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Crise de l’eau : Plus que jamais on sensibilise

Réunion d’information collective et hydrique bilan, ce lundi midi, au sein de la préfecture de Mayotte en présence du préfet chargé de mission Eau, du directeur de l’ARS ainsi que de la directrice de la Smae.

Profitant du timing synchronisé relatif à la publication du nouveau et dernier rapport Cons’Eau de ce lundi 4 décembre 2023, ce point ressource fut l’occasion d’aborder un angle légitimement tant aspiré par les hautes autorités concernées (mais pas que…) relatif au maintien de cet effort collectif qui se doit d’être inscrit dans la durée sachant notre calendrier pluviométrique plutôt capricieux. Il est évident que l’on peut sempiternellement incriminer Pierre, Paul, Daoud ou Jacques pour X ou Y raisons antérieures, nous ayant fortement précipité en situation bien complexe. Il n’en demeure pas moins que les actuels acteurs et ce, quel qu’en soit leur rang, n’ont guère le pouvoir de faire tomber la pluie sur commande et aux endroits stratégiquement escomptés.

Rapport Cons’eau du 04/12/2023

Qu’on râle ou qu’on peste, on est tous dans le même bateau. Quelle ironique métaphore sachant le niveau extrêmement bas de nos retenues. Un taux de remplissage de 6,2% pour Dzoumogné et 4,6% pour Combani, là où l’année passée, à cette même date, il était question respectivement de 38 et 55%. On touche presque le fond, c’est rien de le dire et cette lutte commune des concitoyens que nous sommes, unanimement saluée par les instances en présence, est aussi et surtout, la seule alternative immédiate pour éviter d’atteindre le seuil critique de non retour.

Mieux vaut massivement prévenir que…

…non pas guérir mais bien intensifier ! Quoi ? Le débit de l’eau ? Non, plutôt ses coupures et si les efforts consentis ne semblent pas toujours compréhensibles, d’autant plus à l’heure de ces écrits, c’est pourtant bien grâce à eux, en plus des divers travaux engagés en parallèle, que nous pouvons toujours compter sur notre moyenne de 54h de distribution potable hebdomadaire via nos robinets. Et c’est bien parce que la volonté se porte sur le souhait de ne surtout pas amplifier la durée de ces tours d’eau que le préfet de l’Eau, Gilles Cantal, tire la sonnette d’alarme anticipatoire au regard de ce contexte de sécheresse qui perdure et du dernier rapport de la consommation hydrique journalière.

La société Ax’Eau est en charge de la détection des fuites d’eau par système acoustique. Ce sont déjà 165 réparations de fuites qui ont été apportées sur le réseau mahorais (®MLG)

Une consommation qui continue son ascension malgré les nombreuses recommandations et alertes préventives quasi quotidiennes. Une consommation évaluée à 27 620 m3 là où il faudrait impérativement se restreindre à 22 000 m3, afin de retarder ce niveau de vidange tant redouté. « Mon message va peut-être paraître un peu surprenant au moment où on a l’impression que les choses s’arrangent, au moment où nous passons aujourd’hui à une perspective de vidange reportée au 11 décembre, alors qu’hier elle était au 9 et avant hier au 8… Nous gagnons du terrain mais il ne faudrait pas que nous arrivions à une situation qui nous obligerait à faire demi tour sans anticiper ni même être excellent au niveau prévisionnel. Bien entendu, en parallèle, les services réfléchissent sur des scénarios critiques (…) Il ne s’agit pas d’être alarmiste mais il est important de maintenir la bataille et de travailler encore plus ensemble ». 

Conscientiser pour que chacun se sente, à son échelle, impliqué 

Il est évident que lors d’une épreuve commune et ce, quelle qu’en soit sa nature, le but majeur et constructif n’est pas d’être dans une dynamique délétère, répressive ni même de délation mais bien dans une approche de saine et efficiente sensibilisation. Malgré les efforts consentis, voire même subis, pour la quasi majorité que nous sommes, il perdure des actes et actions qui, aussi modestes et dérisoires en apparence soient-ils, ont à leur échelle un impact qu’on le veuille ou non.

Malgré les restrictions en vigueur pour lesquelles tout le monde fait des efforts face à cette crise de l’eau, certaines personnes passent outre les règles et s’en affichent même publiquement avec fierté sur les réseaux (illustration datant de ce week-end)

Si ma voiture est un peu sale et que j’ai tout de même ce viscéral besoin d’apparat de la rincer à minima et bien j’ai au moins la saine logique d’attendre un passage pluvieux ou bien même de récolter l’eau de ce dernier pour atteindre ma quête. Cela peut vous apparaitre stupide comme exemple pourtant il en est un parmi tant d’autres qui sont justement restreints par arrêté mais qui semblent se perpétrer dans une indifférence des plus généralisées. Et c’est bien parce que l’accumulation de petites gouttes forme les grands océans qu’on se doit tous de maintenir à notre modeste, mais non moins efficiente, échelle cet effort estampillé H2O. Soyez certains qu’il n’est pas vain, depuis le 1er janvier, ce sont 3 milliards de m3 qui ont été économisés selon les données officielles communiquées.

