Le jeune homme qui fêtera ses 20 ans le 25 août prochain a déjà un casier judiciaire bien rempli, notamment pour plusieurs vols aggravés ou encore violence sur personne dépositaire de l’autorité publique. Il est sorti de prison en février dernier et a auparavant déjà effectué plus d’une centaine d’heures de travaux d’intérêt général (TIG). Malgré ses condamnations et un sursis probatoire, le prévenu ne semblait pas bien comprendre ce qui lui était reproché par le tribunal ce lundi, lors des comparutions immédiates.
Une sombre histoire de règlement de compte entre jeunes du même quartier
Les faits se sont déroulés la semaine dernière, le 12 et 15 août précisément. Après avoir menacé de mort les enfants d’un habitant du quartier de Kawéni suite à un différend survenu avec eux quelques jours auparavant, le prévenu armé d’une machette aurait proféré devant leur père les propos suivants : « Dis à tes enfants que si je les croise je vais tous les tuer ». Quelques jours plus tard, le 15 août, il s’en est pris à eux sur le parking du magasin Cetam en leur lançant des pierres et en les menaçant. L’un d’eux aurait même reçu des coups de poing et des coups de pied les obligeant à se réfugier au sein de l’enseigne. « Deux victimes ont porté plainte contre vous. Leurs versions des faits sont similaires et les images de vidéo surveillance corroborent leurs déclarations », indique le président du tribunal, Clément Le Bideau. « Ils avaient frappé mon frère », répond le prévenu, tout en oubliant de dire que ce frère en question avait commencé à chercher les ennuis en venant agresser les deux jeunes sur le parking en leur arrachant notamment une cannette des mains et en la versant par terre. « Vous avez été appelé à la rescousse par votre frère, c’est ça ? – Oui. – Vous allez agresser des gens comme ça sans avoir connaissance de l’affaire ? Il n’y a pas de légitime défense là pour le coup. Vous avez fait le choix de les agresser et ça en revanche c’est répréhensible. – Ils sont là à m’accuser de mensonges », rétorque le prévenu.
Le président du tribunal n’a pas manqué de mettre l’individu face à ses contradictions. « La difficulté dans ce dossier c’est que votre version change sans arrêt… et que vous êtes par ailleurs bien connu de la justice ». Aussi, en dépit du fait qu’il a avoué qu’il ne recommencerait plus, cela n’a pas suffit à amadouer la substitut du procureur, Delphine Mousny. « Il fait preuve de mauvaise foi. Il ne reconnait pas les faits et inverse les rôles. Il n’assume pas ses responsabilités et a voulu régler ses comptes selon la loi du quartier avec des jets de pierres pour montrer qui est le plus fort », se désespère la représentante du ministère public. Ayant été déjà condamné il y a peu de temps et face à une absence totale d’évolution et de réflexion sur son comportement, la procureure a requis 8 mois de prison avec maintien en détention et l’interdiction de porter une arme durant 3 ans.
L’avocat du prévenu Me Konde a plaidé le fait que le prévenu baignait dans un contexte de violence et que c’était la manifestation de sa colère. « Rien ne justifie cette violence, mais on sent qu’il y a beaucoup de colère en lui. Il m’a confié qu’il ne recommencerait plus et irai porter plainte la prochaine fois si besoin ». Il a ainsi demandé une peine mixte afin que son client puisse continuer d’être suivi pour se réinsérer.
Après avoir délibéré, le tribunal a finalement suivi les réquisitions du parquet en condamnant le prévenu à 8 mois de prison avec maintien en détention et l’interdiction de porter une arme pendant 5 ans.
B.J.