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Majikavo : union des habitants pour encadrer les jeunes

Ils sont commerçants, pompiers, chefs d’entreprise ou simples citoyens, et ont tous en commun la volonté de participer au rétablissement de la paix dans leur village, "l'Etat apporte sa part, nous devons prendre la nôtre". Une fusion des énergies et donc de solutions autour de jeunes délinquants désœuvrés dont certains sont diplômés mais sans avenir.

Depuis plusieurs semaines, Majikavo est à feu et à sang. Ce dernier a été versé à de nombreuses reprises, que ce soit d’habitants grièvement blessés ou le meurtre d’un jeune il y a quelques jours. Les automobilistes étaient violentés à tout moment de la journée et de la nuit, et si depuis quelques jours, le contexte est redevenu un peu plus calme, cela n’est pas dû au hasard pour Moutar Bacar, à la tête du conseil citoyen de Majikavo réunis avec d’autres, ce samedi au plateau sportif de Majikavo : « Nous nous réunissons régulièrement avec les habitants du quartier pour trouver des solutions contre la délinquance, il faut surtout trouver des pistes d’avenir pour ces jeunes, dont plusieurs sont bacheliers, il y en a même qui ont Bac+2. Le fait que des chefs d’entreprises se soient joints à nous permet d’élargir le champ des solutions. » Ces derniers habitent majoritairement le quartier de Majikoro en hauteur et avaient lancé une concertation de leur côté. Ils se disent concernés, « nous ne sommes pas à Mayotte par hasard, ni pour une courte période, tout le monde doit s’y mettre ». L’union fait la force en quelques sorte, induisant une multitude de solutions.

Majikavo, Mayotte,
Le lien est fait entre les responsables d’association et les chefs d’entreprise

Très actif et présent de longue date sur le territoire, Christian Bourel, membre de l’Education nationale nous décrit leur méthode « à trois niveaux » : « Tout d’abord nous mettons en contact les jeunes diplômés avec des employeurs potentiels, car certains ont juste laissé tomber parce qu’ils sont au chômage longue durée. Trois jeunes ont déjà été accompagnés en emploi, et trois autres vont pouvoir continuer leurs études. Ensuite, nous allons monter les dossiers à transmettre à une agence d’intérim. Enfin, pour ceux qui sont déscolarisés, il faut absolument les rediriger vers les associations de la commune. »

Et des associations, Majikavo en compte un paquet, il faut donc un accompagnement sans faille de la mairie, rappelons qu’elle en a les moyens, et c’est la Chambre régionale des comptes qui l’avait mentionné eu égard à la perception de la taxe professionelle dans une commune comprenant le port de Longoni.

Redémarrage de la surveillance de proximité

Parmi les associations, le conseil citoyen de Moutar Bacar qui œuvre également sur des solutions : « Nous accompagnons les jeunes en situation régulière vers l’emploi et ceux qui sont en situation irrégulière vers les stages quand c’est possible. Ils sont souvent diplômés, mais faute de débouchés, restent à trainer le soir, ils n’ont plus l’appui des adultes ». Justement, un accompagnement à la parentalité est en réflexion, surtout sur les plus jeunes enfants, « nous avons comme projet une permanence hebdomadaire à proximité de la mosquée. Les parents restent partagés entre le droit français et le droit local au sujet de l’éducation. »

En tout cas, le titre de séjour de séjour territorialisé est bien un facteur de délinquance qui bouche tout avenir aux jeunes diplômés.

Bacar Moutar collecte des CV des jeunes présents à la rencontre

S’il travaille à la recherche de solutions, c’est que « chacun doit prendre sa part. L’Etat apporte la sienne, nous devons assurer la nôtre aussi. Et mutualiser les moyens ».

A ses côtés, Ridjali, ou « pompier », car c’est le métier de cet ancien militaire. Il est vice-président du Comité de Sécurité Citoyens Dagoni Majikavo (CSCDM) : « Quand mes collègues pompiers ont voulu intervenir il y a quelques jours, ils se sont faits caillasser, mais quand j’y suis, ils ne le font pas. » C’est encore une fois la solution d’une surveillance par les habitants en proximité de leur quartier comme l’avait initié le capitaine Chamassi à Kawéni et Doujani il y a dix ans, remise récemment au goût du jour, qui est avancée, et Ridjali l’a déjà tenté : « Nos mamans et nos papas étaient présent sur les alentours de la route dès 4 heures du matin, avec leurs tee-shirts rouges et noirs. Il n’y a que ça qui marche. » Mais pour se doter d’un tel service, il faut être soutenu, ce qui ne fut pas toujours el cas. Cette année une subvention de la mairie va lui permettre de relancer l’action, « je les ai invités à une réunion ce dimanche, nous devrions pouvoir redémarrer rapidement », dit-il.

Si des actions existent déjà dans ce sens, avec notamment des employeurs comme Tanchiki Maore (MAP) forts recruteurs dans la commune, soulignons une belle fusion des habitants pour rétablir la paix dans le village.

Anne Perzo-Lafond

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