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Mamoudzou

L’opération « Mayotte Place nette » lancée officiellement ce mardi

C’est accompagné du directeur général de la gendarmerie et de son homologue de la police nationale, que la ministre déléguée aux Outre-mer s’est adressée à la presse, ce mardi matin, afin de lancer officiellement l’opération « Mayotte Place nette », la suite de Wuambushu. Des opérations des forces de l’ordre ont d’ailleurs eu lieu à Doujani et à Dembéni.

Après avoir rappelé les difficultés auxquelles notre territoire est confronté, Marie Guévenoux a assuré du soutien de tout le Gouvernement pour répondre aux défis sécuritaires du 101e département. « Mayotte est aujourd’hui marquée par des crises à répétition : Une crise démographique et migratoire, une crise de la sécurité, et une crise de l’eau. Ces circonstances exceptionnelles que vivent les Mahorais appellent des réponses fortes, et font de Mayotte un territoire prioritaire pour l’État (…). En 6 ans, avec Gérald Darmanin et tout le Gouvernement, nous avons ainsi répondu aux défis sécuritaires de Mayotte à travers des actions concrètes. Nous avons doublé les effectifs de policiers et de gendarmes, pérennisé 4 unités de forces mobiles sur l’île, créé un détachement permanent du RAID à Mamoudzou, en complément des militaires du GIGN aussi qui sont sur place ».

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Gérald Darmanin dans un intercepteur de la Lutte contre l’immigration clandestine à Mayotte, le 31 décembre 2022

La ministre a également énuméré les actions menées auparavant, notamment le plan interministériel « Shikandra », lancé en 2019, qui a mobilisé de nombreux moyens maritimes. « En quatre ans, cette stratégie a spécifiquement permis l’interception de 26.000 personnes en mer et de plus de 2.100 kwassas. Ce sont ainsi 110.000 étrangers en situation irrégulière qui, puisqu’ils n’avaient rien à faire à Mayotte, ont été reconduits dans leur pays d’origine ».

Puis celle qui est déjà venue trois fois à Mayotte a fait un bilan de l’opération Wuambushu, lancée il y a près d’un an jour pour jour, dont les objectifs étaient la lutte contre l’insécurité et les bandes criminelles, la lutte contre l’immigration clandestine, l’habitat indigne et les marchands de sommeil. « Entre le 24 avril et le 31 juillet 2023, c’est ainsi plus de 510 agents du ministère de l’Intérieur et des Outre-mer qui ont été déployés en renfort à Mayotte. Les résultats sont là ! Mille individus ont été interpellés, dont 60 chefs de bandes. L’an dernier, l’opération a également contribué à interpeller 592 passeurs, dont 510 ont été condamnés en 2023, elle a aussi permis de détruire 700 bangas et d’expulser 25.000 étrangers en situation irrégulière. C’est 84% de plus qu’en 2020 », assure Marie Guévenoux. Une première opération de démolition d’habitat insalubre dans le cadre de « Mayotte place nette » s’est tenue à Doujani ce mardi.

« Mayotte Place nette » : Acte II du retour de l’ordre

Cette nouvelle opération se veut être dans la continuité de Wuambushu avec les mêmes priorités : insécurité, immigration, habitat indigne. Selon la ministre, 60 individus ont été identifiés comme des « cibles prioritaires ». Mais surtout elle a annoncé que les reconduites des étrangers en situation irrégulière (ESI) allaient augmenter et que les arrivées clandestines diminueraient grâce à un dispositif maritime hors normes. « Six opérations terrestres militaires, dites Nephila, seront menées avec la mobilisation de nos armées et une section de 30 hommes.

Deux vedettes côtières de la gendarmerie maritime (ndlr : l’Odet et le Verdon, déjà présentes) assureront une permanence en mer. Par ailleurs, un bâtiment sera mobilisé dans le canal du Mozambique en haute mer, pour bloquer la route des Grands Lacs. Le retour à l’ordre passe aussi par les airs. Un avion civil multipliera les heures de vol au-dessus de l’île et au large de nos côtes. En outre, Les capacités de rétention sur l’île seront aussi augmentées avec la création d’un 4e local de rétention administrative temporaire », précise la ministre déléguée, tout en poursuivant « qu’une enveloppe exceptionnelle de 5 millions d’euros supplémentaires est octroyée pour reloger les familles sur place ».

L’opération Wuambushu a permis la destruction de 700 bangas

Concernant les relations diplomatiques avec l’Union des Comores, Marie Guévenoux a expliqué que c’était « une relation exigeante avec des points d’achoppement et que les étrangers seraient renvoyés dans leur pays d’origine quels qu’ils soient ». Environ 1.700 forces de l’ordre devraient être ainsi mobilisées durant 11 semaines avec pour objectif la destruction de 1.300 bangas, quasi le double de celles effectuées pendant Wuambushu ! « Nous allons mener des actions répétées comme un clou sur un marteau ». Une centaine de fonctionnaires spécialisés (OPJ, PAF, …) a été envoyée dans l’île afin de renforcer le dispositif, notamment d’un point de vue judiciaire pour lutter contre le trafic illicite de migrants et la délinquance.

Le Directeur général de la gendarmerie nationale, le général Rodriguez, a mis en avant le fait que les forces de l’ordre seraient davantage « mobiles et pro actives. C’est un travail constant. Nous avons revu notre mode de fonctionnement et d’intervention, nous allons cibler des personnes et des quartiers ». L’opération « Mayotte Place nette » sera ainsi le fruit de la collaboration entre des gendarmes, des policiers, des militaires et des services de l’État. C’est ce que confirme le Directeur général de la police nationale qui a annoncé la création prochaine d’une nouvelle unité à Mayotte, « Un groupe plus mobile et mieux équipé afin d’être adapté aux difficultés de ce territoire, notamment la forte violence juvénile ». Comme l’a souligné Marie Guévenoux, le ratio des forces de l’ordre par rapport à la population dans l’île au lagon est sans commune mesure avec celui de l’Hexagone : « Il y a 1 gendarme pour 350 habitants à Mayotte, alors qu’il est de 1 pour 1.000 dans l’Hexagone ! ».

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Marie Guévénoux a eu de nombreux échanges avec les élus sur les projets de loi Mayotte

Enfin au sujet de la loi Mayotte, quatre axes de travail vont ainsi être développés dans ce projet de loi : la sécurité, l’immigration, le développement économique et social, ainsi que des projets d’investissements. De plus, la ministre déléguée aux Outre-mer assure qu’il n’y aura plus de titres de séjours accordés pour les parents de mineurs délinquants. « Sur les 13.600 titres de séjour délivrés par an à Mayotte, 85% sont à visée familiale… L’objectif de cette opération est aussi de diminuer drastiquement l’attractivité de Mayotte pour les pays voisins ».

Marie Guévenoux se rendra le 2 mai prochain à Mayotte accompagnée d’une délégation de parlementaires pour leur montrer la situation et « identifier les points de convergence entre élus nationaux et locaux, en toute transparence », avec sans doute le secret objectif d’avoir le soutien d’un bon nombre d’élus nationaux concernant le vote sur la suppression du droit du sol à Mayotte, chose qui est loin d’être acquise à ce jour…

B.J.

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