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Santé publique France fait le point sur les maladies en cours à Mayotte

La surveillance régionale des maladies en cours est l’occasion pour Santé publique France de publication régulière. Au 22 août 2024, la situation est somme toute rassurante au regard des indicatifs publiés. Reste cependant une vigilance particulière sur la fièvre-typhoïde et la dengue.

Maladie liée à la précarité, la fièvre-typhoïde, se transmet par ingestion d’eau ou d’aliments contaminés par les selles d’une personne infectée (transmission fécale-orale), voit sa diffusion facilitée lors de conditions d’hygiène dégradées. Or, avec deux coupures d’eau hebdomadaire, le département offre davantage de vulnérabilité. On a même vu des scènes édifiantes dans le campement des migrants de Cavani, où ablutions et lavage de linge se faisaient dans le même ruisseau. C’est même incroyable que la fièvre-typhoïde ne se soit pas davantage propagée.

Entre le 1er janvier et le 9 août 2024, 47 cas de fièvre-typhoïde ont été signalés par le laboratoire du CHM à l’ARS Mayotte. C’est plus qu’entre 2016 et 2021, où la moyenne annuelle du nombre de cas rapportés était de 39, mais beaucoup moins que 2022, qui a été une année de forte incidence avec 123 cas déclarés.

En 2024, sur les 47 cas déclarés, 34 % l’ont été entre le 1er juillet et le 9 août. « Pendant cette période, les cas étaient principalement localisés à Mtsapéré ». Donc malgré tout, à proximité de Cavani. Sur l’ensemble de l’année 2024, et jusqu’au 22 août, c’est Mamoudzou qui a été la plus touchée avec 30 cas, commune la plus densément peuplée, et juste après, Bandrélé, avec 7 cas.

Nous ne sommes pas sur la tendance de 2022, mais néanmoins la surveillance est nécessaire

Le profil des malades est plutôt masculin, mais sans indication d’importation de l’extérieur. Ils sont 32 à avoir été hospitalisés, dont 16 déclarent avoir un accès à l’eau courante, 8 à une Borne Fontaine Monétique (BFM) de proximité dont l’eau est utilisée pour la boisson et/ou cuisiner. « Un seul cas a déclaré s’alimenter en eau de rivière ». La fièvre-typhoïde a touché plutôt des personnes jeunes, 20-24 ans, et dans les classes les plus âgées, 60-64 ans.

Pour endiguer toute propagation, le Département de la Sécurité et des Urgences Sanitaires (DéSUS) de l’ARS Mayotte a procédé à trois actions de vaccination de masse sur 5.000 personnes en 2023, 2024, à Koungou Kierson, Dzoumogné et Hamouro. Aucun lien épidémiologique entre les cas n’a été relevé. En dehors des vaccinations autour des cas, deux opérations ont également été menées à Labattoir et à Mtsapéré.

Le choléra dont on a craint un moment que l’épidémie soit hors de contrôle, a été plutôt bien maitrisé par les autorités de santé. Selon SPF, le dernier cas a été détecté à Mayotte le 12 juillet, « il s’agissait d’un cas importé ». Aucune circulation autochtone n’a été détectée depuis le 8 juillet. « Il est à noter que la situation est également sous contrôle aux Comores où aucun nouveau cas n’a été enregistré depuis trois semaines, au 21 août 2024 ».  Le bilan de l’épidémie à Mayotte est de 221 cas, déclare SPF, dont 7 décès imputables ou partiellement imputables au choléra et 14 cas graves (hospitalisation en réanimation).

Le nombre de Gastroentérites aiguës est resté stable après une hausse en juillet. Son taux de positivité reste quand même à 64%, comparable à l’année dernière à la même époque.

La Lutte Anti-vectorielle de l’ARS intervient sur les zones infestées

Le nombre de cas de dengue est en baisse, après que 73 contaminations ont été enregistrées, dont 62 autochtones, et à 90% en Petite-Terre. Une bonne nouvelle qui reste somme toute fragile en constatant une forte présence de moustiques sur le département. Du jamais vu selon des habitants présents de longue date sur l’île, mais qui reste encore non expliqué par l’ARS Mayotte que nous avons interrogée, une présence qualifiée de « normale », mais qui n’exclut pas pour autant une surveillance du moustique Aedes, vecteur de la maladie, par leur service. « Le risque de survenue d’une nouvelle épidémie de dengue, suite à l’importation de cas en provenance des pays de la zone d’échanges avec Mayotte (pays de l’océan Indien ou de l’Afrique de l’Est), demeure réel et permanent », selon Santé publique France dans son bulletin.

Un encart est consacré à la variole du singe, maladie infectieuse virale rare due au virus Monkeypox (Mpox), transmise essentiellement par des rongeurs à l’homme, puis de personne à personne par gouttelette ou contact rapproché. « Les symptômes sont comparables à ceux de la variole. Mercredi 14 août, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclenché une Urgence de santé publique de portée internationale (USPPI) face à la circulation active du Mpox de clade 1 en Afrique Centrale ». A ce jour, aucune contamination n’a été recensée en France. Compte tenu de l’alerte en cours, la surveillance de ces infections a été renforcée par Santé publique France.

A.P-L.

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