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Comores : une vive émotion aux obsèques du jeune Fahad Moindzé

Des centaines de personnes ont accompagné la dépouille jusqu’à sa dernière demeure dans son village natal à Irohe au centre Est de Ngazidja (Grande Comore). Le jeune homme de 21 ans a été mortellement blessé par un militaire lors du match opposant les Comores à l’équipe nationale du Ghana. Les assurances des autorités de « rendre justice » au jeune sont loin de calmer la colère de la famille et des milliers de Comoriens.

Le jeune Fahad Moindzé, décédé à la suite d’un tir à balle réelle, reçue mardi 28 novembre aux abords du stade de Malouzini à Moroni, a été inhumé ce jeudi 30 novembre dans sa localité d’Irohe au centre Est de Ngazidja en présence d’une foule immense. «Nous sommes en deuil, nous enterrons notre frère, nous ne voulons pas de ministres ici ni de toute autre autorité, ils ne sont pas les bienvenus chez nous », a déclaré un jeune de la localité, en colère.

Sous coma artificiel

L’émotion était palpable aux obsèques du jeune homme « qui voulait aller regarder un match », selon l’un de ses amis qui s’est exprimé sur la Chaine Libre des Comores (LCC). «Comment comprendre qu’un militaire armé puisse se permettre de tirer sur la foule, nous sommes en colère, ils ont promis de sanctionner l’auteur du tir mais combien l’ont dit dans bien de cas similaires sans aucune suite, nous ne voulons plus d’autorités dans notre village», a-t-il ajouté.

Lors des obsèques dans son village natal

Il faut noter que l’acte mortel a suscité une grosse colère dans l’opinion aux Comores, notamment sur les réseaux sociaux où on tire à boulets rouge contre le gouvernement. Les autorités comoriennes avaient pris en charge totalement l’évacuation du jeune homme à Dar Es Salam en Tanzanie où il y était admis le jeudi 23 novembre de la tragédie, pour des soins à la suite d’un traumatisme crânien. Il était sous coma artificiel. Malheureusement, les médecins n’ont pas pu le sauver. Il a rendu l’âme quelques heures après son admission dans la salle de soins.

Le gouvernement a reconnu « la tragédie » et a promis «une enquête pour rendre justice» à Fahad Moindzé. Le militaire à l’origine du tir est actuellement mis aux arrêts, mis en cellule et passera en conseil de discipline selon la loi militaire comorienne. «Il y a aussi une enquête ouverte, il y a un volet pénal et un volet civil dans cette affaire, je prends l’engagement de tout faire pour rendre justice à Fahad Moindzé et à sa famille», a promis le Garde des Sceaux, ministre de la Justice, Djaé Ahamada Chanfi. Ce dernier a été prié de faire demi-tour il y a quelques jours après s’être rendu au village natal de la victime pour présenter les condoléances du gouvernement à sa famille et à la localité.

De nombreuses enquêtes similaires sans suite

Les assurances des autorités de « rendre justice » au jeune sont loin de calmer la colère de la famille et des milliers de Comoriens. Des citoyens n’ont toujours pas eu suite des enquêtes ouvertes à la suite d’au moins sept cas similaires. «Qu’est ce qui garantit que cette fois ci, l’enquête ira jusqu’au bout », avait demandé un journaliste lors du point de presse des autorités. « Je dis que toute la lumière sera faite et qu’au moment où nous parlons le militaire est mis aux arrêts, il sera jugé par ses pairs avant d’être transmis à la justice », a répondu le ministre de la Justice.

Les enquêtes similaires sont souvent restées sans suite. On a appris qu’une foule voulait forcer la grille principale pour aller assister au match. Difficile de connaître le profil du jeune militaire à l’origine du tir. On ignore ses états de service, le nombre de ses interventions et surtout s’il avait reçu les formations nécessaires en gestion des mouvements des foules. L’enquête devrait aussi permettre également d’en savoir un peu plus sur les premiers instants du tir fatal. Le procureur de la République ne s’est pas encore officiellement exprimé sur cette tragédie.

A.S.Kemba, Moroni

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