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Crise de l’eau : le président du CD à la source des financements dans les ministères

Trouver des aides en urgence pour les agriculteurs et sécuriser dans l’avenir la distribution d’eau en diversifiant l’approvisionnement en fonction des usages, c’était deux des objectifs de la délégation d’élus qui ont chiffré les besoins à 50 millions d'euros. Le montant alloué à l’Office de l’eau sera connu dans quelques semaines.

Par ces temps de crise de l’eau à Mayotte, et grâce au relais des médias nationaux, les oreilles s’ouvrent dans les ministères. Et au lieu d’attendre la becquée, les élus partent y défendre les dossiers. Le président du Département Ben Issa Ousseni, accompagné de Maymounati Moussa Ahamadi, conseillère de Dzaoudzi Labattoir et du sénateur Thani Mohamed Soilihi, a pu obtenir des avancées dans l’objectif de fiabiliser l’approvisionnement en eau potable dans l’avenir.

Les élus mahorais ont été accueillis notamment au sein de deux grands ministères, et par les ministres eux-mêmes. Auprès du premier, Christophe Béchu, Ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, ils ont défendu les solutions de moyen terme pour éviter une nouvelle pénurie d’eau dans l’avenir : « En ce moment, tout le gouvernement est mobilisé pour trouver des solutions à court terme de ravitaillement en eau de Mayotte, nous avons donc demandé à être reçu pour financer les axes de l’Office de l’eau que nous venons d’adopter. Il va nous permettre de mettre en place les mesures du SDAGE, le Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux, mais aussi toute la partie restauration du milieu naturel qui a été très dégradé à Mayotte », nous rapporte Ben Issa Ousseni.

Le budget a été évalué par les élus à 12 millions d’euros sur 5 ans pour installer et décliner les actions de cet Office de l’eau qui aurait dû être mis en place au lendemain de la départementalisation, « le ministre nous a demandé de lui fournir l’ensemble des éléments chiffrés justifiant ce budget ».

Des réservations hôtelières sous condition d’eau

Réflexion sur la pose d’unités de dessalinisation dans les hôtels comme ici à Trévani

Le deuxième point abordé avec le ministre porte sur les alternatives dans les usages de l’eau, pour ne plus utiliser de l’eau potable à toutes les sauces, sujet que nous avions abordé avec le préfet Thierry Suquet. « Nous avons des hôtels en bord de mer, l’Ibis, le Trévani, le Sakouli, le Hamaha, N’gouja, etc. qui pourraient bénéficier d’unités de désalinisation d’eau pour l’eau potable plutôt que de faire subir des coupures à leur clientèle comme c’est actuellement le cas », poursuit le président Ben Issa Ousseni.

En effet, des hôteliers nous ont confirmé que la première question posée par les clients était celle de l’approvisionnement en eau, notamment pour les douches, et que les réservations en dépendaient. Cette solution de la désalinisation permettra aussi de remplir leurs piscines sans pomper sur la ressource, ce qui semble être actuellement le cas, une aberration par ces temps de restriction sur la consommation.

Le cabinet du président du CD nous glisse un exemple porteur : « A Rodrigues, un hôtel d’une cinquantaine de chambres fonctionne avec dessalinisateur. Il faut s’y mettre ! »

Quant au secteur du BTP, un travail serait en cours avec la préfecture pour récupérer des eaux traitées par les stations d’épuration pour alimenter les centrales à béton.

Possible classement en calamité agricole

Carte des masses d’eau souterraines pour d’éventuels forages agricoles (SDAGE 2020)

Les élus ont ensuite dirigé leurs pas vers le ministère de l’agriculture. « Autant avec le ministre de la Transition écologique, nous avons abordé les mesures de moyen terme, autant avec monsieur Fesneau, ce fut les décisions d’urgence pour sauver notre agriculture ».  Une enquête est en cours par les services de l’Etat pour engager la procédure de calamité agricole, qui induira des indemnités spécifiques, « et nous avons demandé que soit ouvert le Fonds de secours outre-mer pour indemniser à hauteur de 1.000 euros chacun des 1.400 agriculteurs de l’île », un budget de 1,4 million d’euros. « Nous avons également demandé un soutien financier pour l’équipement en cuves de stockage pour les 40 exploitants les plus touchés, 1,5 million sera débloqué. » Donc 3 millions d’euros devraient être immédiatement affectés à la filière en attendant le possible classement en catastrophe naturelle.

Également, à moyen terme, une dizaine de forages agricoles sont envisagés, « il faut auparavant étudier le terrain et évaluer les disponibilités des nappes phréatiques et cibler le foncier départemental pour aller plus vite. Mais il faut tenter car chaque forage peut alimenter environ 30 exploitations. » Le budget alloué serait de 30 millions d’euros. Le ministre Marc Fesneau a également suggéré de « creuser des retenues collinaires agricoles », qui une fois remplies par les pluies sont des réserves précieuses. Mais se pose toujours le problème de foncier à l’instar de notre 3ème retenue collinaire.

Cependant, en matière d’agriculture, une des spécificités de Mayotte semble avoir été oubliée, celle du « jardin mahorais », ces petits carrés familiaux de quelques bananiers et maniocs sur lesquels se promène un zébu. Or, faute de pluie, les cultures ne sont plus irriguées et se meurent, alors que, mis bout à bout, elles représentent une production agricole conséquente à l’échelle de l’île.

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L’agriculture vivrière est actuellement mise à mal à Mayotte (Image d’archive)

Un dernier point a été abordé, la prise en charge de la cotisation MSA, la sécurité sociale agricole, par le gouvernement, au moins sur le dernier trimestre 2023 et le premier 2024.

Un ensemble de mesures qui se chiffre à 50 millions d’euros, en attente de confirmation pour la plupart, « nous reviendrons en novembre pour les arbitrages », mais avec une parole des ministres qui ont assuré vouloir faire « d’ici la fin de l’année », des « annonces de mesures opérationnelles », pour Mayotte.

Anne Perzo-Lafond

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