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Mamoudzou

Moustiques : on vous dit pourquoi il y en a, même en saison sèche

Depuis plusieurs semaines, certains habitants se plaignent d’une forte présence de moustiques presque au point de regretter la saison des pluies. Mais est-ce que ce phénomène est normal ? Pour le comprendre, nous avons interrogé le service de lutte anti-vectorielle de l’ARS Mayotte. 

« Bzzzzzz ». Qui n’a jamais été dérangé par un bruit aussi énervant que celui-ci produit par un animal aussi petit ? Le responsable de ces tracas est bel et bien le moustique, et il est loin d’être le meilleur ami de l’Homme, en raison des piqûres et des démangeaisons particulièrement dérangeantes qu’il cause. 

À Mayotte, si les moustiques prolifèrent surtout avant et pendant la saison humide, la saison sèche ne rend néanmoins pas ces petits insectes volants plus frileux. « Quelque soit la saison on aura toujours des moustiques à Mayotte », soutient Ambdoul-Bar Idaroussi, responsable du service de lutte anti-vectorielle (LAV) à l’ARS Mayotte. 

Le « lessivage des gîtes », un « avantage » de la saison des pluies plus rare en période sèche 

Si l’entomologiste confirme qu’à la saison des pluies, les moustiques sont plus nombreux que durant la saison sèche, lorsque les pluies sont abondantes, elles peuvent vider un contenant d’eau (gîte larvaire) où des oeufs de moustiques pourraient se cacher.

Durant l’hiver austral, lorsque les pluies sont plus rares, les femelles moustiques peinent à trouver des sources d’eau pour pondre leurs oeufs et « n’ont d’autre le choix » que de se rapprocher des caniveaux et des structures d’assainissement, proches des habitations, pour fabriquer une nouvelle génération de moustiques. « C’est complètement normal d’avoir autant de moustiques durant cette période non pluvieuse car il y a peu de lessivage, ça fait partie du décor à cette période-là. » 

Actuellement, la majorité des moustiques observés sur le département sont des Culex 

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Loin d’être majoritaire sur l’île, le moustique aedes albopictus (communément appelé « moustique tigre ») peut transmettre des maladies comme le chikungunya, la dengue et le virus zika

On peut même souffler ! Bien que très nombreux et particulièrement voraces, les moustiques qui circulent actuellement appartiennent au genre Culex et ne transmettraient pas (encore) de maladies sur le territoire : « En ce moment, à Mayotte, on a des moustiques très agressifs mais heureusement pour le moment, ils ne transmettent pas de maladies », commente le responsable de la LAV, qui souhaite rester prudent. En effet, comme les Culex piquent davantage les oiseaux que les Hommes, on les considère souvent moins dangereux que les moustiques du genre Anophèle ou Aedes, mais ils peuvent toutefois propager des maladies graves comme le virus West Nile et l’encéphalite japonaise. 

C’est surtout la dengue qui inquiète l’autorité sanitaire

En avril dernier, plusieurs cas autochtones de dengue avaient été recensés, notamment en Petite-Terre, en raison de la présence d’une importante circulation de moustiques du genre Aedes. L’autorité sanitaire s’était fortement mobilisée pour limiter l’extension des foyers détectés et détruire les gîtes larvaires, en réalisant des interventions préventives autour de chaque cas identifié, en détruisant les gîtes larvaires et en procédant à la désinsectisation de la zone concernée avec des biocides agréés.

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Le service LAV de l’ARS constate souvent que les réserves d’eau des particuliers ne sont pas protégées des moustiques

Depuis, la surveillance des moustiques Aedes reste une priorité : « C’est quelque chose qu’on surveille tous les jours (…) On essaie de faire le tour de Mayotte pour sensibiliser les habitants et détruire les gîtes larvaires, mais cela prend du temps, de maintenir des passages réguliers toute l’année », commente le responsable de la LAV. D’après l’expert, si actuellement, un seul cas de dengue est recensé chaque semaine (en moyenne), la persistance de ces cas fait craindre la survenue d’une prochaine épidémie : « Comme on a eu plusieurs cas de dengue et qu’on a un cas par semaine aujourd’hui, le danger c’est que dès qu’on aura les premières pluies, on aura de la matière pour que ça reparte, c’est vraiment ça le danger, donc on se prépare ici, on commande des produits, des protections, on essaie de détruire les gîtes au maximum. »

Une bataille sur plusieurs fronts 

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« On fait de la prévention aussi, avec une cartographie des gîtes à risque, commune par commune, pour identifier les stocks de pneus, les carcasses de véhicules, les congélateurs abandonnés en pleine brousse (…) », commente Ambdoul-Bar Idaroussi

Mais la bataille se joue sur plusieurs fronts car le paludisme fait aussi l’objet d’une étroite surveillance. « Cela fait plusieurs années qu’on n’a pas eu de cas acquis localement (…) au niveau de la brousse, on essaie d’éliminer le plus de larves possible à l’état de poisson, pour participer à la diminution des moustiques au stade larvaire (…) mais depuis le début de l’année, on a beaucoup de cas de paludisme importés des Comores, du continent africain et de Madagascar. » Pour l’ARS, on peut naviguer à l’aveugle pour surveiller la circulation de certaines maladies comme le paludisme à échelle de l’océan Indien, lorsque certains Etats ne communiquent pas leurs signalements sanitaires. À propos de la situation du paludisme aux Comores, le spécialiste mentionne plusieurs cas de paludisme importés depuis le début de l’année, sans précision sur la situation sanitaire en cours dans le pays : « On ne sait pas ce qu’il se passe là-bas. » 

Difficile après de lutter contre le vecteur du paludisme, qui nécessite un travail quasi chirurgical, comme pour rechercher une aiguille dans une botte de foin : « Il y a des vigilances particulières, car on sait que le moustique vecteur du paludisme est présent (…) On est obligés de faire le suivi des personnes malades, dans leurs zones de vie, vérifier l’intensité des moustiques, procéder au traitement de la zone, distribuer des moustiquaires (…) pour éviter qu’il y ait une reprise de la transmission locale du paludisme. » En 2025, l’ARS espère que Mayotte obtiendra de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), la délivrance d’un « statut exempt de paludisme », attestant d’une absence de détection de cas autochtone de paludisme sur son territoire depuis trois années consécutives. 

Mais d’ici-là, la lutte contre les gîtes larvaires reste prioritaire. Et cela, autant à l’échelle individuelle, que collective, voire institutionnelle. Pour le responsable de la LAV,  plus l’évacuation des eaux usées sera efficace, moins il y aura d’eaux stagnantes. Aussi, plus l’accès à l’eau potable et à des services d’assainissement seront garantis sur l’ensemble du département, mieux la population sera protégée des moustiques et de ses maladies… À bon entendeur ! 

Mathilde Hangard

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