Environ 400 élèves ont été transportés lundi matin par le réseau halO’, alors que d’habitude ce sont 30.000 élèves qui sont acheminés chaque jour. « Nous nous sommes préparés pour une reprise ce jour (lundi) mais on constate que les barrages sont toujours présents sur les routes. Les bus ont pu circuler sur l’axe Dzoumogné-Mamoudzou. Il y a environ 400 élèves qui se sont présentés aux arrêts et qu’on a pu transporter sur les 7.400 que nous transportons chaque jour en temps normal sur cet axe. On espère un retour à la normale bientôt mais sans la levée des barrages il est difficile d’assurer le ramassage de l’ensemble des élèves, indique-t-on du côté de la compagnie de transport. Par ailleurs, il y a des bus qui se sont déplacés dans la zone Cadema mais les élèves ne se sont pas présentés aux arrêts », précise Transdev.
Seule la zone nord de l’île était donc opérationnelle ce lundi puisqu’il n’y a pas eu de bus scolaire dans la zone centre et dans la zone sud. En Petite-Terre, neuf personnes à mobilité réduite (PMR) ont pu également être transportées. Ce sont en tout 8 bus qui ont circulé ce lundi sur les 300 que compte la flotte.
Des cours à l’arrêt ou en mode dégradé
Du côté du rectorat on confirme que la bonne tenue des cours est de plus en plus difficile en dépit des dispositifs et des adaptations mis en place chaque jour. « C’est très disparate en fonction de la situation. Au nord cela semble plus ou moins rétabli, mais au sud avec les barrages de Tsararano et Bandrélé c’est très congestionné, indique le directeur de cabinet du recteur, Benjamin Lazard-Peillon. Pour le premier degré nous n’avons pas de chiffres précis, les ouvertures des écoles se font progressivement et certains actes de vandalisme dans des établissements viennent de surcroît empêcher le bon déroulement des cours quand les élèves et les professeurs peuvent venir », déplore-t-il.
Ainsi les écoles d’Acoua et de Bandrélé étaient encore fermées ce lundi. Et ce n’est guère mieux dans le secondaire où là aussi la situation est hétérogène avec par exemple 90% d’élèves présents au lycée des Lumières, alors que le lycée Gustave Eiffel de Kahani est fermé, faute d’élèves et d’enseignants. Le lycée de Petite-Terre est très faiblement impacté avec 92% des élèves présents, contrairement au lycée du Nord où il y a seulement 3% des élèves et 7% des professeurs. Le collège de Bouéni fonctionne normalement, le lycée de Sada est lui, fermé, et 40% des élèves étaient présents au collège de Kani-Keli. « Les barragistes de Chirongui étant très agressifs, les gens n’osent pas prendre le risque de traverser ce barrage », raconte le directeur de cabinet.
Aussi, malgré le soutien apporté au recteur de Mayotte et aux personnels de l’académie par la nouvelle ministre de l’Éducation nationale, Nicole Belloubet, la situation demeure encore très précaire. « Il y a des situations à géométrie variable, faute de transport. Pour les écoles primaires c’est un peu plus délicat avec de la confusion… Des écoles de Mtsamboro ont été cadenassées ce lundi matin, le maire a permis de les rouvrir mais reste que beaucoup de familles dans le nord n’envoient plus les enfants à l’école », explique le recteur, Jacques Mikulovic.
A quand la fin de cette crise?
Cette situation très compliquée pour tout le monde devrait continuer si l’on entend, non plus les « Forces vives », mais maintenant ce nouveau collectif se faisant appeler les « Forces du peuple », à la légitimité et à la légalité sans doute contestables. Le nouveau préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville, devant arriver lundi prochain, il y a fort à parier que rien ne bougera d’ici-là. Et une fois de plus, cette situation déplorable se déroule au détriment des élèves mahorais, déjà très en dessous de la moyenne nationale en ce qui concerne l’acquisition des savoirs fondamentaux que sont parler, lire, écrire, compter. Cinq semaines sans avoir cours ce sont plusieurs dizaines d’heures qui ne seront pas rattrapées.
Aussi, une nouvelle musique se fait de plus en plus entendre au sein de la population quant à la poursuite de ce mouvement qui est, certes, sur le fond totalement légitime mais dont la forme devient de plus en plus contestable car très (trop) radicale. En effet, il met en péril l’avenir de ce territoire déjà sous perfusion depuis trop longtemps. Les mêmes qui veulent donner un second souffle à cette île ne se rendent pas compte qu’ils sont en train de l’asphyxier dans tous les domaines (économique, social, éducatif, etc.).
Aussi chacun devrait balayer devant sa porte… En prenant pour preuve les deux barragistes condamnés vendredi dernier par le tribunal judiciaire de Mamoudzou et ayant reconnu, tels des pompiers pyromanes, avoir commandité l’attaque de la gendarmerie de Sada par une cinquantaine de délinquants dans la nuit du 28 au 29 janvier ! Quels sont ceux qui souhaitent vraiment la sécurité ? Et ceux le chaos ?
Au final dans cette histoire, c’est l’éducation des élèves mahorais qui va en pâtir. Aussi, elle ne saurait être une variable d’ajustement, avec un avenir hypothéqué, voire sacrifié sur l’autel de la sécurité tant réclamé par certains.
B.J.