Les petits et surtout bons gestes…

Vivre en société, c’est donc faire preuve de civisme et de sacrifice lorsque cela est nécessaire; ça, les mahorais s’y attellent et même si la distribution de l’eau — cuvée robinet — ne se veut en continuité, il n’en demeure pas moins que les résultats escomptés ne sont pas garantis preuve en est.

Récupérer l’eau des pluies est intelligent pour les usages de tous les jours non alimentaires mais penser à traiter et couvrir ces potentiels nids à larves de moustiques

Donc comment est-il possible de parler de consommation plus accrue alors que les coupures sont au même rythme ? C’est justement ce que souligne Olivier Brahic, le directeur de l’ARS de Mayotte qui pense qu’un apport informatif visuel et régulièrement alimenté, notamment en ce qui concerne le niveau de vidange, serait bien plus parlant pour la population en plus de bons gestes à adopter pour éviter de potentiels dommages collatéraux : « Nous le répétons, la guerre n’est pas gagnée, nous avons encore un bon mois à tenir et il important que la fréquence de ces tours d’eau se maintienne en l’état pour ne pas engendrer pour le coup des vrais enjeux sanitaires en termes d’hygiène etc. Il est important que les gens arrêtent de sur-stocker par peur de manquer car à force, l’eau devenue stagnante est pour le coup dégueulasse, je suis désolé de le dire ainsi et dernier point, malgré tout, nous rentrons dans la saison des pluies et il se profile un nouveau risque d’arbovirose et de maladies vectorielles justement liés à tous ces stocks d’eau et il faut être vigilant ». Des gens qui remplissent plus qu’il n’en faut leurs contenants, au moment de la réouverture programmée de l’eau et qui ne profitent paradoxalement pas des épisodes de pluies pour abreuver leurs réservoirs destinés aux WC, au lavage des sols ou autre usage rapide et quotidiens à des fins non alimentaires. On comprend l’accroissement de la consommation moyenne de +115 m3/jour relevée dans le dernier rapport Cons’Eau.

D’une remise en eau à une autre, l’eau est sur-stockée et pas toujours utilisée ce qui accentue inutilement la consommation d’eau empruntée aux réserves disponibles déjà bien basses

On tente d’économiser ok mais de manière générale, on en est où ?

En plus de efforts demandés à la population, les différents chantiers de rénovation, d’exploration et d’exploitation à venir se poursuivent. Des chantiers notamment en lien avec cette ambitieuse volonté d’explorer plus en profondeur la potentielle vétusté des 800km qui composent le réseau hydrique mahorais, dont 250 à 300 km ont déjà été expertisés et 165 réparations de fuites recensées. Une aubaine qui n’est pas des moindres dans cette lutte littéralement au compte gouttes. Des gouttes aussi dessalées au niveau de l’usine de Petite-Terre dont la production journalière devrait pouvoir graduellement s’élever d’ici 2 à 3 semaines, en plus de l’alimentation desservie sur tous les quartiers de la zone, passant ainsi de 3 500 à 4 700 m3. À terme, post-crise hydrique, cette accentuation de production devrait pouvoir offrir une pleine autonomie garantie pour la petite île. À ces actions majeures, visant l’élargissement de la production en eau potable, se greffe donc la 6 ème campagne de forage débutée en septembre dernier dont les sites de Coconi et de Combani se veulent déjà testés, aménagés et en phase de raccordement en plus du lancement de l’étude de la 7ème campagne par le Brgm.

F.Fournial lors de la dernière visite du ministre délégué aux Outre-Mer P.Vigier au niveau de l’usine de dessalement de Petite-Terre qui devrait, par son extension, offrir d’ici quelques semaines une production journalière de 4 700 m3 d’eau (®MLG)

On ne perd plus de temps ! La dynamique anticipatoire est palpable et pour ceux qui continueraient à émettre des doutes quant à la qualité de l’eau actuellement distribuée, la directrice de la Smae, Françoise Fournial, est formelle : « Je le dis et le répète, l’eau est potable. Ces 12h conseillés d’écoulement et bouillissage avant consommation et stockage, de préférence dans le frigo, sont à titre préventifs pour se parer de toute éventualité de bulle d’air et bactérie dans le réseau et de phénomène de retour d’eau. Les contrôles ont été intensifiés, nous sommes extrêmement vigilants en complémentarité des contrôles de l’ARS. Depuis le début de la crise, je n’ai pas acheté une seule bouteille d’eau, je consomme l’eau du robinet, tout comme mes enfants. Que les gens l’entendent, je me répète, l’eau est potable ».

 

MLG

Alors que la 6ème campagne de forage s’était quelque peu fait désirer, à peine entamée que la 7ème est déjà en cours d’étude par le Brgm
Ce sont déjà près de 3,5 millions de bouteilles d’eau qui ont été distribuées depuis ces 2 dernières semaines et 13 containers contenant des bouteilles vides qui ont été renvoyés pour tri

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