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mardi 28 janvier 2025

Tribunal judiciaire : Certaine victime « énervée » par les décisions de justice

Plusieurs dossiers devaient être traités vendredi en comparution immédiate dont un vol aggravé, une agression sexuelle sur mineur, une affaire de proxénétisme mais surtout l’agression du conseiller départemental Elyassir Manroufou et de son frère, commise le 25 décembre dernier. Sur quatre affaires, deux ont été renvoyées à une date ultérieure afin que les accusés puissent préparer leur défense.

Quatre contre un pour lui voler son téléphone et sa sacoche

Il faut croire que certains délinquants ne sont pas très téméraires… Le 3 janvier 2023 à Mamoudzou, en fin d’après-midi, quatre jeunes demandent à un homme 1 euro, celui-ci accepte généreusement de leur donner et en échange, il est victime d’un balayage puis est passé à tabac avec des coups de pierre et de casque portés au visage et sur tout le corps. Les voyous en profitent pour lui dérober son téléphone portable ainsi que sa sacoche où figure ses papiers. Pris en charge rapidement par les secours, le médecin du CHM lui prescrira une incapacité totale de travail (ITT) de 20 jours. Les investigations menées par les enquêteurs ont permis d’arrêter 4 personnes dont 3 mineurs qui ont reconnu les faits. Ils seront jugés prochainement par un tribunal compétent.

Quatre affaires devaient être jugées vendredi en comparution immédiate ( ®MLG)

Le 4e, majeur, était devant le tribunal correctionnel ce vendredi et pour le coup à nier en bloc. « Je passais par-là, j’ai vu ce monsieur qu’on était en train de mettre dans l’ambulance, répète-t-il à de nombreuses reprises devant le tribunal. – Pourtant les autres témoins disent que vous l’avez frappé et que vous lui avez fait une balayette, rétorque le président du tribunal, Maxime Aluze. – Je faisais que passer. Ils disent qu’on est copain mais ce sont simplement des jeunes que je croise dans le quartier. Ils m’ont tout mis sur le dos et pendant ce temps-là ils ont le téléphone. On m’accuse à tort ».

La victime présente à l’audience a reconnu formellement un de ses agresseurs. « Il m’a demandé de l’argent puis il m’a frappé. Il m’a serré le cou et donné des coups de poings. Si je retourne dans le quartier je suis en danger. Il faudrait que je puisse avoir un logement dans un autre endroit, demande-t-il au président du tribunal. – Malheureusement le tribunal n’a pas de pouvoir social et encore moins celui de vous trouver un logement, lui répond-t-il. Vous pouvez néanmoins faire une demande d’indemnisation ».

Après avoir délibéré, le tribunal a suivi les réquisitions du parquet et a condamné le prévenu à 6 mois de prison avec sursis probatoire de 24 mois, 70 heures de travaux d’intérêt général, l’obligation d’indemniser la victime et l’interdiction de porter une arme pendant 3 ans.

Démantèlement par la police d’un réseau de prostitution malgache

Le 20 juillet 2023, la Direction territoriale de la Police nationale (DTPN976) initiait une enquête préliminaire en lien avec un réseau de prostitution opérant au sein d’une maison individuelle à Mayotte. Il apparaissait que des ressortissantes malgaches acheminées illégalement depuis 2020 sur le territoire national se livraient à la prostitution. Cette activité illégale aurait dégagé un bénéfice très important.

Appuyé du Guide pénal, la ou le procureur(e) qui représente le Ministère public s’assure à son échelle du déroulé cadré de chaque audience tout en faisant valoir ses recommandations de peines (®MLG)

Le 2 janvier 2024, trois personnes sont interpellées et placées en garde à vue, dont deux sur l’île de La Réunion. Une quatrième personne était identifiée et placée en garde à vue. Les trois premières mises en cause ont été présentées en audience de comparution immédiate vendredi pour les infractions « d’aide à l’entrée et au séjour irrégulier et proxénétisme aggravé ». Comme leur a rappelé le président du tribunal, « La peine encourue est de 10 ans de prison… ».

Les trois accusées au casier judiciaire vierge ont demandé, comme leur permet la loi, un délai pour préparer leur défense. Le parquet a alors demandé que ces personnes soient placées sous contrôle judiciaire en attendant leur procès. Elles devront ainsi pointer au commissariat une fois par semaine, ne pas quitter Mayotte et ne pas avoir de contacts entre elles. Le tribunal a suivi cette demande du Ministère public puisque les trois prévenues offraient les garanties nécessaires pour être jugées ultérieurement. Leur procès a été renvoyé au 21 février.

Les auteurs de l’agression du conseiller départemental Elyassir Manroufou et de son frère sont ressortis libres de l’audience.

C’était la dernière affaire jugée par le tribunal vendredi, et pour le coup la décision rendue par la justice en fin de soirée en a choqué plus d’un. En effet, le 25 décembre dernier le conseiller départemental de Mstapéré, Elyassir Manroufou, accompagné de son frère et d’un ami ont été agressés lors de la soirée suite à un différent futile, à propos d’une chaise, dans un bar. L’altercation a rapidement dégénéré en une agression au couteau. Le frère de l’élu a ainsi reçu un coup au visage nécessitant une prise en charge par les secours rapidement. Les deux individus interpellés, d’origine congolaise, étaient donc jugés devant le tribunal vendredi. Après la délibération, même si le tribunal les a reconnus coupables des faits reprochés, ils sont ressortis libres tous les deux. Toutefois l’auteur du coup de couteau a été condamné à 6 mois de prison ferme, sans mandat de dépôt, et l’interdiction de détenir une arme.

Mayotte, scooter, accidents
Les deux accusés sont ressortis libres du tribunal

Son comparse, quant à lui, a simplement écopé d’une amende de 1.000 euros assortie de sursis. Dans un post publié sur Facebook, le conseiller départemental ne cache pas son amertume suite à cette décision de justice. « Vendredi, deux hommes sont ressortis libres du tribunal et mon frère Maambadi Moendadze et moi sommes ressortis brisés. Déçu de voir que la justice a eu les yeux un peu trop bandés pour ne pas voir la plaie et la cicatrice que mon frère va devoir porter toute sa vie et que seulement deux des quatre personnes qui étaient là ont été condamnées. Énervé de voir que le fait que l’un d’eux ait dit clairement me reconnaître en tant qu’élu n’ait pas été retenu par le juge. Ceci constitue pourtant un critère aggravant. »

B.J.

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