Ce natif de Ouessant, avait trouvé dans cette autre île qu’est Mayotte son territoire de cœur, et avait décidé d’y construire une maison pour s’y installer définitivement avec sa femme. Après une quinzaine d’années dans la Marine nationale, Robert Amis intègre en 1998 le Bureau Veritas, organisme de contrôle et de certification, notamment de navires, pour 13 ans, puis, en 2012, le président du Conseil départemental Daniel Zaïdani ira le chercher pour qu’il dirige le Service de Transports maritimes (STM) dont les navires en piteux état, n’étaient autorisés à naviguer qu’à coup de dérogations délivrées par les Affaires maritimes. « Il y avait un black-out tous les jours sur les barges », nous avait-il lâché alors. Il remonte le service, mais une grève des agents contre son directeur technique l’avait incité à jeter l’éponge en 2014. C’était un homme de principes et de valeurs.
Il est ensuite recruté à la compagnie maritime SGTM, dont les navires assurent les liaisons entre Mayotte et les îles des Comores.
S’il continuait à passer les mois de juillet et août à Ouessant, c’est à Mayotte avec sa femme Ernestine, « Titine », qu’il passait le reste de l’année. Très actif dans la formation des jeunes, il était aussi assesseur au tribunal maritime de La Réunion, membre de la commission régionale de sécurité des Affaires maritimes, membre du conseil portuaire de Mayotte, et président de la station de Mayotte de la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM), nous l’avions interviewé lors d’une de ses dernières sorties.
Le Mérite maritime incarné
Représentant de de la Fédération nationale du Mérite Maritime région océan Indien, il organisait chaque année à Mayotte la remise du prix de l’élève le plus méritant de l’École d’apprentissage maritime (EAM).
En mai dernier, il nous narrait encore ses histoires bretonnes de pêche de lieu jaune ou de homards. Compétent, altruiste, profondément bon, son décès à 71 ans laisse un grand vide.
Un de ses amis, Gilles Perzo, également pilote maritime au port de Longoni, souligne « l’expert qu’il était dans de nombreux domaines », et sur le plan humain, « un homme sensible et attachant, toujours au service des autres » : « Passionné de mer, il avait suivi l’école de Maistrance qui forme des spécialistes extrêmement compétents dans la Marine nationale, un haut niveau de connaissances enrichies par sa longue carrière professionnelle. C’était un homme droit, qui n’aurait jamais associé son nom à des magouilles, ou à ce qui ne correspondait pas à ses valeurs. Nous pensons à sa femme Titine, à ses enfants, et à tous les lieus jaunes qui doivent le regretter. »
Éric Bellais, directeur de l’EAM, salue la mémoire de Robert Amis, « grand connaisseur du monde maritime mahorais », soulignant qu’il a « toujours été d’excellent conseil pour répondre à mes questions. Sa disponibilité et sa gentillesse ont permis de mettre en place de beaux projets au profit des jeunes mahorais, nous te regretterons. Bon vent et bonne mer pour ce dernier voyage. »
Jean-Luc Davatchi se dit modestement son « disciple » : « Robert Amis était pour moi un ami et surtout un exemple admirable. Malgré ma tristesse, je suis fier de continuer à marcher dans ses traces. J’ai eu le temps de lui dire combien il avait été important pour moi, autant humainement que professionnellement, quand à chaque questionnement que j’ai pu avoir, son exemple m’éclaira sans faille sur le bon choix à suivre. »
A.P-L.