais, au point de s’imposer comme un des rendez-vous musicales incontournables de l’île. Pour ses organisateurs, ce festival vise à « sortir de l’ordinaire » et à « rompre avec l’uniformisation de la musique » en proposant des expériences musicales qui sont « résolument tournées vers la diversité. » 

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Le titre « Mtrumama Karemwa » de Saandati Moussa est devenu un hymne incontournable pour la cause des femmes à Mayotte

Aujourd’hui, sa renommée dépasse largement les frontières du département. L’objectif ne répond pas uniquement à la nécessité de faire vivre le jazz dans les rues de Mayotte, mais de proposer de nouvelles ouvertures et des compléments essentiels aux pratiques musicales existantes,  tant pour le public, que pour ses musiciens, en enrichissant les musiques de l’océan Indien.

Une étiquette élitiste, injustement attribuée

À Mayotte, la place du jazz est encore embryonnaire, comme le décrit Ismaël Kordjee, organisateur de l’événement. Pour cela, un des principal défi du festival consiste avant tout à « débarrasser le jazz de son étiquette élitiste pour changer son image, car le jazz souffre encore d’un manque de visibilité, voire parfois d’une image un peu négative, parce que connoté élitiste ». Cette réputation est une des raisons des difficultés de pérennisation du festival et de diversification de ses sources financières.  

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Grâce à un langage d’une modernité absolue, Mikidache bouscule les codes tout en préservant son identité indianocéanique, dans un esprit d’appartenance régionale commune ouverte sur le monde

Pourtant, l’expert musical est formel. « Il existe un réservoir important de publics à conquérir », à commencer par les jeunes. Maoré Jazz festival a pour ambition de devenir un tremplin, pour révéler des talents cachés parmi des jeunes du département, amateurs de musiques ou de chants, traditionnels comme modernes, mais aussi de s’inscrire dans une stratégie de développement de la musique au sein du département et dans l’océan indien. 

Un programme culturel fédérateur 

Maoré Jazz Festival veut mener des actions culturelles diversifiées au profit du plus grand nombre, en particulier en direction des publics éloignés des offres culturelles existantes, telles que mener des actions de sensibilisation et d’éducation artistique dans divers lieux du territoire (MJC, cafés, restaurants), renforcer leur présence au sein des établissements scolaires, engager une forte activité autour du processus de création et des actions culturelles, développer une programmation « Jeune public » en amont et en préparation du festival, et réaliser des partenariats avec des structures socio-culturelles du territoire.

Pour démocratiser l’accès au jazz pour tous, 4 concerts sur 5 sont gratuits. Les invitations peuvent être demandées par SMS au n°0639677035 ou par mail.

Les dates et lieux de la tournée sont à retrouver sur le site de l’événement.

Mathilde Hangard

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