En fin d’après-midi ce mardi 27 février, Marie Guévenoux a accepté de rencontrer les deux branches des Forces Vives, bien que cela n’ait pas été annoncé dans son programme officiel : celle de Safina Soula et celle de Yasmina Aouny, porte-parole des barragiste non satisfaits par les annonces du gouvernement sur la question de la sécurité. Ces derniers réclamaient à corps et à cris l’état d’urgence sécuritaire comme préalable à la levée des barrages. Demande clairement refusée ce mardi lors de la visite ministérielle, Marie Guévenoux estimant que « l’état d’urgence sécuritaire n’aurait pas d’effet à Mayotte ». Douche froide pour les barragistes récalcitrants qui voyaient dans cet état d’urgence l’unique moyen de venir à bout de la délinquance à Mayotte. Toutefois, juste avant la réunion, Yasmina Aouny que nous avons jointe par téléphone, nous a déclaré « qu’à défaut d’état d’urgence, nous souhaitons au moins que le gouvernement nous envoie un signal fort concernant la lutte contre l’insécurité. Au mois de décembre, les homicides ont explosé et les agressions se font de plus en plus violentes. La situation est intenable ! ».
Rien de très concret n’a visiblement émergé de cette rencontre avec Marie Guévenoux qui, au sortir de sa réunion avec les maires, avait confié vouloir « tenir un discours de responsabilité aux personnes qui continuent à maintenir les barrages ». Une deuxième réunion s’est tenue ce mercredi après-midi, avec uniquement le préfet cette fois-ci, au cours de laquelle Yasmina Aouny a réitéré sa demande de « signal fort de la part de l’Etat ». « L’annonce de la mise en place des arrêtés sur l’interdiction de la vente de machettes et l’euthanasie des chiens errant a provoqué la risée des barragistes tant ces mesures sont décalées par rapport à la réalité de la violence que vivent les Mahorais au quotidien. Les voyous utilisent à présent des fers à béton pour attaquer les automobilistes sur la route, ils sont de plus en plus violents, il va donc falloir autre chose que ces arrêtés pour les neutraliser. Cela pourrait être un débarquement massif dans les quartiers où l’on sait qu’ils se cachent, des perquisitions pour découvrir des stocks d’armes, des arrestations massives. On sait que le gouvernement est capable de mettre en place des mesures fortes s’il le désire », nous a déclaré Yasmina Aouny. Selon ses dires, le nouveau préfet François-Xavier Bieuville aurait déclaré au cours de cette réunion du mercredi « qu’il allait essayer de mettre en place ce signal fort ».
Bref, rien de vraiment concret une fois de plus, ce qui fait que les barrages les plus « durs » restent pour le moment en place. Selon nos informations il s’agit de M’tsamboro, Bandraboua et du carrefour N’gwezi, l’un des plus stricts. Les autres ont fini par rendre les armes, parfois par lassitude, parfois grâce à l’intervention du maire de la commune comme cela a été le cas pour Tsararano.
Pendant ce temps, le collectif de Safina Soula continue de travailler sur les acquis avec le gouvernement
Si Badirou n’est plus le « porte-parole officiel des Forces Vives », il n’en continue pas moins à travailler avec Safina Soula sur les acquis obtenus le 11 février dernier. Cette dernière se présente désormais en tant que « présidente du collectif des citoyens 2018 » et non plus en tant que leader des Forces Vives. Mais qu’importe, elle n’en continue pas moins le combat pour tenter d’améliorer le sort de son île. Son collectif a également été reçu ce mardi par Marie Guévenoux. « Nous sommes revenus sur les modalités de suppression du titre de séjour territorialisé et du droit du sol. La question sécuritaire a également été abordée. Nous avons demandé à créer un comité de suivi des futures opérations avec le préfet », a déclaré Safina Soula, jointe également par téléphone. Consciente que les réformes prennent du temps, elle se dit « très satisfaite que la plupart des barrages aient été levés. Nous avions besoin de souffler ».
La prochaine grande étape pour Mayotte sera donc la préparation de Wambushu 2 et de la « loi d’urgence pour Mayotte ».
Nora Godeau