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Anfaïta Ibrahim met la gastronomie mahoraise en lumière à l’île Maurice !

Lors du forum « Notre futur : dialogues Afrique-Europe » organisé du 3 au 5 novembre dernier à l’île Maurice par les Instituts français de Maurice et de Paris, deux Mahorais étaient à l’honneur. Anfaïta Ibrahim, qui a animé l’atelier sur la sociabilité alimentaire, a rencontré beaucoup de succès et a contribué à faire briller la gastronomie mahoraise à l’international.

La 4ème édition du forum « Notre futur : dialogues Afrique-Europe » avait pour thème « L’horizon par-delà les frontières ». Inscrits dans le prolongement du Nouveau Sommet Afrique-France 2021, ce cycle de forums centrés sur la jeunesse vise à repenser les relations entre les deux continents. Dans cette logique, Mayotte, dont la culture trouve notamment ses sources au sein du peuple bantou, mais très influencée également par la culture française, avait toute sa place. La Délégation Mahoraise de Mayotte à La Réunion ne s’y est pas trompé et a joué son rôle de facilitatrice pour que deux personnalités mahoraises expertes dans leurs domaines respectifs soient représentées. L’une d’elle était Anfaïta Ibrahim, lauréate du 1er prix de cuisine organisé par le comité départemental du tourisme de Mayotte en 2019 !

La cuisine mahoraise revisitée

Le forum visait à repenser les relations entre les continents africain et européen.

Dialogues Afrique-Europe oblige, l’atelier sur la sociabilité alimentaire demandait aux pays ou régions participants de marier la cuisine traditionnelle de leur pays à des influences européennes. « J’ai donc choisi de faire des canapés de feliki mhogo », relate Anfaïta Ibrahim qui estime que les brèdes manioc sont caractéristiques de la cuisine de notre île quand les canapé, faits à base de pain, caractérisent la culture française. « Mataba est le terme comorien. En shimaore, on dit « feliki mhogo », nous apprend d’ailleurs cette passionnée de cuisine de 38 ans, originaire de Sada, qui a rivalisé de créativité pour s’adapter aux contraintes imposées par le forum. Il fallait aussi que les plats soient 100% végétariens pour respecter la dimension « verte » de l’évènement. Salade de papaye et de mangue verte mêlé de carottes, purée de patates douces au basilic et au thym et pana cota au lait de coco, à la mangue et à l’ananas étaient aussi au menu de l’atelier culinaire du forum.  Ce festival de saveurs mahoraises aux touches européennes a beaucoup séduit les participants au forum puisque l’affluence a été forte sur le stand de la sadoise ! « Anfaïta a cartonné » a d’ailleurs affirmé Marie-Jo Karaké, l’une des membres de la délégation de Mayotte à La Réunion qui a contribué à la « dénicher ».

Anfaïta est « une référence » en ce qui concerne la cuisine dans les mariages. « J’ai un palais très fin et je n’aime pas la nourriture fade. J’aime que la nourriture soit bien faite », nous confie d’ailleurs cette amoureuse de la gastronomie qui a toujours eu une vision très ouverte de sa passion. « J’ai appris les plats mahorais dans mon enfance par ma mère, mais à chaque fois que je voyage, je découvre la cuisine des pays que je visite et je m’en inspire pour revisiter la mienne », nous a-t-elle confié.

La cuisine mahoraise : si riche et pourtant si peu connue !

Passionnée de cuisine depuis l’enfance, Anfaïta est une référence gastronomique dans les mariages de notre île !

Nombreux sont les habitants de Mayotte originaires d’autres départements qui ne connaissent que très peu la gastronomie mahoraise en dehors du mataba ou des frites de manioc et de fruits à pain. Mais qui connait par exemple la soupe aux pieds de bœuf en dehors, peut-être, de ceux qui ont eu la chance d’être invités à un manzaraka ? « Je tenais aussi à faire ce plat car il me rappelle mon enfance. Mon père le cuisinait très souvent », se souviens Anfaïta avec nostalgie. Les plats à base de papaye rouge ou citrouilles ne figurent également que rarement, voire jamais, aux menus des restaurants. « C’est que les gens ne veulent pas manger ce qu’ils mangent déjà la maison », explique la sadoise. Une explication qui ne suffit guère à élucider ce mystère ! D’autant que, comme elle l’affirme elle-même, cette cuisine traditionnelle autrefois chronophage, est aujourd’hui facilement réalisable au quotidien grâce à l’électro-ménager moderne ! Les participants au forum Notre futur ont pu en avoir un aperçu et nous espérons qu’elle se développe un jour aussi dans les restaurants de notre île !

Anfaïta était en tout cas ravie de son succès au forum puisqu’il a fait le lien avec sa vision « généreuse » de la cuisine. « Je ne cuisine jamais que pour moi, j’aime au contraire cuisiner pour les gens et leur faire découvrir mes spécialités », affirme-t-elle avec entrain.

Nora Godeau

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