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Du Mozambique à Mayotte, Acte 2

Dans cette dynamique de développement économique de notre territoire et de coopération régionale, des protagonistes mahorais conduisent, toute cette semaine, la venue d’une délégation mozambicaine composée de potentiels futurs investisseurs.

La précédente tournée ayant manifestement suscité vif intérêt, c’est donc un second round combinant négociateurs économiques et businessmen chinois — apparemment implantés au Mozambique depuis de très nombreuses années — qui se joue durant près de 5 jours, pour venir découvrir de manière concrète et immersive les potentialités de notre jeune département. Des potentialités loin d’être négligeables, tout comme un marché qui affiche plantureusement +7% de croissance annuelle et ça, ça n’est pas rien niveau attractive et pécuniaire appétence, comme ne manque de le souligner Edouard Mayoral, conseiller diplomatique rattaché à la préfecture de Mayotte et adjoint à l’ambassadeur délégué pour la coopération dans l’océan Indien : « En l’état actuel des choses, ce territoire est vraiment trop tourné vers la Métropole; il faut pourtant qu’il soit beaucoup plus intégré à son environnement régional immédiat, dans l’intérêt des mahorais et du développement économique local. Lorsque l’on voit par exemple le prix astronomique du kilo de tomates venu d’Espagne, il n’y a pas de raisons qu’on ne trouve pas les partenariats escomptés pour faire venir ces mêmes produits depuis une zone bien plus proche mais pour ce faire, il y a bien entendu des étapes à franchir. Mon rôle est de donner de la visibilité à Mayotte et ce, sur différents plans ».

(de g. à d.) B.Gérard et E.Mayoral apportant accompagnement, pistes, aiguillage et pédagogie au regard des atteintes de la délégation

Entre rapides aspirations et normes sécuritaires d’importation 

Nombreux sont les utopistes qui souhaiteraient qu’en un claquement de doigts, tout une filière puisse se développer sans encombres et encore moins celles des réglementations de sécurité sanitaire de tous bords. Des réglementations à la fois nationales mais aussi européennes, contraignantes en apparence qui pourtant nous garantissent une pleine protection contre les potentiels et nombreux risques existants, aussi dans un respect conscientisé et environnemental et ça, il ne faut pas l’omettre. Ces normes peuvent justement différer d’une contrée à une autre, tout comme la lourdeur administrative de circonstance. « Le problème de notre île, c’est que tout se doit d’être centralisé et de remonter sur Paris. La gestion administrative est un frein pour le monde économique privé qui est finalement encore sous-exploité voire méconnu ici », souhaite souligner Ibrahim Bacar, membre accompagnateur de cette délégation.

I.Bacar (au centre) souhaiterait que le département soit plus organisé car, selon lui, les interactions avec les institutions font perdre du temps et des potentiels investissements importants

Une délégation finalement très peu au fait de la réalité locale, assimilant inconsciemment ou stratégiquement Mayotte telle une île rattachée au grand et proche continent, qui se devrait d’adopter un cadre réglementaire bien plus souple : « La réalité c’est qu’il y a des grands standards ici mais cela reste l’Afrique avec des règles bien trop complexes à mettre en œuvre. Il faut impérativement trouver un équilibre », indique Salim Hanifo, expert négociant rattaché à la Confédération des associations économiques du Mozambique avant de poursuivre : « Avant de venir ici, je me suis rendu à l’Ambassade de France du Mozambique où il m’a été ouvertement dit qu’on ne pouvait pas m’informer de grand chose sur Mayotte et que le mieux qu’il restait à faire, c’était justement de se rendre directement sur place pour une imprégnation. Là est le motif de notre venue avec le souhait de rencontrer les identités locales du pouvoir ». 

Des demandes aussi larges que variées

Pour S.Hanifo (au centre), dont son pays comptabilise plus de 5 millions d’associations économiques, il est évident que l’imprégnation d’un territoire et de ses règles ne peut se faire en 5 jours. Une seconde venue est d’ores et déjà dans le viseur

La prise de rendez-vous de ce jour, avec l’équipe préfectorale en présence, fut en fait une sorte de requête de dernière minute à la demande de cette délégation justement, mais pour laquelle il ne fut manifestement communiqué aucun desiderata précis en amont. C’est donc un peu par effet de surprise qu’il fut énuméré durant cet entretien les souhaits de développer des marchés économiques très spécifiques dans les secteurs de la pêche, du commerce, du transport de marchandises, notamment BTP, de la production locale d’eau potable mais aussi de l’importation embouteillée… En somme une introduction très vaste qui a laissé légitimement un peu pantois Edouard Mayoral et le chargé de mission régionale et développement international au sein du Sgar, Benjamin Gérard : « Nous n’étions malheureusement ni avisés des corps de métiers souhaités, ni de la nature même de notre réunion et toutes ces demandes, notamment techniques, nécessites bien-entendu de s’entretenir avec les respectifs spécialistes présents sur notre territoire pour justement faciliter les échanges et vous faire gagner du temps. N’hésitez pas à nous envoyer un mail répertoriant l’ensemble de vos questions et propositions. Nous sommes là pour centraliser et vous transférer les documents réglementaires au besoin, tout comme nous sommes présents pour vous accompagner et soyez certains qu’il n’y a aucun frein à developer des marchés sur notre territoire, bien au contraire ».

D’indéniables potentialités de plus en plus dans le viseur des politiques et hommes d’affaires régionaux et ce, quelle qu’en soit la thématique, comme il fut cas le mois dernier pour le diplomate E.Mayoral, en déplacement à Dar es Salaam, en Tanzanie, pour un projet de mise à l’étude, dès l’année prochaine, d’une liaison aérienne commerciale et cargo, avec la compagnie Precision Air. Une compagnie légitimement soucieuse de s’imprégner des textes en vigueur, relatifs à la réglementation européenne, tout comme curieuse de quantifier la rentabilité d’un tel projet. Là est aussi toute la complexité d’un tel challenge; se rendre pleinement disponible pour offrir un maximum de chances en vue de désenclaver l’insularité mahoraise tout en filtrant et rationalisant les demandes pour que l’alléchante quantité ne l’emporte pas sur la pérenne qualité conscientisée. Tout ce qui brille n’est pas or disait le vieil adage…

Photo protocolaire de circonstance et de fin d’entrevue à même les jardins du Sgar

La délégation privée concernée devrait quitter le territoire en fin de semaine ayant au préalable rencontré des acteurs municipaux, départementaux mais également institutionnels tels que la Cadema, le Cesem, l’Adim, la BGE ou encore la Cress. Des déplacements qui portent leurs fruits et qui devraient offrir une 3ème venue, dès 2024, composée notamment de membres du Gouvernement mozambicain et qui aura pour objectif, celui de « finaliser des accords de coopération entre les deux territoires, ouvrant ainsi la voie à des partenariats durables ».

 

MLG

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